Interview : Fabienne Shine (Shakin’ Street)

J’ai eu la chance de découvrir Shakin’ Street lors d’un concert en 2019 au Mondo Bizarro de Rennes. Je fus alerté par mon pote Hervé de ce concert en découvrant que des membres des Dictators y figuraient, ainsi que la charismatique Fabienne Shine. Le line up actuel est le suivant : Freddie Katz, J.P Thunderbolt Paterson, Fabienne Shine, Ross Friedman, Dean Rispler. (Voir la photo ci-dessus) En arrivant au Mondo, je croisais le fabuleux Dean Rispler « Solid as a rock » qui m’avait offert deux places pour le concert. Le concert fut un enchantement pour tout l’auditoire. Je découvrais le répertoire rempli de standards des Shakin’ Street, de « Solid as a Rock » à « No Compromise » en passant par « No time to lose » scandés par le public du Mondo ravi. Plus tard, je fus agréablement surpris que Fabienne Shine accepta de bien vouloir répondre à quelques questions sur sa vie et sa passion pour la musique. Fabienne Shine est une personne haute en couleur comme nous la décrit Jean-Eric Perrin dans sa biographie «  Sexe, drogues & rock’n’roll, l’hallucinante saga d’une muse électrique », hautement recommandable. Très jeune, Fabienne flirte avec Jean-Pierre Léaud, et vit une histoire d’amour avec Charles Aznavour, alors qu’elle n’a que 17 ans. Mannequin, comédienne, elle touche à tout et rien ne lui résiste. Elle gravite même dans le cercle de Salvador Dali. Elle croise le chemin de grands noms de la musique, comme Rick Wright (Pink Floyd), Johnny Thunders et Jimmy Page, qui devient son compagnon. Sans oublier Bob Marley, qui fut son ami. Elle forme ensuite le groupe Shakin Street, avec deux futurs Téléphone (Louis Bertignac et Corine Marienneau). Ensuite, c’est la grande aventure aux USA…

Fabienne avec Jean-Lou K, Eric Lewy, Mike Winter et Ross Friedman, à West Hollywood

THEE SAVAGE BEAT : D’où t’est venue la passion pour la musique ?

Fabienne Shine : La passion de la musique est venue de mes parents. Ils m’emmenaient à l’Opéra ou alors à l’Olympia pour voir leurs artistes préférés comme Charles Aznavour, Edith Piaf, Yma Sumac, les ballets Africains. Et puis il y avait Katherine Dunham au Théâtre du Châtelet pour « La belle Auberge du Cheval Blanc », Madame Butterfly à l’Opéra, les Ballets Russes. Au Cirque Bouglione ou au Cirque d’Hiver à Paris, j’ai vu des trapézistes et des dompteurs de lions. Je disais que je voulais faire ça plus tard. La tête de mon père, il roulait des yeux ! J’étais très bon public, j’aimais tout beaucoup ! Le spectacle, déjà…

Tu as vécu en Tunisie avec tes parents. Quels souvenirs as-tu de cette époque ?

J’habitais à la Goulette à Tunis. L’unique moment où j’avais très peur, c’est quand ils invitaient le vendredi soir (Sabbath) les derviches à la maison ! Ils garaient leurs chameaux 🐪 sur le trottoir, ils faisaient des bruits avec leurs mâchoires. J’étais terrifiée. Je me cachais dans l’armoire de la chambre et je regardais de temps en temps à travers la fente. Ils étaient assis tous en rond avec leurs darboukas (une sorte de djembé – NDLR) et autres instruments, et portaient des turbans beiges et marrons. Ils battaient des rythmes endiablés. L’un d’eux à l’époque me faisait trembler de peur, mais maintenant je me rends compte à quel point c’était génial.

Quels étaient tes chanteurs ou chanteuses favoris quand tu étais ado et maintenant?

Mes chanteurs préférés quand j’étais très jeune étaient Elvis et James Brown. Ensuite les Beatles et les Stones. Et puis il y avait aussi Dick Rivers, Juliette Greco, Françoise Hardy, Léo Ferré, Nina Simone, Van Morrison, Spencer Davis avec Stevie Winwood. Et aussi Charles Trenet, on était voisins à l’époque, nous vivions à la Varenne. Sans oublier Tina Turner, Marvin Gaye, Al Green (merveilleux). Après je me suis mise au Jazz, surtout les Jazz Messengers, John Coltrane, Dizzy Gillespie. J’ai adoré Miles Davis. Je l’adore toujours d’ailleurs.

Quels souvenirs te reste-il de ta jeunesse ?

Il y avait les aventures de mon enfance, où je travaillais pendant les vacances scolaires plutôt que de me dorer au soleil à Nice avec mes parents. No Compromise. Et les chansons d’amour sont souvent violentes chez moi, « I Want to Boxe You ». Ma vie de teenage-girl était dans la rue, j’adorais les fêtes foraines, les auto-tamponneuses où l’on se rentrait dedans avec une attitude destroy , accompagnée d’un Rock n’ Roll qui déchirait. A un certain moment de ma vie de teenager je réalisais que les photographes me demandaient de plus en plus de poser pour des photos, des photos de mode surtout, et j’ai été présentée à des agences où j’étais inscrite immédiatement. Enfin, je pouvais être indépendante, je gagnais un peu d’argent. Ces quelques francs me suffisaient pour m’acheter des fringues, du maquillage, des revues de mode et de cinéma, des bijoux, des disques – des 33 tours et des 45. Quelle joie ! Mais quelque chose me manquait. J’avais besoin de quelque chose de plus fort que le monde de la photo, de la musique forte et destroy. Et je goûtais pour la première fois aux drogues dures. Je traînais à St Germain des Près. Je partais de plus en plus souvent à Londres, et puis j’ai réussi à partir de chez moi où ça n’allait plus. (No Compromise). Mais j’avais gardé cette naïveté, cette candeur de petite fille de bonne famille. J’avais adopté Le style londonien. Très romantique, poétique et j’écrivais et composais mes chansons avec ma guitare Martin qu’un de mes amants m’avait offert. Je faisais du porte à porte et je me produisais chez qui voulait bien m’écouter chanter dans son salon, accompagnée de cette guitare acoustique. Je prenais 100 francs pour chanter mon répertoire de dix chansons très folky ! L’équivalent de 10 euros pour jouer dans des living-rooms inconnus et glauques parfois ! Mais les gens étaient très gentils et contents, la musique folky leur convenait.

Tu as travaillé également comme modèle et actrice à la Rai en Italie, peux-tu nous en dire plus ?

Un jour ma girlfriend me demande de venir à Rome pour rencontrer son mari qui tournait son premier film. Il travaillait à la télévision italienne «  La Rai ». Sergio Spina me donne un rôle dans un film de science-fiction : « Fantabulous Inc ». Ma carrière d’actrice commençait doucement, entre la mode et le cinéma. Je tourne des films les uns après les autres mais toujours avec des réalisateurs orientés à gauche. Mon premier rôle important m’amènera au Festival de Venise pour présenter le film des Frères Taviani : « I Sovversivi » (Les Subversifs). Je suis très photographiée et j’obtiens la couverture des Cahiers du Cinéma, un événement historique !

Tu as un lien particulier avec Led Zeppelin, c’est de là que te vient ta passion pour le hard rock ?

J’ai un lien romantique avec Led Zeppelin, mais ce n’est pas ma raison pour aimer le Rock lourd et le Métal. J’aimais le Rock n’roll depuis mon plus jeune âge, c’est pour ça que Jimmy Page m’appréciait. Je partageais leur vie au quotidien. On avait des affinités musicales, bien sûr, et puis ils avaient de bonnes drogues.

D’où est venu ce surnom de Fabienne Shine ?

Mon nom Shine n’est pas un surnom mais un nom. C’est le nom de Philippe Shine que j’ai rencontré à Bombay alors que je m’étais fait prendre avec ma valise pleine de Haschisch ! Il a posé les yeux sur moi et a pris un avocat pour me tirer d’affaire, sinon je restais au trou. Et le trou à Bombay, c’est pas bon. J’étais libre comme l’air. I was walking (je marchais), comme on dit ici aux States,ce qui signifie « j’étais libre » ! Philippe Shine, c’était son vrai nom. Il voulait m’épouser mais je ne pouvais pas, car j’étais maquée au Rock n’Roll et j’avais la tête pleine de « Whole Lotta Love » de « Kashmir », et de « Immigrant Song ». Il m’a quand même proposé de changer mon nom « Fabienne Essaiagh » en « Fabienne Shine »… Et voilà comment on s’est uni pour la vie. Je sais pas s’il est mort ou vivant aujourd’hui. Il est australien, et je l’ai vu pour la dernière fois à Sydney en 2014. Ce fut très émouvant ! Je ne l’oublierai jamais. Tous mes amis de Paris aimaient bien Philippe Shine, sauf Corine de Téléphone – je sais toujours pas pourquoi. Probablement parce que Corine voulait chanter dans Shakin’ Street, et il lui a dit qu’il n’y avait qu’une seule place de chanteuse, et que cette chanteuse s’appelait Fabienne… .bon!

Au festival de Mont-de-Marsan (1976)

Le festival de Mont-de-Marsan en 1976 a été marquant, où Shakin’ Street côtoyait sur l’affiche les Damned, Eddie and the Hot Rods, Little Bob Story et Bijou. Te souviens-tu de ce festival ?

Oui bien sûr, je ne pourrais jamais oublier Mont-de Marsan. C’était la première fois qu’on se produisait dans un festival. C’était radicalement très différent que de jouer dans un club. Un petit Woodstock extraordinaire ! Des groupes de tous styles, du punk-rock au hard-rock en passant par la new wave. L’atmosphère était dirigée par la folie. Les groupes étaient de mieux en mieux au fur et à mesure que la nuit se noircissait. Les gens dansaient en transe, la sueur collait leurs cheveux au visage, la sauvagerie des musiciens remplissait nos cœurs de teenager, même si on était plus des teens. Le style Vampire ornait cette nuit étoilée et la démence s’installait en nous. No fear, no more. Freedom now ! Le premier festival Rock en France organisé par Marc Zermati fut un énorme succès. Les journalistes anglais envahissent le backstage, prennent des photos de tous les groupes, même les méconnus, comme Speedball ou plutôt Shakin’Street. Marc a changé notre nom à l’annonce de notre show. On s’appelait désormais Shakin’Street et le New Musical Express, ainsi que le Melody Maker nous ont choisis. La photo à genoux, les cuisses à terre dans mon short en cuir à fait le tour du monde. Et pourtant, nous étions le groupe le moins connu, parmi les groupes qui ont marqué cette soirée – Les Damned, The Police, Eddie and the Hot Rods, Strychnine, Little Bob Story (sublime ce soir- là), les merveilleuses Lou’s, mon copain Olive avec son groupe Marie et les Garçons, Bijou. Mais c’est bien nous qui avons eu la photo du siècle dans toute la presse Anglo-Saxone et Américaine ! Après quelques mois, Marc Zermati nous concocte une tournée anglaise étonnante, jouer dans les clubs anglais, avec Chelsea, Génération X, Cherry Vanilla, Siouxie and the Banshees, Eddie and the hot rods, Wayne County. Shakin’Street se fait remarquer de plus en plus souvent et CBS finit par nous demander d’enregistrer notre premier album, « Vampire Rock ».

J’étais séduite par la nouvelle vague de groupes Punk . J’ai adoré les Dictators et Sex Pistols et le Groupe X (de Los Angeles – NDLR), Génération X, les Damned, Eddie and the Hot Rods. Of course j’aimais aussi les nouveaux groupes français avec un son inédit, comme Stinky Toys et Métal Urbain. J’étais sur un « highway » différent. On a connu Marc Zermati qui a été un détonateur. Notre groupe, plutôt Classic Rock, a mué en un Rock aux sons nouveaux… The Police, Flamin’ Groovies, Dave Edmunds. Je peux dire que je suis entre le punk-rock et le Rockn’Roll pur. Les Stooges me font m’envoler !

Quel était le look emblématique à l’époque ?

Le public était très différent, la mode avait changé. Les punks se moquaient des métalleux. Ce n’était plus les cheveux longs mais au contraire très courts, ou des têtes rasées. Les cheveux colorés débarquaient, bleus, verts, rouge burgundy, et ma couleur préférée, platinum (platine). Le mouvement explosif anglais : les punky cracheurs, du piercing, des trous partout, des déchirures sur les genoux, les cheveux blonds platines, des tatouages qui parlaient, des seins percés, et des arcades sourcilières écorchées. Les nanas étaient devenus masculines, ambiguës, elles aussi étaient très « hardcore ». Ça me plaisait bien, c’était super sexe, et la dégaine plus suicidaire, sado -maso. Bref, j’étais aux Anges! Les Anglais, les Français, les Américains s’éclataient derrière la scène et se préparaient pour leur show. Cependant je ne changeais pas de look, je restais dans mon univers « Fairy tale » (conte de fée), et je ne quittais pas mon jardin secret Victorien. Je me cramponnais aux Damned qui étaient du même sang que moi. leur style m’était très familier. Les Vampires et les guerriers m’ont toujours fascinée. D’ailleurs, d’où viennent mes textes ? Du Vampire Rock ! J’étais réservée, et ma coiffure est toujours aussi sauvage et abondante, mes vêtements très serrés et collants, moulants à l’extrême, et ça je n’ai jamais pu le changer.

Peux-tu nous parler de ta tournée américaine ?

C’était une période très heureuse parce qu’on commençait à être remarqués, et j’étais agréablement surprise. Il faut dire qu’on a été chanceux de vivre cette époque fabuleuse des années 80. J’ai rencontré mon mari, Damon Edge, à l’Oakland Coliseum lors d’un concert des Ramones. Il était dans le premier groupe punk-industriel, créateur d’un son à faire bouger les montagnes. Je tournais la page du passé et CBS France nous a envoyés aux USA pour une tournée faramineuse avec des groupes comme Black Sabbath et Blue Öyster Cult. J’avoue que je ne saisissais pas ce qui nous arrivait. Je changeais de style !

Peux-tu nous parler de ta rencontre avec le producteur Sandy Pearlman ?

Sandy Pearlman n’est venu qu’après notre premier album, Vampire Rock. Marc Zermati ne s’occupait plus de nous dans la mesure où on avait signé avec CBS France . Mais on est restés de bons amis depuis. J’adore Marc, on se connaît depuis des générations ! Il n’aurait pas dû naître français, moi non plus d’ailleurs.

Un jour je rends visite à Marc après la sortie de Vampire Rock et comme toujours il me passe des disques sur sa platine. C’est un musicien dans l’âme. Et ce soir-là j’ai été clouée au sol sans pouvoir parler, tellement cette chanson m’a émue. Une chanson de Blue Öyster Cult « Don’t Fear The Ripper », c’était la première fois que je l’entendais. Je lui demande en chuchotant pour ne pas casser l’ambiance : « C’est qui ça? ». il me répond et ajoute : « ils ont un producteur génial », « Sandy Pearlman ». Ils ont fondé un groupe au Lycée quand ils étaient étudiants au High School de New Jersey. Sandy les a remarqués et les a aidés à écrire des textes et créer les symboles de Blue Öyster Cult. Il les a fait signer avec Columbia Records, CBS. Et Marc a ajouté « D’ailleurs Pearlman ne produit que des artistes CBS ! ». Ce n’était pas tombé dans les oreilles d’un sourd. J’ai cherché à rencontrer Sandy par tous les moyens jusqu’au jour où CBS me demande si je voulais des tickets pour aller voir Blue Öyster Cult à la Villette. J’y suis allée avec mon guitariste Éric Lévy. C’était la fête backstage : Keith Richards, Jeff Beck étaient présents, le concert a été une révélation pour moi, très métallique, planant, sublime. Une longue table est dressée pour le dîner avec Keith et sa compagne, Jeff Beck, Albert Bouchard, Éric Blum, et nous, les Shakin’Street !! Les conversations sont légères, amusantes, agréables. Je buvais du petit lait. Je demande à un musicien dont j’ignorais le nom où se trouve Sandy Pearlman. Il s’agissait de Albert Bouchard, le batteur de Blue Öyster Cult. Il me dit « tu verras une casquette entre deux portes, ça sera lui ». Du coup, je cherche une casquette entre deux portes, et je le trouve tout timide entre deux portes. Je lui demande en bégayant que j’aimerais qu’il produise notre prochain album… Il me regarde, outré par ma spontanéité et mon audace. Il me répond « venez demain à mon hôtel m’apporter votre album, et je l’écouterai. » Éric et moi n’avons pas fermé l’œil de la nuit en attendant l’heure de notre rendez-vous, 14 heures. A 14h05 un nouveau chapitre commence pour le groupe, ma vie change en cinq minutes. Je me voyais déjà avec mes quatre musiciens dans un avion ✈️ vers l’Amérique. J’appris par la suite que Sandy était un grand amateur de cuisine française et qu’il était toujours fourré chez Fauchon. D’ailleurs, son hôtel était placé juste à côté. Shakin’Street était déjà un peu connu après le premier disque Vampire Rock. Nous faisions des concerts en province ou à Paris dans les clubs. Sandy nous appelle de New York et nous dit qu’il viendra pour nous entendre là où nous avons notre studio de répétition, à l’Université de Jussieu. Le père d’Eric Lévy, prof de Science à Jussieu, et nous a laissé nous installer et nous pouvions jouer très fort sans déranger personne.

« Notre guitariste avait vendu sa guitare à Lourdes pour un gramme de poudre blanche »

Et là, tu rencontres Ross the Boss des Dictators…

Nous avions perdu notre guitariste Armick Tigrane à Lourdes, ville Sainte. Nous ne l’avons plus retrouvé ! Il avait vendu sa guitare à Lourdes quelques minutes avant de monter sur scène pour un gramme de poudre blanche et on a fini par se faire tabasser par le patron qui nous a payé le train et l’hôtel. Nous n’avions pas le groupe en entier, puisque Armick n’avait plus de guitare. En rentrant à Paris on lui a annoncé son départ du groupe et je paniquais car il était un excellent guitariste et on arriverait jamais à retrouver le même son. Et Sandy arrivait dans quelques jours pour écouter les nouvelles chansons en « live ». Solid as a Rock sans Armick… oh No ! J’appelle Sandy à New York – My english is better than Eric’s. I tell him the story, et il me répond que ce n’est pas grave. Il avait un autre guitariste pour le remplacer et il viendra avec lui. Ross The Boss ! Il descend les escaliers avec son blouson de cuir et sa Gibson – ce fut une apparition. Nous commençons à jouer, ça sonnait comme je n’avais jamais entendu Shakin’Street . Sandy nous dit que nous devons rentrer en Studio pour faire une démo de deux titres, « Solid as a Rock » et « No Compromise ». Il contacte CBS à New York pour leur dire qu’il voudrait produire un groupe français qui chante en anglais. Le Président de Columbia lui demande d’envoyer les bandes à New York. Après quelques jours, le président de CBS demande à Sandy comment est physiquement le garçon qui chante « Solid As A Rock »… le garçon ?? Sandy lui répond que c’est une fille qui chante et qu’elle est en pleine forme. C’est comme ça que CBS New York nous signe et que Ross a fait de la magie dans ce petit groupe de français… Jean-Lou Kalinowski, notre jeune batteur de 17 ans que Louis Bertignac a trouvé dans une école de batteurs à Pigalle. Mike Winter à la basse, Éric Lévy à la guitare rythmique et Ross on the lead. L’aventure commence de Stadium en Stadium d’un avion à l’autre…

L’année suivante, le groupe se sépare entre Paris et San Francisco où je m’installais avec mon fils chez Damon Edge de Chrome. Ross The Boss se fait kidnapper par Joey un roadie de Blue Öyster Cult pour fonder un groupe, Manowar. Vous connaissez la suite. Le groupe est complètement séparé mais je continue de penser à nous reformer. En 2004 Jean-Lou Kalinowski m’appelle à Los Angeles pour me demander si j’étais d’accord de jouer à l’Olympia à un Festival très 80. Norbert Krief et Ross Friedman Mike à la basse, Jean-Lou à la batterie, nous nous retrouvons dans un studio de répétition ! Un événement, le retour de Shakin’Street, avec Norbert Krief de Trust et Ross The Boss de Manowar. Ensuite un album est enregistré et un autre album avec une maison de disque anglaise, Cherry Red, mais ce n’est plus la même chose, tout a changé. L’industrie de la musique n’a plus rien à voir.

« On chantait en anglais, ça ne plaisait pas à notre public français »

Quel a été ensuite l’accueil du public français ?

La nature de notre groupe ne nous a pas apporté le succès en France. Sauf ceux qui aimaient le heavy rock et qui sont restés fidèles jusqu’à aujourd’hui ! J’ai pu m’en apercevoir durant notre dernière tournée. Ça a été un immense plaisir de réapparaître et être appréciée avec mon groupe. Je chantais en anglais au début. Ça ne plaisait pas à notre public français. Maintenant c’est différent, les gens parlent davantage anglais, nos fans chantent avec moi les refrains. Il faut dire que c’est pas bien difficile… « I Want to Box You » ou « Solid as a Rock ». No Compromise. Au début j’étais triste de ne pas passer en radio autant qu’un groupe de langue française ! On était français pourtant !

Formation actuelle de Shakin’Street (de gauche à droite):
Ross Friedman, Fabienne Shine, J.P Thunderbolt Paterson, Dean Rispler, Freddie Katz (pas sur la photo)

Que penses-tu de la place du rock en France ?

Le Rock n’Roll n’est pas pris au sérieux en France. On a du mal a trouver des salles pour jouer, donc pas de concerts ! D’ailleurs durant notre tournée 2019, on a pratiquement joué que dans des clubs cultes « spécialisés » si on peut dire. Là où les fous de rock se montrent régulièrement. J’ai vraiment beaucoup apprécié, et j’étais très fière de passer dans des endroits très connus dans le monde entier où sont passés les groupes les plus notoires. Les rockers français savent ce qui est bon, mais les radios françaises ne suivent pas, elles préfèrent la langue française. Ce qui est dur surtout, c’est de ne pas pouvoir vivre de sa musique comme aux USA. Être musicien de rock ici est un travail comme un autre, il y a même un Syndicat des musiciens ! The Union ! En France les musiciens sont excellents, c’est un fait connu. Ils sont très recherchés ici, aux States. Madonna le disait, elle a joué souvent avec des musiciens français. Lady Gaga aussi !

Une dernière question, Fabienne. Tu as joué avec les plus grands guitaristes, de Louis Bertignac à Ross The Boss en passant par Nono de Trust. Avec quels guitaristes prends-tu le plus de plaisir à jouer ?

Pour répondre à ta question, je les aime tous et j’éprouve un plaisir différent avec chacun d’eux. Ce sont de grands musiciens. Jimmy Page qui m’a donné mes premiers feelings lorsqu’il m’accompagnait à la guitare acoustique à mes débuts, Éric Lévy et Louis Bertignac, Norbert Krief et Ross the Boss, ce sont des êtres avec une sensibilité différente pour chaque chanson.

Interview : Frédéric Quennec / Nicolas Quennec

Frédéric avec Dean Rispler
Au festival de Mont-de-Marsan (1976)


Liens Fabienne Shine :

https://www.facebook.com/fabshineofficial/

Shakin’ Street officiel facebook : https://www.facebook.com/ShakinStreetOfficiel/

Review du livre de Jean-Eric Perrin – Sexe, Drogues & Rock’n’roll:

http://www.rocknreviews.fr/Livre/Jean-Eric-Perrin/Sexe-Drogues-Rock-n-roll.html

Ross the Boss offcial site :

http://www.ross-the-boss.com/shakin-street

Publié par theesavagebeat

Ce blog propose des articles, principalement des interviews, sur des artistes ou groupes rock, punk rock et rock garage. Il est basé à Nantes (France). Le nom Thee Savage Beat est un hommage au groupe nantais Thee Death Troy ainsi qu’au titre des Dictators « The Savage Beat ». Ce blog est tenu par Frédéric Quennec et Nicolas Quennec.

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