
Eric Davidson est plus connu comme l’hilarant et énergisant frontman des superbes New bomb Turks, probablement le meilleur groupe venu de Columbus, Ohio, fief de Death of Samantha et de Rocket From the Tombs entre autres. En 2010, Eric Davidson écrivit We Never Learn: The Gunk Punk Undergut, 1988-2001, un livre de chroniques et d’interviews sur le mouvement punk underground entre 1988 et 2001, comprenant notamment Billy Childish, Jay Reatard et les Hives. Eric Davidson fête aujourd’hui son anniversaire, l’occasion de faire un point sur ses nouvelles activités et de se remémorer les bons moments de sa vie Rock’n’rollesque. Retrouvée dans nos archives, parue initialement en 2012, cette interview de Eric Davidson vaut le détour !
Thee Savage Beat : Peux-tu te présenter ? Nous parler de tes groupes, de tes formations, de tes activités (Ecrivain freelance, Editeur) ?
Eric Davidson : Très bien !!!! Je m’appelle Eric Davidson. J’ai été expulsé de ma maman à Parma (Ohio, USA), j’ai appris à marcher, bouffé pas mal, je suis allé dans plusieurs écoles, j’ai commencé à écrire sur la musique dans le magazine Scene de Cleveland vers 1989, et finalement j’ai bougé à Colombus (Ohio), où j’ai rencontré les gars qui allaient former les New Bomb Turks. On a sorti 10 albums qui valent le détour sur des labels comme Crypt, Gearead et Epitaph, ENORMEMENT de tournées à travers cette putain de planète, et environ 13 années plus tard on a « officiellement » splitté le jour de l’an 2002 lors d’un show à Cleveland avec les Bassholes et Dirtbombs. J’ai continué à écrire pour différents petits magazines et ça a continué comme ça… Puis j’ai déménagé à Brooklyn (New York) en 2004. Au sein des New Bomb Turks on a toujours convenu que tant qu’on peut proposer un show sympa, on se réunirait pour des concerts qui en valent la peine, comme un festival européen, ou bien une fête d’anniversaire, etc. On a fini par faire entre 2 et 4 dates par an, mais maintenant on va faire une pause. Depuis que je suis à Brooklyn, j’ai continué un peu à écrire pour Village Voice et pour des sites internet (Agit Reader, Get Bent, et d’autres). En 2010, j’ai sorti mon premier livre, We Never Learn: The Gunk Punk Undergut, 1988-2001.
L’an dernier, des potes et moi avons créé Livids, et on a bien l’intention de prendre du bon temps et jouer dans les environs de NY la plupart du temps. On a enregistré des titres la semaine dernière, mais qui sait… On s’est bien éclaté jusqu’à maintenant ! Je bosse aussi sur des enregistrements en solo histoire de prendre mon pied.

Quels groupes as-tu rencontré pour écrire ton bouquin ? Quel est la particularité de la scène garage des 90s, du son de ces années-là ?
Eh bien, un des trucs cool avec ce bouquin, c’est que j’ai repris contact avec des groupes et des musiciens que j’avais perdu de vue il y a longtemps. Un des principes de mon bouquin, c’est que je faisais partie de cette « scène » et de ce que j’essayais de dépeindre, et donc je connaissais assez bien la plupart des groupes. Une fois que j’ai décidé de faire le bouquin, il fallait que je sois en quelque sorte gonflé pour lister des groupes et des labels qui selon moi correspondent au putain de truc que j’essayais de définir, comme le « son » de ces groupes ou des trucs comme ça. Tu peux lire le livre pour voir le truc global (ha ha), mais plus simplement, j’ai essayé d’expliquer qu’il y a beaucoup de groupes « punk » qui ont commencé dans la toute fin des 80s qui ne correspondent pas vraiment au « punk » de la fin 80s – rapide, crâne rasé, trop politisé, du hardcore merdique. Ces groupes dont je parle dans mon bouquin étaient aussi vraiment sauvages, primitifs, avec un son de Rock’n’roll oublié des 50s et des 60s, super bizarre, un peu du punk de la fin 70s « oublié », par exemple ceux des compils Killed By Death.

L’interview dont tu es le plus fier (pour ton bouquin) ?
J’ai été très heureux d’avoir eu la chance d’interviewer Lux Interior (des Cramps) en 2004, c’était sympa, c’est l’un de mes groupes préférés, et bien sûr j’ai été triste quand il nous a quittés. Cet interview pourrait réapparaitre dans un petit bouquin que je vais peut-être sortir, avec des trucs qu’on a pas retenu pour la version finale du bouquin We Never Learn. Sinon, pour mon bouquin, c’était sympa de discuter avec Billy Childish pendant plus de trois heures. Mais je suis content et j’apprécie tous les groupes qui ont accepté de se faire interviewer.
D’où te vient ton énergie sur scène avec les New Bomb Turks ou Livids ?
Beaucoup de café, le souvenir d’anciennes petites amies, la colère de voir des groupes merdiques rester sur scène comme si ils attendaient que la météo change, et des tonnes de café.
Quel est le meilleur et le pire groupe avec qui tu as partagé l’affiche d’une tournée ?
Les new Bomb Turks ont joué avec tellement de grands groupes excellents… Ceux qui me viennent à l’esprit ce sont Gaunt, Devil Dogs, Teengenerate, Showcase Showdown, Hellacopters, Sons of Hercules, Quadrajets, Red Aunts, et No Talents. En décembre dernier (2011), les New Bomb Turks ont participé à un show génial à Austin, Texas, avec OBN IIIs, High Tension Wires, et Gran Champeen – Je pense que c’était le meilleur festival qu’on ait fait depuis qu’on s’est « officiellement » séparés. On a pris notre pied, c’était une super salle (Red 7), des super groupes, je pense qu’on a assuré, un public dément, c’était juste génial ! Et on a vu Mudhoney faire un super show la veille au nouveau Emo’s, et aussi Tav Falco la plus tard dans la soirée au vieux Emo’s !! Il y a aussi eu le Sjock Festival en 2010 en Belgique avec Gories et Oblivians, une tuerie, et puis le Gonerfest avec Guitar Wolf et tant d’autres la même année…
Des anecdotes de tournée ? A quoi ressemble la vie quotidienne ?
Mon dieu, j’en ai tellement, avec les NBT et tous les groupes de mon bouquin. Voyons voyons.. Il y a eu cette fois-là à Oslo quand les Hellacopters nous ont invités à participer à un show en première partie de Kiss dans une salle de taille moyenne. Kiss avait l’habitude de jouer dans des plus grandes salles et quand Paul Stanley volait sur un câble au-dessus du public, on pouvait presque lever le bras et l’attraper tandis qu’il passait au-dessus ! Ils craignaient, et on voyait que la batterie était en playback quand Peter Criss tapait à côté. Ha !!! Et plus tard ce soir-là, on a donné un concert surprise avec The Hellacopters dans un petit bar, c’était génial ! Et puis aussi encore plus tard, une magnifique blonde a sorti un rasoir et m’a demandé si je voulais la scarifier.
Pour ce qui est de la vie quotidienne, on passe beaucoup de temps à rester assis dans le van. Et je raconte souvent que je suis allé 5 fois à Paris avant de voir la tour Eiffel de jour.
Quel groupe ou artiste t’a inspiré le désir de jouer de la musique ?
J’ai tellement de noms en tête, mais quand j’étais gamin, c’était les Rolling Stones. Le premier album que j’ai acheté avec mon argent c’était un skeud de Rodney Dangerfield, et il m’a pas mal inspiré aussi…
Quel est le premier 7″ que tu ais acheté ?
Mon dieu, je ne m’en souviens pas. Le premier album que j’ai acheté, c’était une compil rockabilly à deux balles, que j’ai toujours ! Peut-être que le premier 7″ c’était “You are the Sunshine of My Life” de Stevie Wonder, je devais avoir 6 ans. Le premier que j’ai acheté avec mon argent c’était sans doute le premier single de Death of Samantha.
Premier concert que tu as vu ?
Un groupe canadien pourri, les Boys Brigade, de la new wave, en première partie des Romantics, qui n’étaient pas mal, c’était au Cleveland Music-Hall. Le concert suivant, c’était le dernier line up des Clash sur la tournée « Cut the Crap ». C’était un bon concert, même si dans cette version des Clash il n’y avait plus que Joe Strummer et Paul Simonon comme membres fondateurs du groupe. Ils jouaient vraiment bien, très inspirés.
CD ou Vinyle ?
Je m’en moque un peu, mais évidemment je prends le vinyle s’ il est disponible. Quand on en a plein comme moi, pour les deux c’est un bordel pour le rangement.
Stones ou Beatles ?
Rolling Stones, à fond !
Ramones ou Clash ?
Les Ramones, sans aucun doute, même si les Clash ne sont pas loin !
Cramps ou Stooges ?
Là aussi c’est serré, mais sans hésitation, je dirais les Stooges. De toute façon, leurs musiques sont tellement différentes, c’est pas facile de les comparer.
Dwarves ou The Monsters?
Je ne connais pas les Monsters, donc je répondrais The Dwarves. Je pense que les Dwarves sont un des plus grands groupes qui ait existé, une énorme influence pour les New Bomb Turks.
De quel(s) groupe(s) te sens-tu proche ?
Je ne suis pas sûr de comprendre la question. Mais on était potes avec les Gaunt à Columbus, avec qui on a « grandi ». Ils étaient toujours excellents en live, on adorait trainer avec eux, j’adore leurs disques, et on passait des super moments avec eux !!!
Drogue favorite ?
Le café.
Dernière question : Quels sont tes projets ?
Je pense que j’ai répondu dans la première question. J’ai aussi un tout petit rôle dans un tout petit film dont je suis aussi « Superviseur musical ». Je viens de décrocher un boulot dans un petit restaurant. Et j’espère peut-être bosser sur un autre livre, mais c’est beaucoup de boulot pour zéro rémunération, alors je vais voir.
Interview : Frédéric Quennec / Traduction: Nicolas Quennec

Initialement publié dans le fanzine Loboto’s #21 (2012).
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