Interview: Johnny Jetson

Johnny Jetson va bientôt devenir votre meilleur ami, croyez-le ! Ses chansons sont brutes, puissantes et mélodiques. Johnny Jetson, ancien et futur chanteur de Tattooed Millionaires, revient en solo avec son glam-punk délicieux. L’astuce de Jetson est d’enrouler ses diatribes décadentes autour de crochets pop si bons que vous ne pouvez pas leur échapper. L’homme derrière les chansons et les sons de Space Age Playboys, Queer For Girls, Tattooed Millionaires et Speed ​​City Vipers revient avec sa dernière offre… Un album solo «Make Your Move» et un EP intitulé « Lick It And Split » qui pourrait évoluer sur un nouvel album pour 2021. Ce que vous obtenez de Jetson en 2021, ce sont dix chansons d’un vrai Rockeur, ses influences vont des années 70 de Bolan mais aussi d’Alice Cooper qui est évidemment une source d’inspiration. Voici l’entretien exclusif que notre idole Johnny Jetson a gentiment accepté de nous accorder à distance depuis sa résidence de Minneapolis.

Thee Savage Beat : Bonjour Johnny, peux-tu te présenter pour ceux qui ne te connaissent pas ?

Johnny Jetson : Hey hey hey, qu’est-ce que tu dis là ? Je m’appelle Johnny Jetson, je suis l’homme qui se cache derrière le son des groupes Space Age Playboys, Queer For Girls,Tattooed Millionaires, et je suis actuellement en solo.

Dans quels autres groupes as-tu évolué ces dernières années ?

Mon dernier groupe c’était une formation punk qui s’appelait Speed City Vipers, avec des musiciens locaux de Minneapolis. Quand mon collègue dans ce groupe a décidé de prendre la tangente, j’en ai fait de même, et voilà le résultat !

D’où t’es venue l’idée de tenter ta chance avec une expérience solo ?

 C’est arrivé plusieurs fois dans le passé, soit que le groupe ait atteint sa vitesse de croisière, soit qu’il ait implosé sur la ligne de départ. Je revenais alors à ce que je fais le mieux, jouer et composer du rock and roll. C’est ça mon boulot. J’étais un fils unique, souvent solitaire, donc si j’ai un groupe, c’est super, sinon pas de problème, c’est super aussi… Je reste pas très longtemps sans jouer, peu importe si je suis entouré ou pas.

Est-ce que ton album et le nouveau single sur ton bandcamp seront disponibles bientôt en album physique (LP et CD) ?

J’ai bon espoir que pour l’été 2021 on pourra proposer plein de vinyles, de cassettes et de CD.

Comment s’est déroulé l’enregistrement de l’album ?

Je me suis éclaté. Je travaille avec Adam Hamilton, le légendaire musicien et gourou de studio. Il assure les percussions et le mixage des chansons. Les choses sont simples en studio, pour la plupart de mes chansons il se passe un jour ou deux entre l’idée et le produit fini. Je ne me prends pas la tête, je joue, je m’amuse, je prends toutes les idées qui me traversent l’esprit. Sur les chansons, je joue de la guitare, de la basse, je chante puis j’envoie les morceaux à Adam qui habite à Los Angeles. Il ajoute la batterie et tourne les boutons sur sa console de mixage pour que les chansons sonnent le mieux possible.

Sur l’album, tu joues de la basse et de la guitare –  tu recherches toujours un bassiste ? A ce propos j’ai vu cette annonce amusante sur les réseaux sociaux: “Si tu te vois jouant dans le groupe de Tom Petty ou dans les Cars ou dans Cheap Trick, tu pourrais être un bon candidat.”

Je suis toujours à la recherche de gens sympa avec qui jouer et oui, je m’en remets aux petites annonces… Si tu pourrais jouer dans un de ces groupes, tu prendrais du plaisir à jouer avec moi. En ce moment j’ai un backing band composé d’un batteur et d’un bassiste basés en Floride, prêts à partir avec moi en tournée dans un mois. Ils seront peut-être sur scène avec moi sur d’autres tournées, ou alors ils seront juste mon groupe de Floride, on verra… Ça ne me dérange pas d’avoir des backing bands différents pour chaque région des USA ou ailleurs dans le monde. Je prévois de jouer avec beaucoup de gens différents à l’avenir.

A ce sujet, quelles sont tes influences musicales ? J’ai lu quelque part que dans ta jeunesse tu aurais voulu jouer avec Joan Jett… c’est toujours une influence pour toi ?

L’étendue de mes influences est très large. Je suis un auditeur assidu de musique depuis ma plus tendre enfance. Je suis un grand fan du rock, du punk, du glam des années 70…. mais je me rends compte aujourd’hui que j’aime les chansons accrocheuses, peu importe le genre. J’adore aussi l’esthétique du rock and roll. Les looks, les styles, l’attitude. Mes influences sont infinies. Ça va de AC/DC et Aerosmith à ZZ Top, et tout ce qu’il y a entre les deux. Je ne suis pas élitiste, si ça a l’air cool et que ça sonne bien, alors ça me va… Je peux citer Bowie, Marc Bolan, Ace Frehley (Kiss), Joan Jett, Randy Rhoads (Ozzy Osbourne). La liste est infinie. Je considère ces personnes comme ma famille, moi qui était, comme je l’ai dit, un enfant unique. C’étaient mes grands frères et mes grandes sœurs, et je les aime.

Que conseillerais-tu à un jeune groupe qui débute ?

Ne laisse jamais tomber, amuse-toi le plus possible. Ne copie pas les groupes que tu aimes mais imprègne-toi avec subtilité des choses que tu apprécies chez eux. N’aie pas peur d’être rejeté. Apprends le maximum de choses sur les musiciens que tu admires, découvre ce qu’ils écoutaient dans leur jeunesse. Prends le temps nécessaire pour connaître ton instrument et joues-en bien, veille à ce qu’il soit toujours accordé. Apprends à jouer tranquille et apprends à jouer fort. 

Ton premier album s’appelait THE FATHER, THE SON AND THE GHOST OF ROCK AND ROLL. On pourrait y voir une référence au film The Good, the bad and the Ugly. Est-ce que les films t’influencent, en particulier les Westerns ?

Les films hollywoodiens et la télévision ont eu une énorme influence sur moi. Je n’ai pas grandi avec MTV ou Youtube. Je n’avais pas de magnétoscope avant les années 80… Le seul visuel du rock and roll, je le trouvais dans les concerts, les magazines rock, et les late shows comme Midnight Special et  Don Kirshners Rock Concert, et aussi bien sûr, American Bandstand le samedi matin. La télé et les films, ça a rempli un grand vide dans ma jeunesse. J’ai fait mon éducation dans les années 70 avec les programmes télé en prime time et le rock and roll. Pour moi ils étaient indissociables. Pas seulement les westerns, mais tous les genres. Ça va de  The Munsters, Brady Bunch, Charlie’s Angels à la télé, jusqu’à tous les films que vous pouvez imaginer qu’un enfant ne devrait pas voir.

Comment définirais-tu ton style  musical ?

Rock and roll, authentique.

De quoi parlent les textes de tes chansons ?

Ils parlent des filles, des voitures, du désir adolescent, de l’amour perdu. En gros, c’est l’histoire du perdant qui s’acharne à essayer de gagner.

Tu as de nombreux fans… Et toi de qui es-tu fan (pas seulement en musique) ? 

Les héros dans ma jeunesse  c’étaient Muhammad Ali, Thomas Jefferson, Martin Luther King Jr. Benjamin Franklin, George Washington, Evel Knievel, Reggie Jackson, Neil Armstrong… et de très nombreux hommes et femmes qui ont pris des risques et qui ont résisté.

Tu viens de sortir un nouvel EP Lick It And Split, est-ce qu’un nouvel album de Johnny Jetson est à venir en 2021 ?

 J’ai sorti quelques titres extraits de l’album à venir appelé Lick It And Split. Donc, en fait ce n’est pas un EP qui est sorti, c’est juste une poignée de chansons en avant-première pour que les gens puissent en profiter maintenant. Dans ces temps modernes et digitaux, les albums ça va et ça vient tellement vite, alors je me suis dit que je pourrais publier les chansons dès qu’elles sont terminées, et quand toutes sont finies, je publie l’album. C’est assez original, mais c’est rock and roll, et donc il n’y a pas de règles.

As-tu des anecdotes de tournées et de concerts amusantes à nous raconter avec Tattooed Millionaires ou tes autres groupes ?

Je ne suis pas du genre à balancer ce qui concerne la vie de mes groupes en tournée. On a vécu plus de choses que la moyenne, et on a eu l’habitude de ne rien raconter. Je peux juste dire que c’était les habituelles histoires de groupies, de bagarres, de pannes, de presque meurtres, de shows géniaux, d’opportunités manquées, de hauts très hauts et de bas très bas, des temps difficiles et des temps très faciles, des périodes avec de l’argent où on mange bien et des périodes où on doit mendier pour manger. De jours où tu te réveilles fier de ce que tu fais et de jours où tu te réveilles honteux. Je suis juste heureux que personne dans mon groupe sous ma responsabilité n’ait jamais été arrêté ou soit mort. Ça peut paraître bizarre de dire ça, mais je suis sérieux… On a traversé tellement de choses. D’autres groupes n’ont pas été aussi chanceux.

Peux-tu nous raconter une journée type dans la vie de Johnny Jetson ?

Je me réveille, je me lève, je me passe un coup de peigne… Je descends et je bois un café… Certains jours je suis en mode papa, c’est les meilleurs, j’adore être avec mon fils. Quand on est tous les deux, tout devient ludique. Quand je suis seul, suivant mon humeur, je fais de la musique, ou je fais la promo du groupe, ou bien je bosse sur mes voitures. Sinon la plupart du temps, je fais des choses que tout le monde fait pour payer ses factures. J’essaye de faire les choses avec une attitude positive et fun et d’être sympa avec les gens que je rencontre. La plupart du temps, je remplis mes journées en écoutant un disque que j’aime, en lisant un livre ou un magazine qui m’inspire, j’essaye d’être créatif dans ma façon de m’habiller ou dans ma musique. Et puis je communique avec mes amis et mes fans sur les réseaux sociaux. J’aime aussi passer du temps à câliner mon chat sous le soleil qui perce à travers la vitre. Même si toutes ces choses ne me prennent que quelques minutes par jour, elles me font dire que je vis une vie qui vaut la peine d’être vécue.

Tu vis à Minneapolis, est-ce une ville sympa pour les rockeurs ? Quel est ton style de vie ? Minneapolis est bien sûr connue pour la ville du chanteur Prince.

 Minneapolis est une grande cité sur le plan de la musique et des arts qui est malheureusement actuellement en train de tituber à cause de la crise et de l’agitation sociale. Je suis confiant pour l’avenir, mais ça va prendre du temps pour reconstruire et recoller les morceaux. Quand les choses seront revenues à la normale, il y aura des opportunités pour jouer et se faire entendre. Je ne pense pas que tout ce qui s’est passé l’an dernier aurait été possible si Prince était toujours parmi nous. Cette ville l’adore, et s’il avait dit d’arrêter de brûler la ville, je pense que les gens l’auraient entendu. 

Comment vis-tu la pandémie du COVID-19 ? Quels sont les dégâts que tu constates dans le monde de la culture là où tu résides ?

Je ne pense pas qu’on verra toutes les répercussions de cet événement avant plusieurs années. Ce qui est sûr, c’est qu’il y aura beaucoup de choses négatives. Le bon côté des choses, c’est que la pandémie a obligé plein de gens à passer plus de temps avec leurs enfants et ça a rapproché certaines familles. Mais ça a détruit le rock and roll. Et si le vaccin devient obligatoire pour voyager ou assister à des concerts, plein de gens vont être discriminés. Pour moi ça a été un mauvais trip, parce que j’ai perdu mon contrat d’enregistrement, toutes mes tournées ont été annulées, et quand mon titre a été numéro un dans les charts, j’avais quasiment aucune possibilité d’en faire la promotion. C’est très dur de demander aux gens d’acheter ton album ou d’écouter ta musique, quand par ailleurs ils pensent qu’ils vont mourir. Personnellement j’ai passé une bonne année, j’ai été amené à passer plus de temps avec mon fils, j’ai tué le temps de façon créative, j’ai réparé mes voitures, j’ai acheté une moto… J’ai chassé les pensées négatives, je ne suis pas tombé dans la déprime en voyant tout ce qui arrivait. Ça me fait de la peine pour les gens qui n’ont pas pu éviter cela, mais tout ce qu’on a c’est le contrôle de notre ressenti, et si on veut que les autres autour de nous se sentent mieux, alors on doit montrer l’exemple. Je connais personnellement des personnes qui ont connu l’année la plus productive de leur vie. Ils ne le crient pas sur les toits, mais je sais qu’ils vont bien malgré le virus.

Peux-tu nous citer dix albums à écouter en confinement ?

 Kiss/Destroyer Ozzy/Blizzard of Oz Black Sabbath/Heaven and Hell Judas Priest/British Steel Def Leppard/High N Dry David Bowie/The Rise And Fall of the Spiders From Mars Thin Lizzy/Live And Dangerous N.Y. Dolls/Too Much Too Soon AC/DC/Highway To Hell Cheap Trick/In Color

Qu’emporterais-tu sur une île déserte ?

Un bateau rapide.

De quel Johnny dans le rock te sens-tu proche, Johnny Ramone, Johnny Casino, Johnny Cash, Johnny Thunders ou d’autres Johnny ? Connais-tu le rockeur français Johnny Hallyday ? 

J’adore Johnny Hallyday ! Si on parle du style, c’était le mec le plus cool – à ton avis, pourquoi j’aime porter des manteaux de fourrure ? Mais celui dont je me sens le plus proche, ça serait Johnny Thunders. J’ai grandi à New York, et comme je l’ai dit j’étais un enfant unique, donc tout le truc sur la solitude, je peux en parler, le sentiment qu’on est born to lose mais qu’on se bat tous les jours pour vivre.

Interview: Frédéric Quennec / Traduction: Nicolas Quennec

L’HISTOIRE D’UNE POCHETTE

Je vais vous raconter l’histoire de la superbe pochette de « Make Your Move ». Elle représente une fille topless, portant un chapeau de cowboy noir et tenant un pistolet fumant à la main. La fille est celle d’une page du magazine Creem, un numéro avec Alice Cooper en couverture. Quarante ans plus tard, Johnny a trouvé la photo lors d’un vide-grenier. Elle a été son inspiration pour des dizaines de chansons. Un peu plus tard, lorsque  Johnny est entré dans les charts en numéro 1, un disc-jockey de la région de Chicago est entré en contact avec lui « au fait je connais la fille sur la photo de ta couverture … tu quoi? » « Tu connais la fille que j’ai cherché 8 ans pour trouver?!. Malheureusement la fille au chapeau de cow-boy avec le pistolet fumant était décédée. Johnny apprit par une de ses amies que Tina était l’une des belles jeunes filles de la scène rock hollywoodienne des années 1970. Elle a commencé à fréquenter le Rainbow Bar and Grill sur le célèbre Sunset Strip à l’âge de 15 ans et a été l’une des créatrices de scènes originales de la discothèque anglaise de Rodney. Plus qu’une groupie, elle était une muse. Elle sortait avec certaines des plus grandes rock stars de l’époque et est apparue dans les pages de la sainte bible du rock and roll. « En fin de compte, Tina est la fille des rêves d’adolescent tout droit sortis des pages de Creem! Et maintenant, elle est la belle fille immortalisée à jamais sur la pochette de mon album «Make Your Move» ! Se dit  fièrement Johnny.

Frédéric Quennec (d’après la publication sur le facebook de Johnny)

Bandcamp : https://minnieapplerecords.bandcamp.com/

Facebook : https://www.facebook.com/johnny.jetson

Publié par theesavagebeat

Ce blog propose des articles, principalement des interviews, sur des artistes ou groupes rock, punk rock et rock garage. Il est basé à Nantes (France). Le nom Thee Savage Beat est un hommage au groupe nantais Thee Death Troy ainsi qu’au titre des Dictators « The Savage Beat ». Ce blog est tenu par Frédéric Quennec et Nicolas Quennec.

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