Interview: April March

Recording In Cinerama at Your Place Or Mine Studio Glendale

Après son dernier album sorti en 2013, une collaboration avec Aquaserge, et son EP « Palladium » sorti cette année, April March nous revient à l’occasion du record store day avec un tout nouvel album intitulé « In Cinerama » aux sonorités californiennes. Fruit de sa collaboration avec Mehdi Zannad, auteur des mélodies et des arrangements, l’album a réuni de grandes signatures comme Tony Allen (Ce monument de l’afro beat décédé récemment), Marilyn Rovell Wilson (The Beach Boys, American Spring, The Honeys), Andy Paley (Paley Brothers, Patti Smith Group, Brian Wilson) et bien d’autres encore. L’occasion pour nous de poser quelques questions à la francophile April.

Thee Savage Beat : D’où vient ton nom de scène April March ?

April March : John Kricfalusi (le créateur de la série d’animation Ren & Stimpy) a trouvé ce nom pour que mon nom de chanteuse soit différent de mon nom de dessinatrice, Elinor Blake (NDLR: Son premier métier).

Qu’écoutait la jeune Elinor Blake avant de faire de la musique ? 

J’écoutais la bande originale de la comédie musicale “Oliver!” signée Lionel Bart. Je tiens ma façon de chanter de l’acteur qui joue Oliver quand il interprète “Who Will Buy” et “Where Is Love”.

Tu as repris au début de ta carrière plusieurs titres signés Gainsbourg. Que représente-t-il pour toi ? Comment l’as-tu découvert ?

Pour moi, Gainsbourg c’est la fantaisie. Écouter ses chansons, ça m’a beaucoup appris sur la composition, les arrangements, la production et l’écriture des paroles. Je l’ai découvert à l’école primaire quand j’avais douze ans, le professeur de français avait passé Je T’aime Moi Non Plus en classe.

April March Gun Flowers copy Photo Rocky Schenck, Hollywood

 Ton nouvel album « In Cinerama » sonne sur certains morceaux (« Baby », « Californian Fall », « Runaway », « Born ») comme un bon disque Girl group des sixties. Est-ce une référence pour toi ? 

Le Girl group ça a été une influence fondamentale, étant donné que je suis née à New York, pas loin de Spanish Harlem, là où les Ronettes ont grandi. Et puis j’ai chanté et j’ai enregistré avec Ronnie Spector au début de ma carrière musicale. En ce qui concerne cet album, j’ai été influencée par Honey LTD. Demandez-donc à Mehdi Zannad quelles ont été ses influences sur cet album, on l’a réalisé ensemble…

Mehdi Zannad nous a répondu: “Les influences c’était  Sean Bonniwell (du groupe Music Machine –NDLR) notamment et Landlocked, un bootleg des Beach Boys (sessions d’enregistrement des albums « Sunflower & Surf’s Up » – NDLR), la chanson « Sweet Mountain » de American Spring qu’on adore tous les deux, David Crosby et les Everly Brothers”.

Comment s’est déroulé l’enregistrement de l’album?

On a enregistré avant le Covid. On s’est bien amusé pendant l’enregistrement, c’était magique. Je travaille toujours avec des gens que j’apprécie, qui sont très sympas, ou alors avec des gens qui sont déjà mes amis.

Que retiens-tu de ta collaboration avec Tony Allen ? 

C’était quelqu’un d’authentique. Il attendait de nous de la spontanéité et de la créativité. Il me rappelait toujours que la musique c’est une conversation, que tous les instruments doivent dialoguer, sans plan établi. Il était adorable avec moi et mes enfants quand on était au studio d’enregistrement.

Tony Allen recording In Cinerama at Midilive Studios, Villetaneuse

Il y a une obscure reprise de Barry De Vorzon & Perry Botkin Jr intitulé « Down The Line » sur l’album. Comment as-tu découvert ce titre ? 

Le réalisateur Jonathan Caouette m’a montré le film “Bless The Beasts and The Children” où il y a le titre « Down The Line » et il nous a demandé à Mehdi et à moi de l’enregistrer, ainsi que le titre “Lift Off” pour son nouveau film.

L’album s’appelle « In Cinerama », est-ce à cause de ta passion pour le cinéma ? Ou parce que c’est l’anagramme de « American » ? Est-ce un clin d’œil au fait que l’album soit entièrement dans ta langue maternelle ?

J’adore le Cinerama Dome à Los Angeles, Medhi Zannad aussi, c’est lui qui a composé toutes les musiques et écrit certaines paroles, sauf pour “Down the line”. On a fait ça en anglais naturellement, on n’a pas cherché à faire un album “américain”, mais vu que je suis américaine et que j’ai vécu longtemps à Los Angeles, ça imprègne mes albums d’une façon ou d’une autre. Mehdi adore la Californie aussi, donc c’est venu comme ça.

(NDLR: Le Cinerama Dome, situé au 6360 Sunset Boulevard est une célèbre salle de cinéma d’Hollywood. Son succès fut immédiat, dès son ouverture, le 7 novembre 1963.)

Tes contributions au cinéma de Quentin Tarantino (« Chick Habit » et « Laisse Tomber les filles » dans la Bo de « Death Proof ») t’ont amené une certaine popularité. A ce propos, l’as-tu rencontré ? Quel est ton film préféré de Tarantino ?

Je l’ai rencontré à la première de Death Proof. Il m’avait invité à fouler le tapis rouge, et il m’avait confié qu’il était un grand fan de moi. Je lui ai dit que c’était réciproque. Mes films préférés c’est Death Proof et Once Upon A Time In Hollywood.

Peux-tu me citer ton top 5 de tes films préférés ?

Je n’ai pas de liste de films préférés. Il y en a tellement. Mais je peux citer quelques-uns que j’aime en ce moment:

Soy Cuba, That Hamilton Woman, Les films de John Schlesinger surtout avec Peter Finch, Du Côté d’Orouët et les films d’Alain Cavalier.

Tu as côtoyé Brian Wilson, Jonathan Richman, Bertrand Burgalat, Tony Allen, Jack White… Quelle rencontre t’as le plus marquée ? 

Ils sont tous très différents. Je n’ai pas l’habitude d’avoir des favoris, que ce soit pour les gens ou pour les choses. Mais j’ajouterais quand même à cette liste l’enregistrement avec Lætitia Sadier et Ronnie Spector. Ils ont beaucoup compté pour moi aussi.

Écoutes-tu la Pop Musique française actuelle ?

J’écoute Staplin, Aquaserge, Grand Veymont, Calypso Valois, Petit Fantôme, La Femme, Gloria, etc.

Quels sont tes modèles féminins dans la chanson ?

Ann Peebles, Ella Fitzgerald, Ronnie Spector, l’actrice qui a doublé la voix de Oliver dans la BO du film Oliver, Veronique Vincent, Elli Medeiros, Marilyn et Diane Rovell du groupe American Spring, Lætitia Sadier, Joanna Shimkus, France Gall, Kyra Deconinck, Audrey Ginestet.

Bertrand Burgalat  considère ton deuxième album, « Triggers » comme un des meilleurs disques qu’il ait faits. Personnellement, j’apprécie beaucoup ce disque mais je lui préfère son précédent « Chrominance Decoder » avec ses chefs d’oeuvres : « Garçon glaçon », « Mon petit ami ». Pour toi, quelle est l’apogée de ta carrière ? 

Je ne saurais dire quand ma carrière a connu son apogée, mais je suis d’accord, « Garçon Glaçon » est un des meilleurs titres que Bertrand Burgalat m’a écrit.

Ton récent EP sorti en 2021 avec Olivia Jean « Palladium » est terrible aussi ! Il nous invite à danser. A ce propos, quelle est ta danse favorite ?

Quand Elli Medeiros danse dans The Stinky Toys ou dans Elli et Jacno.

J’ai lu que tu parles couramment le français. Est-ce le cas ? 

Ma mère m’a poussée à apprendre le français, j’ai commencé dès l’âge de quatre ans.

Quels sont tes cinq albums de chevet ?

Ça change tout le temps. En ce moment c’est « Double Exposure » de Kelley Stoltz car on travaille ensemble sur des démos en ce moment, il y a aussi « Ella Fitzgerald sings Cole Porter songbook », Veronique Vincent et Aksak Maboul « Ex Futur album » et « Oklahoma ! » de Rodgers and Hammerstein.

Est-ce que tu comptes refaire de la scène, si oui passeras-tu nous voir en France ?

Bien sûr…

Quel est ton mois préféré dans l’année ?

Septembre.

Photo: Ed Darack

J’ai lu que tu vivais entre Paris et Cleveland, qu’aimes-tu dans la France ? Qu’aimes-tu moins ?

(Rires) Je ne vis dans aucune de ces deux villes ! Si j’habitais en France, je ne pense pas que je vivrais à Paris. J’irais m’installer ailleurs. Ce que j’aime dans la France, c’est les gens, la langue, la littérature, la musique, le pathos. J’aime moins l’intolérance, mais ce n’est certainement pas réservé à ce pays.

Interview : Frédéric Quennec / Traduction : Nicolas Quennec

A lire également: La chronique du dernier album d’April March (« In Cinerama ») qui sort le 17 juillet.

Site officiel: https://www.aprilmarch.com/

https://aprilmarch.bandcamp.com

Publié par theesavagebeat

Ce blog propose des articles, principalement des interviews, sur des artistes ou groupes rock, punk rock et rock garage. Il est basé à Nantes (France). Le nom Thee Savage Beat est un hommage au groupe nantais Thee Death Troy ainsi qu’au titre des Dictators « The Savage Beat ». Ce blog est tenu par Frédéric Quennec et Nicolas Quennec.

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