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The Queers c’est 25 albums au compteur. Ce groupe originaire du New Hampshire (USA) avec pour leader Joe Queer (aka Joe King) nous abreuve de punk mélodique et de punk sauvage depuis près de quarante ans. Les thèmes des chansons sont légers et apolitiques tels que la bière et les filles. Néanmoins, Joe King a son franc-parler en interview. Et depuis le début de l’aventure des Queers, quelques dérapages de sa part ont défrayé la chronique dans le milieu Punk Rock. Le nom du groupe The Queers – « Les Pédés » (sic) – caractérise bien son côté humoristique mais lui ont valu quelques déboires. Thee Savage Beat à l’occasion d’un nouvel album de « covers » a voulu en savoir plus sur l’histoire des Queers. On retrouve dans l’interview un Joe Queer très remonté contre les activistes de gauche et le mouvement LGBT. Mais il est bien sûr question de Punk Rock car l’année 2020 a été un très bon cru pour les Queers avec l’album « Save the World » et le millésime 2021 s’annonce excellent, nous y avons goûté en exclusivité. Il s’agit d’un très bon album de reprises de garage bands qui ont nourri le jeune Joe King tels que les Monkees, les Beach Boys ou les Rolling Stones, une sublime version de « Strychnine » des Sonics et même en autres une version dynamitée de « The Kids Are Alright » des Who. Il sera disponible dans quelques mois mais nous y reviendrons dans ces colonnes.
Thee Savage Beat : Qu’écoutait le jeune Joe King ?
Joe Queer : J’écoutais la musique des années 60, sur les grandes ondes à la radio. The Stones. Beatles. Monkees. Turtles. Beach Boys. J’ai grandi en écoutant toute cette musique géniale. Il y avait ces super chansons pop de deux minutes. Et puis Del Shannon. The Troggs. The Hollies. Motown. Phil Spector. Quand les Ramones ont débarqué, ils étaient comme une version punk-rock des Beach Boys, avec des titres comme “Rockaway Beach”, “Sheena Is a Punk Rocker”. J’adorais.
Quel artiste ou groupe t’a donné l’envie de faire de la musique ?
J’ai joué de la trompette du CM1 jusqu’à la fin du lycée. Quand j’étais au lycée, j’ai réalisé que je ne pouvais pas aller plus loin avec cet instrument. Je ne pouvais pas physiquement jouer les notes en staccato. Mais j’étais doué, et je pouvais lire la musique. Je me suis alors mis à la guitare. C’était facile de passer de l’un à l’autre, car je connaissais le solfège et les gammes. J’ai commencé à écouter Ziggy Stardust de David Bowie, Transformer de Lou Reed, Alladin Sane, T Rex, Mott the Hoople, Iggy and the Stooges. Le punk a éclos, et j’ai plongé les deux pieds dedans. Il n’y a pas eu un groupe plutôt qu’un autre qui m’ait donné envie de jouer mais j’ai été très influencé par les Ramones, surtout quand j’ai réalisé que j’avais un niveau suffisant à la guitare pour pouvoir jouer avec eux. A ce moment-là, à l’inverse de beaucoup de punk rockers, j’avais soif d’apprendre pour devenir un meilleur musicien. Nombre d’entre eux n’ont jamais appris à jouer aussi bien, et ça les a limités. J’avais grandi en jouant de la trompette dans la fanfare de l’école, et je savais m’améliorer grâce aux cours et à la pratique.

Le dernier album en date s’appelle « Save the world », penses-tu que le rock’n’roll peut sauver le monde, sinon quelle est la signification du titre de l’album ?
Lors d’une interview, le gars me dit qu’un nouvel album des Queers sauvera le monde. Ça vient de là. Dans l’époque où nous vivons, celle de l’ultra-gauche SJW-Woke à la con, on a besoin plus que jamais du bon vieux punk-rock (NDT: SJW = “Social Justice Warrior”, expression péjorative pour désigner les progressistes jugés extrémistes, principalement sur les réseaux sociaux / Woke désigne le fait d’être conscient des problèmes liés à la justice sociale et à l’égalité raciale). Ce qui était bien avec le punk-rock, c’est que les groupes et les musiciens avaient de l’autodérision, ils se vannaient entre eux et ne se prenaient pas trop au sérieux. Maintenant tout est sorti de son contexte et détourné, et on se fait traiter de raciste ! C’est ridicule. Je suis tellement déçu par les gens qui étaient à mes yeux des punk-rockers intègres et qui se sont compromis dans ce nouveau mouvement à la con, le Social Justice Warrior-Woke, sans voir ce que c’est vraiment, un tissu de mensonges, une grande farce. Maintenant on est censé croire que les hommes peuvent avoir leurs règles et accoucher, tandis que les femmes ont des pénis, etc. Tout ça c’est vraiment une grande blague, et c’est assez triste de voir des punk-rockers croire ces histoires à la con. Il y a longtemps, j’avais peur de la droite. Maintenant j’ai plus peur des gens de gauche, des libéraux. Ils sont complètement à la masse. (NDT: Aux Etats-Unis, “liberal” n’a pas le même sens qu’en France, on peut le traduire par “centre-gauche” ou “progressiste”).
De quoi parle le titre « White power feud in Atlanta » (sur l’album “Save the World”) ?
C’est une chanson humoristique à propos d’un festival à Atlanta où il y a eu une bagarre il y a quelques années. C’était pas vraiment des groupes “white power”, mais j’ai trouvé que le titre était marrant, donc on l’a utilisé. C’était une blague, en fait.
Les « Queers » (“Les Pédés”), pourquoi ce nom ? Qui l’a trouvé ?
J’ai trouvé ce nom pour faire chier les gens de Portsmouth (New Hampshire). C’était juste une blague au départ. Ca nous faisait rire alors on l’a gardé.

Le côté humoristique du nom de groupe The Queers est-il bien perçu par la communauté LGBT ? Avez-vous eu des retours par rapport à ça ?
Ils nous détestent ! Il y a longtemps, on était attaqués par les bouseux qui pensaient qu’on était gays. Ils voulaient nous casser la gueule. Maintenant la bande des LGBT (ou je ne sais quel putain de nom) nous hait, ils disent que notre nom est dégradant pour les gays. C’est des conneries, un énorme mensonge. Notre nom n’est en rien dégradant. Au contraire. On a été sincèrement pro-gay avec notre nom au fil des années. Aujourd’hui le nouveau courant gauche libérale – Woke nous attaque en disant qu’on est anti-gay et me traite de Nazi. J’ai écrit une chanson en 1989 qui parle de Nazis et de racistes, “You’re Tripping”. Maintenant on m’accuse d’être l’un et l’autre. La bande des LGBT est pleine de haine. Ils adorent détester des gens – moi en premier. J’avais un avis divergent – un simple avis, notez – à propos d’un certain incident, qui n’allait pas dans le sens de la bande des LGBT (NDT: En 2014, Joe Queer a pris la défense dans un post Facebook d’un officier de police blanc, Darren Wilson, qui avait abattu un jeune noir, Michael Brown – un post qui avait fait beaucoup de bruit dans le milieu punk-rock) . Depuis lors, ils ont attaqué le groupe et moi impitoyablement. Peu importe qu’il s’agisse seulement d’un avis – on a tous des avis, peut-être avais-je tort, je ne sais pas – mais ça n’avait rien de raciste. Enfin, pour faire court, ça leur a suffi. Ils nous ont attaqués moi et le groupe, sans même me connaître. Heureusement, nos fans nous connaissent bien, moi et le groupe, et ils s’en foutent, et jamais je ne me renierai auprès de mes détracteurs. Ils sont le diable incarné, et comme je l’ai dit, j’ai moins peur de la droite que de la gauche en ce moment. Il fut un temps on pouvait discuter avec les gens et développer ses arguments. Maintenant ce n’est plus possible. Si tu ne dis pas amen à toutes les idioties que sort la bande des LGBT, ils te considèrent comme un ennemi. Je pense qu’ils sont pires que les Nazis. C’est triste que les punk rockers ne s’opposent pas à ces idiots. J’attendais vraiment plus d’eux. Maintenant je m’aperçois que ce sont des mauviettes. Oui, c’est triste.
Le groupe a pas mal évolué depuis le début. Tu en es le pilier, comment as-tu vécu tous ces changements ?
On les a pris comme ils venaient. Je n’ai pas tellement changé, mais avec le nouveau truc des LGBT et les attaques qu’on a subies, de se faire traiter de Nazis et de racistes, ça m’a rendu plus fort, et je combattrai ces trous du cul jusqu’à la fin. Jamais je ne leur serai soumis. La bande des LGBT c’est un ramassis de pleurnicheurs qui n’en auront jamais assez.

Dans les chansons des Queers on trouve des morceaux très punk, et d’autres beaucoup plus mélodiques comme “Houston we have a problem”, “Punk Rock Girl”. Comment définiriez-vous votre style ?
En fait, j’aime faire les deux. J’aime le style des premières chansons des Black Flag et j’adore les Beach Boys et les chansons pop-punk. Je ne fais pas exprès – j’écris et ça vient comme ça. Sur notre dernier album, il y a un de nos meilleurs titres. Je voulais écrire une chanson que j’aurais pu entendre dans ma jeunesse, et le titre “If I Had A Girl Like You” est sorti. Je pense que c’est une réussite.
Comment se passe l’écriture des morceaux ?
On écrit des titres quand on est sur la route, en tournée, et ensuite on a une longue liste et on part de là. Je parcours la liste à la recherche d’une bonne chanson et ensuite on s’amuse avec.
A propos de votre album de reprises (“Reverberation”), quelle est la démarche ? Pourquoi un album de reprises ? Qu’est-ce qui a été déterminant dans le choix des titres ?
Cleopatra Records nous a demandé de faire un album de reprises, alors j’ai dit ouais, faisons-le. Comme “Acid Eaters” des Ramones. C’est principalement des titres que j’aimais et que j’écoutais à la radio quand j’étais jeune. J’aime certaines reprises. Joey Ramone m’avait demandé ce que je pensais de “Acid Eaters” quand il est sorti. Il y avait des titres que j’aimais, d’autres moins. Il m’a demandé quels titres, selon moi, auraient pu figurer sur l’album à la place des chansons de l’album. Joey était d’accord. Je pensais que “Hungry” par Paul Revere and the Raiders aurait pu être repris par les Ramones. Idem pour “Valleri” des Monkees. Et puis “Be True To Your School” des Beach Boys. J’avais parlé de ces trois titres à Joey. Nous avons décidé de les reprendre sur notre nouvel album.

En quoi les Ramones vous ont influencé dans votre carrière ?
Ils avaient une grande sensibilité pop, et un grand sens de l’humour. Je pense qu’il y a un paquet de groupes punk-rock qui manquent d’humour de nos jours. Les Ramones étaient toujours drôles.
Ça fait quoi d’avoir un titre repris par un autre groupe, comme « This place Sucks » par les New Bomb Turks ? Y en a-t-il eu d’autres ?
J’ai toujours adoré les New Bomb Turks. C’était super qu’ils reprennent cette chanson. En effet, plusieurs groupes ont repris nos chansons. Il y a eu un album de reprises des titres des Queers par d’autres, “God Save The Queers”, avec pas mal de bonnes versions. Je ne vais pas citer toute la liste, mais ça vaut le coup d’œil.
Si tu devais me citer 5 albums qui ont influencé les Queers lesquels seraient-ils ?
Beach Boys-Today
Black Flag-Damaged
Ramones-Leave Home
David Bowie-Ziggy Stardust and the Spiders from Mars
Jesus and Mary Chain-Psychocandy
Que penses-tu du Hard rock comme ACDC et Iron Maiden ? Dans plusieurs chansons tu te moques de personnes qui écoutent cette musique, as-tu une dent contre le métal ?
Le heavy-metal, je m’en fous. AC/DC ils ont des super titres rock, mais pour moi ce n’est pas du heavy-metal. En ce qui concerne Iron Maiden, rien à foutre de cette merde.
De quel groupe vous-sentez-vous le plus proche sur la scène punk-rock US ?
Nos potes les plus proches aujourd’hui, ce sont Screeching Weasel, The Dickies, The Dwarves, The Riptides, Mr T Experience, CJ Ramone, Richie Ramone.

Quel a été l’impact de la pandémie de Covid-19 sur le groupe ?
Ça ne nous a pas trop affectés, à part le fait de ne plus pouvoir faire de tournées. J’ai un studio où j’enregistre des groupes, et ils ont tous annulé. C’était la première fois en 25 ans que je ne prenais pas la route. D’habitude, chaque année on fait une tournée mondiale, donc c’était difficile. Heureusement le plus dur est derrière nous. A mon avis, la gauche libérale n’a pas envie que cette pandémie s’arrête. Ils veulent nous enfermer pour toujours. Mais je suis vacciné, et donc je suis prêt à partir en tournée ! Mais bon, c’était une année pas facile, c’est sûr.
En trente ans de carrière vous avez dû en voir des choses en tournée, peux-tu nous citer quelques anecdotes amusantes de tournée ?
Quand les gens me posent ce genre de question, j’arrive jamais à penser à quelque chose ! Je crois que la plupart des choses marrantes, il faut les expérimenter, les vivre soi-même.
Est-ce que tu préfères faire de la scène ou enregistrer en studio ?
Avant, je préférais faire des tournées, mais avec l’enregistrement des deux derniers albums – le nouveau et l’album de reprises -, j’ai pris beaucoup de plaisir en studio. Donc je suppose que j’aime les deux !

Peux-tu nous citer un nom d’artiste ou de groupe français que tu apprécies ? Et pourquoi ?
Pour être honnête, je ne connais aucun groupe français. On a très peu joué en France.
En France les majors ont augmenté leurs tarifs sur les vinyles de façon très conséquente. Le vinyle va devenir un produit de luxe. Qu’en penses-tu ?
Si je suis rémunéré, ça va. Ce n’est pas moi qui fixe les prix. On vend un album vinyle pour 25 dollars. Je ne sais pas quel prix c’est en Europe.
Si tu devais partir dans l’espace avec une personnalité célèbre (homme ou femme) passé ou présente qui serait-elle ?
Sans doute Phil Spector. Je pense qu’il aurait plein de choses à raconter.
Interview : Frédéric Quennec & Nicolas Quennec / Traduction : Nicolas Quennec

liens officiels :
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