Chronique disque: The Rolling Stones « Hackney Diamonds »

Il fallait laisser un peu de recul sur cet album des Stones, laisser passer les rageux (la critique est facile quand on a affaire au seul groupe de rock en activité depuis 60 ans) car le squeud avait été assez critiqué à sa sortie. 

Aujourd’hui il révèle toute sa magie grâce à une production impeccable et non du bidouillage de studio comme certains l’ont pretendu. C’est sûrement le meilleur album rock sorti l’année dernière (avec des paroles tellement fabuleuses et un feeling démentiel et des vrais chansons comme au bon vieux temps) même depuis des années dans les nouveautés.

 Un retour aux affaires qui s’annonçait donc payant, le single « Angry » lors de la présentation en Angleterre avait déjà titillé l’esprit des fans et annoncée la couleur, certains avaient lâché l’affaire à ce stade s’arrêtant aussi à une pochette que personnellement je valide. Le morceau « Whole wide world » signe le début de la fête « when your whole while world against you and threat you with distain, and you think the party is over but it’s only just begin », MJ est toujours aussi brillant dans les textes en les rendant universels et modernes et musicalement. Côté musique, ils ont réussi la prouesse de sonner comme du Stones d’aujourd’hui tout en préservant le bon vieux son des Stones d’antan à savoir du rock’n’roll avec des mélodies imparables et sauvages par moment. 

Le titre avec Paul MC Carney à la basse n’est pas mon morceau de prédilection. On a affaire à un feeling de folie sur « Driving too hard » flirtant avec le « Tumbling Dice » de 1972. Le titre de Keith Richards « Tell me Straight » est brillant également mais le climax de l’album est bien le deuxième single « Sweet Sounds of Heaven » où MJ pousse la chansonnette avec la divine Lady Gaga et Stevie Wonder au clavier. On privilégiera la version Shm-CD Japonaise qui comprends « Living in the ghost town », titre qui nous avait redonner le goût de vivre pendant le covid.

 On a rarement fait mieux qu’un album des Rolling Stones car c’est tout simplement le plus grand groupe de rock au monde et ils ont un son intemporel. L’ avenir c’est sûrement le prochain album des Stones. C’est le bilan de cette chronique. A en croire les Stones en interview, un nouvel album serait déjà dans les cartons, comme dit le Glimmer Twin: « I’m too young to die and too old to loose ». Il en depends de vous ! Mais la bande à Jagger a déjà un public conquis !  

Chronique: Frédéric Quennec

Chronique disque: Jeffrey Novak « Blood Celebration »

Jeffrey Novak sort un album génial et ambitieux !

Ses inspirations gravitent autour de Skip Spence et Hot Tuna entre autres. Il a trouvé la lumière en écrivant un livre sur son mentor Jay Reatard, a fait une pause salvatrice après le Covid et s’est retrouvé avec une énergie créatrice revigorée. Sa couleur musicale est un mélange de styles aussi variés que le folk, le rock psychédélique, la country, le blues.

Il a joué par le passé dans le groupe Cheap Time. Le gars s’est assagi mais n’en a pas perdu une miette de son talent, on peut dire même qu’il a créé un album d’une beauté divine. Son album enregistré à Nashville est semi-acoustique avec quelques guitares électriques.

Sur le premier titre “Lucyville”, il lorgne du côté de Bob Dylan période 65, avec une petite dose de Beck version acoustique. Le morceau “Chinese Elephant Ruck” est fortement épris de l’esprit des Byrds. Tout est d’une beauté démentielle là dedans ! Le reste est incroyable. L’album est dédié à David Wood et King Louie des Missing Monument.

L’album est un must qui sonne un peu par moment comme un disque du Love d’Arthur Lee voire de Syd Barrett, d’ailleurs il pose assis dans l’intérieur de la pochette à la manière de celle de The Madcap Laughs (premier album et chef d’oeuvre de Syd Barrett). Cet album qui vient de paraître est promis à un bel avenir si les gens sont curieux. Je lui souhaite le même succès que ses brillants aînés. Je n’ai jamais entendu une nouveauté aussi belle, elle sonne comme un ovni tout droit sorti des sixties… Eh oui, ça existe encore !

Chronique: Frédéric Quennec

A écouter ici:

https://jeffreynovak.bandcamp.com/album/blood-celebration-2024

Chronique disque: « The Parachute »

Leur slogan se veut salvateur: « If you are falling, open your ears to The Parachute » ! 

Le groupe nantais The Parachute comprend en son sein Sacha, le chanteur guitariste, Félix aux chœurs, clavier et guitares, à la basse Dorian et Nolan à la batterie (aussi connu sous son pseudo de DJ Valentine et également membre du groupe familial les NC Five à la batterie).

 Après une sorte de filage sur plusieurs dates dans presque tous les bars de leur ville natale, ces p’tits gars biberonnés au rock’n’roll se mesurent enfin à l’épreuve de l’enregistrement en sortant un  premier EP quatre titres chez le label nantais Mosta.

Petits frères du groupe The Dynamite Shakers, ils ont réussi la filiation parfaite qui symbolise le son de la nouvelle génération, à savoir une musique à la fois légère et rugueuse mais aussi très mélodieuse, avec de purs sons garage. Ils font leurs premiers pas dans le monde musical nantais avec un solide réseau de fans adolescents issus des lycées de la cité des Ducs.

Le 45 Tours est né sous les meilleurs auspices car il aurait été enregistré dans le quartier général des Royal Premiers avec Cina aux manettes et au parfait mastering, Il faut dire que le skeud sonne du feu de dieu. Côté pochette on croirait qu’ils font un remake destroy de la Guerre des boutons même s’ils ont passé l’âge.

Le premier titre est une allusion quasi-cougaresque (“20th Century Girl, I wanna be your man”). Musicalement c’est solide, le clavier émérite Félix amène la petite touche sixties, Sacha chante l’amour avec brio, Dorian fait vrombir sa basse formidablement, les chœurs d’Amandine sont très réussis.

Dans Back to Me (chanson de rupture ?) la ligne de basse de l’intro est pompée sur les Dynamite Shakers, mais très bien réalisée. Nolan nous embarque dans un son garage New Yorkais ce qui ne déplairait pas à Nikolai Fraiture (batteur des Strokes) tellement la rythmique est carrée, le son de la grosse caisse puissante.

 Bunker, seul titre en français, est une reprise d’un obscur groupe suisse de 1979 (Technycolor) qui parle de guerre nucléaire, de Wagner, de l’oncle Adolf, de punks sales et vulgaires. Ils ont laissé le style punk de côté la reprenant à leur sauce. 

Le dernier titre Judgement, un petit bijou de garage revival sixties, sonne comme un tube déjà entendu à la radio. Ce morceau est sans conteste le sommet de l’album.

Ce premier EP, blanc et numéroté aux accents Stroksiens ravira les amateurs de rock mâtiné de garage et de rock indie, les fans de rock plus hirsute pourront aller se rhabiller. Le nouveau boys band du rock’n’roll va bientôt écumer les routes françaises fin octobre, l’occasion de se procurer la précieuse galette. Ces sympathiques lycéens passionnés et ultra productifs méritent bien nos encouragements chaleureux et sincères. 

Chronique: Frédéric Quennec et Nicolas Quennec.

A écouter sur le bandcamp du groupe:

https://the-parachute.bandcamp.com/album/the-parachute

Chronique disque: Les LULLIES (« Mauvaise foi »)

Les Lullies attaquent l’année 2023 par « Dernier Soir », un tube en puissance avec intro piano, gimmicks guitare, paroles simples qui traitent du seul sujet important pour tout rocker qui se respecte : LE samedi soir !

Les autres titres de l’album suivent la même veine, powerpop mais pas que, quelques touches glam, des p’tits doigts qui se baladent pour « enROLLer » et surtout un choix audacieux et risqué : le chant en français.

Pari réussi, ça sonne comme du Bijou actualisé, des titres comme « Soirée standards » ou « Animal » flirtent avec la Punksploitation à la Mob rock, le Dogs des débuts ou encore les plus récents Electric Mormons, le tout superbement enregistré et mis en valeur par Maxime Smadja (voir l’article sur BOSS),

Il ne reste plus qu’a soutenir les Montpelliérains en concert, fers de lance d’une nouvelle scène française épatante. (à écouter sur l’album « Nuits Blanches » compilé par T.Boy, bassiste des Lullies)

Chronique: Fish

Le LP sort le 26 mai 2023

Bandcamp : https://leslullies.bandcamp.com/album/les-lullies-mauvaise-foi

Site officiel : https://leslullies.fr/fr

Facebook : https://www.facebook.com/profile.php?id=100061677671529

Chronique disque: Daddy Long Legs (« Street Sermon »)

Dix ans d’existence, six LPs dont un live et une participation en tant que Backin’ Band de T.Valentine,fantasque chanteur Rythm and Blues se posant des questions existentielles sur Lucille, les Daddy Long Legs ne chôment pas et sortent ainsi leur deuxième opus pour Yep Roc Rcds (les autres étaient sur Norton).

Tiré du même moule que le précédent « London Ways », leur nouveau 33T produit par le batteur des Black Lips, Oakley Munson, n’offre pas de grandes surprises. Nous sommes aussi éloignés de la rugosité de l’écurie Fat Possum que du blues à papa franchouillard, toujours la même formule, des morceaux simples qu’on a déjà l’impression d’avoir déjà entendu mille fois, joués avec une sincérité et une joie communicative.

Cela commence par « Street Sermon », gospel entêtant, « Nightmare », rock plus classique avec Wreckless Eric au chœurs (signe de bon goût!), enchaîne avec « Rockin My Boogie », à l’esprit pub rock, « Harmonica Rayon » soutenu par l’instrument spécialité locale suscité, continue avec « Been Fool Once » limite glam suivi de « Star », ballade à chantonner le cul dans le sable…

Les titres se succèdent piochant ci et là dans la culture populaire américaine : Rockabilly, Country, Surf, Blues, tout y passe. Le trio a tout assimilé ! Cela reste un album somme toute classique mais agréable dont nous profiterons pleinement en concert, leur lieu de prédilection !!

Chronique: Fish

L’album de Daddy Long Legs, « Street Sermon », sort le 17 mars 2023 chez Yep Roc Records. Ils seront bientôt en tournée en France (toutes les dates ici).

Site officiel

https://officialdaddylonglegs.com/

Bandcamp

https://daddylonglegsnyc.bandcamp.com/

Facebook

https://www.facebook.com/officialdaddylonglegs

Label

Yep Roc Records

Chronique disque: Metrolight (Metrolight)

« Never Trust a Guy Who After Having Been a Punk, Is Now Playing Electro » avait scandé le groupe de rock français Les Wampas en 2003. Ils avaient tort ! John Petkovic (vétéran de la scène indé rock avec Cobra Verde, Guided By Voices, Sweet Apple et Sad Planets) et David James, bassiste du groupe Death of Samantha de Cleveland (Ohio), ont bien décidé de débrancher les guitares, du moins provisoirement, avec le projet Metrolight. Ils ont rejoint un curieux sous-ensemble de rockeurs de leur tranche d’âge, tel que Malkmus, qui abordent la musique électronique orientée pop à base de synthétiseurs des années 1970 et 1980. Une période de la musique qu’ils ont vécue mais à laquelle ils n’ont pas participé (Erasure, New Order et les Pet Shop Boys étaient les groupes phare à l’époque).

Les maestros de Metrolight, ce duo très sympathique de synthé-pop formé l’année dernière, ont fait leurs débuts remarquables avec « Copyright Strike » (un projet de confinement), soit un EP de cinq chansons de covers à la sauce synthé-pop (déjà dans les bacs) qui comprend les classiques de la Pop, du Glam, ou du Post punk tels que « Tout petit la planète » de Plastic Bertrand, le monstrueux « 20th century fox » de T Rex ou encore le « Non aligment pact » de Pere Ubu. Le fondateur de Metrolight, David James, a commencé à jouer ces chansons dans des clubs gay, des bars louches de New York et des discothèques du pays… Il a demandé au chanteur John Petkovic, fan ultime du groupe d’Alan Vega , Suicide, de le rejoindre dans sa vision disco et synthétisée. John cite Homosapien, l’album solo de 1981 de Pete Shelley, cofondateur des Buzzcocks, comme étant essentiel au style vocal de Metrolight, et fait le lien entre la sensibilité pop des Beatles et celle du groupe Human League. « Beaucoup de leurs chansons avaient des accroches et des cadences dignes de la Motown des années 60 » dit-il.

Ils sortent maintenant leur album éponyme « Metrolight » avec uniquement leurs compositions ! Dire que c’est un ravissement pour nos feuilles est un euphémisme: Une avalanche de tubes, cet album ! Du tubesque digne du grand Rick Ocasek des Cars « Stranger than strangerland » à l’autre hit « Asteroïd » en passant par l’hypnotisant « Baby you’re a Blur » – assurément le futur Numéro 1 des charts (en tout cas il le mériterait) ! Tout cela se termine par un clin d’oeil à Suicide avec le dansant « Woke Up Screaming ». Bref, n’en jetez plus ! Balancez vos disques de Daft Punk, le synthé-pop punk de Metrolight déboule sur notre planète et ce sera très certainement « The next big thing » !

Frédéric Quennec

Sortie de l’album le 21/10/2022.

Déjà sorti l’EP : « Copyright Strike EP » le 11 Février 2022

bandcamp : https://metrolight.bandcamp.com/album/copyright-strike-ep

Chronique inspirée en partie d’un article de Vice :

https://www.vice.com/en/article/vbwkwb/why-indie-rock-fifty-somethings-are-going-synthpop

Interview : Reverend Beat-Man (The Monsters)

Reverend Beat-Man (vocals, guitar, drums). Reverend Beat-Man @ Blues Rules Festival Crissier 3, 26.5.2012. (c) Christophe Losberger

Le Reverend Beat-Man est le résident le plus rock’n’roll de Suisse. On l’avait déjà interviewé début 2020 et c’est avec plaisir qu’on le retrouve aujourd’hui alors que son label Voodoo Rhythm a sorti une compilation excellente pour fêter ses 30 ans et qu’il nous gratifie d’un nouvel album de son groupe The Monsters. 

Thee Savage Beat: Quelles sont les choses les plus trash que tu aies faites en 30 ans de Voodoo Rhythm ?

Reverend Beat-Man: Les premières tournées des Monsters et en tant que Lightning Beat-Man c’était carrément trash. On avait un car Mercedes qui plafonnait à 80 km/h, à 60 dans les côtes. Personne ne nous donnait un endroit où dormir ou de la nourriture, et nos cachets étaient ridicules ou inexistants. On dormait sur la scène ou bien dans les toilettes du club quand il y faisait plus chaud. Une fois en Allemagne on a joué dans un squat géré par un groupe féministe radical. Elles ont vu la pin-up qui était tatoué sur mon bras et elles nous ont dit qu’on pourrait jouer à la condition que je masque ce tatouage. Quand on a débarqué sur scène on s’est tous déshabillés et on a joué complètement nus. Les féministes ont pas trop apprécié, mais elles nous ont autorisés à dormir dans le squat, et on s’est servis de leur banderoles comme couvertures pour se tenir chaud !

Je me souviens d’un musée qui m’avait engagé pour une performance en tant que Lightning Beat-Man, et je leur avais annoncé la couleur sur le côté extrême de mon show. Je leur ai donné tous les détails à l’avance et ils ont dit que ça leur posait pas de problème. Donc,je suis arrivé au musée et j’ai regardé les autres performances. Il y en a un qui cassait du verre, un autre faisait de l’action-painting, puis mon tour est arrivé. Ils m’avaient donné le pire endroit, juste à côté d’un bar à salade ! J’ai mis le son à fond, et je suis devenu complètement cinglé, je criais comme un porc, je cassais ma guitare. Après c’est monté d’un cran quand j’ai sauté sur le bar à salade, piétinant toute la nourriture et lançant la salade sur des tableaux à plusieurs milliers de dollars ! Je n’exagère pas. Je me suis bien amusé, mais le type du musée qui m’avait engagé était livide, on aurait dit qu’il allait faire une crise cardiaque. On pouvait lire sur son visage une colère noire et des envies de meurtre. La sécurité devait le contenir chaque fois que je m’approchais de lui pour lui crier au visage pendant ma performance. Je l’avais pourtant prévenu, et il était d’accord ! Quand j’ai fini mon show, j’ai enlevé mon masque et je suis allé le voir pour lui serrer la main, et je lui ai dit que c’était un plaisir de travailler avec lui, et que j’espérais qu’il avait aimé ! Quoi qu’il en soit, ce fut ma dernière performance en tant que Lightning Beat-Man.

Quel sont tes meilleurs souvenirs de ces 30 ans du label ? Le pire souvenir ? Peux-tu expliquer pourquoi ?

Un de mes meilleurs souvenir c’était l’incroyable élan de solidarité que j’ai connu quand j’ai eu un litige avec la SUISA (NDT: La Sacem suisse) qui me réclamait 24.000 francs suisses. Je leur ai répondu que dans ce cas-là ça serait la mort du label, réclamer une telle somme c’était me dévaliser. A la suite de ça, un mouvement mondial s’est mis en branle pour sauver Voodoo Rhythm, des concerts de soutien ont été organisés pour m’envoyer de l’argent et payer la facture. Tout ceux qui ont pris part à ce mouvement, que ce soit les organisateurs ou les groupes, portaient le même message, il est impossible que ce label disparaisse, il est trop bien. Grâce à tous ces gens, j’ai pu payer ma dette. C’est un souvenir incroyable, et ça m’a fait réaliser qu’il y a des gens un peu partout qui se soucient du label et qui pensent comme moi. Moi, tout ce que je veux faire, c’est du rock n’roll, produire quelque chose d’extraordinaire. Après ça, j’ai eu des contacts avec des groupes, ce qui a impliqué plus d’argent et de paperasse. Voodoo Rhythm est devenu plus professionnel. C’est un aspect que je déteste le plus, car le label n’est plus si libre aujourd’hui. Je ne suis pas fan du côté business, qui complique les choses, mais le reste ça me va. J’aime tous mes groupes de la même façon, que ce soit ceux qui sont restés avec moi ou ceux qui sont partis pour faire autre chose.

Vous allez fêter les 30 ans du label en sortant une compilation, peux-tu nous en dire plus ?

Cette compilation a été pressée en picture disc avec Andy Sinboy, qui joue dans le groupe roumain Bad Decisions. Un tas de nouveaux groupes chez Voodoo Rhythm y figurent, comme Nestter Donuts d’Alicante en Espagne, Honshu Wolves, qui est la grande prêtresse du blues dans le désert bernois, et beaucoup d’autres. Le disque est un énorme coup de pub pour le label. On essaye vraiment d’atteindre un public le plus large possible, des gens qui n’ont jamais entendu parler de nos groupes ou du label.

Le nouvel album s’intitule You’re class, I’m trash, pourquoi ? Quels sont les messages que tu veux exprimer dans cet album ?

Un jour, on s’est réveillé et on a réalisé qu’on avait 50 ans, qu’on était toujours dans le groupe. On voyait que nos amis ou nos anciens camarades de classe avaient des jobs bien payés, une maison familiale, un chien, un vélo électrique, etc. Et nous on était des épaves, façonnées par le rock and roll ! Voilà le sens du titre. On prend notre temps pour créer notre musique, et puis il y a beaucoup de choses qui vont à la corbeille. Je veux enregistrer un morceau qui tienne la route, c’est pour ça que ça prend plus de temps, et j’espère à chaque fois que la chanson sonne bien et que les gens l’aimeront.

Tu as dit dans une interview que tu étais un grand cinéphile. Tes goûts vont plutôt vers le trash de John Waters ou l’humanité de Robert Bresson ? plus généralement quels sont quelques films que tu considères comme des chefs-d’œuvre ? Connais-tu le cinéma français ?

C’est vrai, je suis un cinéphile. J’adorais John Waters quand j’étais ado, et d’autres films gore. Aujourd’hui mes goûts sont plus éclectiques, je suis un grand fan de ciné, je fréquente les salles obscures et je regarde aussi des films chez moi. Pour ce qui est des films français, j’ai grandi avec Louis de Funès. Et puis mon père était le portrait craché de Jean-Paul Belmondo. J’aime aussi les films de Gaspard Noé (Irréversible, Enter The Void, etc.). Ces films sont éblouissants. En ce moment, on prépare un clip vidéo avec Oscar Bizarre et Béatrice Dalle.

Tu disais dans notre précédente interview  que Motörhead avait été une de tes influences. Quel héritage a laissé Lemmy pour toi dans la musique ? Et plus généralement, que représente pour toi la figure de Lemmy ?

J’ai vu Motörhead et Iron Maiden jouer dans l’émission allemande Musikladen en 1981. Je n’avais jamais entendu quelque chose d’aussi brut de décoffrage. A l’époque, c’était le règne de Genesis, Asia, Yes, et toutes les merdes dans le même genre. Motörhead était encore plus primitif que AC/DC, et j’étais à la recherche de ce genre de rock and roll depuis toujours. J’ai grandi en écoutant les disques de mes parents, genre Elvis et Bill Haley, mais Motörhead c’était pour les jeunes. Bien sûr au fil des ans en connaissant la gloire Lemmy s’était quelque peu assagi, mais ça restait un type brillant. Je partage tristement avec Lemmy et Hasil Adkins le fait d’être solitaire, d’être isolé, de vivre uniquement pour le rock n’roll.

En 30 ans de Voodoo Rhythm, Quels groupes ont été une révélation pour toi ? Est-ce qu’il est arrivé qu’un groupe te déçoive ?

Non, je ne fixe pas d’objectif pour les groupes que je signe, ils viennent et ils partent, c’est tout. J’aime tous mes groupes, ceux qui sont restés et ceux qui nous ont quittés, ils sont tous excellents.

Comment vois- tu l’avenir avec ton label et les Monsters ? Avec la généralisation du streaming et la hausse des prix du vinyle, que penses-tu de la situation de l’industrie du disque actuellement  ? Comment écoutes-tu de la musique ?

J’écoute de la musique avec les vinyls et sur internet. J’aime les radios en ligne comme WFMU du New Jersey, elle est excellente, j’y découvre des super groupes et j’achète leurs disques après. Mais en Europe on n’a pas quelque chose comme ça, c’est peut-être un problème de droits. Je ne comprends pas pourquoi on ne peut pas avoir des radios internet ici. Ce qui est bien avec ces radios, c’est qu’elles partagent leur playlist, et je les parcours à la recherche de pépites. Les DJ radio c’est ce qu’il y a encore de mieux dans ce business, ils sont bien plus forts que les algorithmes de Spotify ou de Youtube. Après ça m’arrive de les utiliser, mais en tant que label ou de groupe, je les déteste. On ne rentre pas dans les critères de ces compagnies, on n’est pas assez formaté, ce qui fait qu’on a du mal à survivre, surtout en ces temps de Covid où les tournées ont été restreintes.

Si tu pouvais signer n’importe quel artiste dans le passé ou dans le présent, qui choisirais-tu ? Et pourquoi ?

Je signerais Zeni Geva, un de mes groupes favoris de tous les temps ! Je signerais aussi The Christian Family de l’Arizona, mon groupe préféré ! Oops, il se trouve que je viens de les signer !

Interview: Frédéric Quennec / Traduction: Nicolas Quennec

Cette interview réalisée en novembre 2021 est la version longue d’une interview publiée dans le magazine Best en février 2022.

Label Voodoo Ryhthm

Interview: Billy Childish (The William Loveday Intention)

Photo: Alison Wonderland

L’excentrique Billy Childish est une véritable institution outre-manche. Artiste touche-à-tout et très prolifique, il a créé de nombreux groupes et suscité nombre de vocations. Il voue une adoration pour Bob Dylan depuis sa plus tendre enfance. Avec son nouveau groupe, The William Loveday Intention, il revisite aujourd’hui son propre répertoire avec classe dans le style de son mentor. L’interprétation et l’orchestration sont ici magistrales, respectueuses, et habitées autant sur des reprises de Dylan telles que “Like a Rolling Stone” ou “Ballad of Hollis Brown” que sur ses propres titres comme par exemple “Girl from ‘62” (Thee Headcoats). Une dizaine d’albums est déjà sortie sur l’excellent Damaged Goods Records, et, connaissant Billy Childish, beaucoup d’autres sont à prévoir !

Thee Savage Beat: Toi qui a touché à tous les domaines :  Poésie, peinture, roman, musique, que penses-tu de l’affirmation de Gainsbourg selon laquelle la musique est un art mineur comparé à la peinture ou à la poésie ? Quel art te permet le mieux d’exprimer tes sentiments ?

Billy Childish: Je travaille dans tous ces domaines car ils m’offrent chacun des moyens de m’exprimer. La peinture et la gravure sur bois peuvent être très thérapeutiques et machinales. La musique peut être assez physique et plus cathartique. Elle est aussi souvent collaborative, et donc amusante si vous travaillez avec des amis et que vous aimez vous moquer les uns des autres, et plus généralement du monde. La poésie peut être automatique et vous libérer l’esprit. La peinture est également méditative. J’aime pratiquer ces disciplines séparément, et j’aime dans chacune d’entre elles le principe même de l’expression. J’aime l’originalité et la vérité qui en émanent. Je ne m’identifie pas à des groupes, que ce soient des artistes, des musiciens ou des compositeurs. Je ne me sens donc pas concerné par leurs opinions qu’ils croient importantes sur leur propre grandeur, ou sur la supériorité de la discipline  qu’ils ont choisie. On peut dire pour faire court que la nature humaine est par essence créative, et que malheureusement les gens laissent l’école, le travail, et le diable les priver de leur liberté.

Tableau par Billy Childish (2016)

 D’où t’es venue l’idée de monter le groupe The William Loveday Intention ? En quoi Dylan est-il une inspiration ?

Après avoir écouté “All along the Watchtower” de Bob Dylan, je m’y étais intéressé, et je pensais que la version d’Hendrix était un peu « emphatique ». Je me suis demandé pourquoi les gens pensaient que ce style et ces paroles étaient si incroyables. J’ai pu trouver la réponse facilement. Et puis, il y a 20 ans, on avait le projet d’enregistrer des versions plus orchestrées de mes chansons, mais on n’a jamais trouvé le temps pour le faire. Finalement  le confinement est arrivé, et j’ai pu lancer le processus. Dylan est une influence évidente sur notre groupe The William Loveday Intention (en particulier la période électrique de 1966 – “Blonde on blonde”). Enfant, j’ai aimé le LP “The Times They Are A-Changing” quand il est sorti. On a d’ailleurs repris “Hollis Brown” sur un 45 tours chez Sub Pop au début des années 90 avec le groupe Thee Headcoats. J’ai eu un LP Best of en 1976 et je ne m’en lassais pas. Je suis son plus grand fan. J’ai écouté Bob pendant le confinement, et je peux dire que j’aime un bon 20% de son répertoire (et quasiment tout ce qu’il a sorti avant 1976), soit une moyenne de deux ou trois titres par LP, ce qui fait beaucoup.

D’où vient le nom du groupe ?

C’est un nom de famille. Ma grand-mère maternelle, Ivy Beatrice Loveday, m’a donné comme nom à ma naissance William Ivy Loveday, plus tard changé en William Charlie Hamper (Hamper était le nom de famille de mon père). Et ensuite, ça devient confus, il a changé mon nom en Steven John Hamper, quand il est revenu du service militaire. “Intention” ça vient de mon amour pour Hendrix, je préfère ça à “Experience”.

Tu as participé à l’éclosion du punk anglais avec The Pop Rivets en 1977, comment as-tu vécu cette période ?

J’allais voir X-Ray Spex, the Clash, Sex Pistols, Richard Hell etc. J’avais 17 ans en 1977. J’avais des vêtements peints à la main, les cheveux décolorés. Il y a un film sur les Pop Rivets sur Youtube et des photos de cette période. Cette année-là j’ai vu le premier concert qui m’a marqué en tant que spectateur, The Jam.

As-tu suivi de près à la fin des années 70 l’émergence des premiers parrains du punk comme les New York Dolls ou The Stooges ?

Non, ça ne m’intéressait pas du tout. J’écoutais Buddy Holly, les premiers Rolling Stones, les premiers Beatles, les premiers Dylan, Bill Haley, Little Richard, The Andrews Sisters. Puis sont arrivés les Clash et j’ai été un punk rocker pendant six mois.

Penses-tu que David Bowie et le glam-rock ont d’une certaine manière influencé le début du mouvement punk ?

J’ai entendu ça, mais je ne suis pas d’accord. Je n’aimais pas du tout le glam.

Photo: Alison Wonderland

Être punk en 2022, cela a-t-il encore un sens ?

En fait, j’étais plutôt un hippy – malheureusement ces choses ont refait surface. 

Tu es l’archétype de l’anti-star, tu rejettes le star-système. Quel est ton style de vie ?

Je ne pense pas l’être. Dans la plupart des cas, ces gens font semblant d’être des anti-stars. Il y a des choses auxquelles je ne donne vraiment pas d’importance, contrairement aux autres gens. Je n’aime pas la foule, les concerts, les soirées bruyantes. Je suis plutôt famille, un peu hippy, intéressé par la comédie de la vie et le développement spirituel.

As-tu une communauté de fans ? Si oui, quelle relation as-tu avec eux ?

Je ne sais pas ce qu’il en est de mes fans, mais je sais que je suis vraiment chanceux de vendre assez de vinyles pour pouvoir continuer à en enregistrer de nouveaux. Cela peut paraître assez inhabituel,  étant donné que je n’ai pas de contrat avec des labels, des galeries d’art ou des éditeurs.

Quelle relation avec la presse as-tu entretenue tout au long de ta carrière ?

Pas terrible. J’aime quand on nous comprend. J’aime les papiers qui parlent de ce qu’on est, pas de ce qu’on est pas. Je suis hyper créatif dans le domaine de l’art, de la musique, et la presse n’aime pas trop les types créatifs qui ne rentrent pas dans le moule.

Photo: Alison Wonderland

J’ai lu que tu as joué il y a longtemps dans un stade avec une petite sono pour revendiquer l’authenticité du garage rock qui s’exprime le mieux dans les petites salles, quel souvenir as-tu de cet épisode ?

On avait demandé à jouer dans une tente, pour qu’on ait un bon retour. Je déteste les trucs en plein air et les sonos modernes. On s’est bien éclaté. Il y avait des vieux hippies qui géraient le son, et ils nous aimaient bien. Ils avaient compris notre démarche, ce qui est rare.

Penses-tu faire de la scène prochainement ?

C’est possible. On va devoir bosser pour savoir ce qu’on va jouer sur scène, vu qu’on a enregistré 17 LP en trois ans !

Tu as été le détonateur de la création de beaucoup de groupes, et toi quels groupes, artistes ou albums t’ont donné envie d’acheter une guitare ?

On nous a souvent dit qu’on avait inspiré quelques fous. Les Beatles m’ont inspiré quand j’avais quatre ans.

Quels sont les avantages et les inconvénients de jouer avec son fils ? 

Ça n’a que des avantages. C’est super d’inspirer ses enfants et de travailler avec eux. Mon fils ne joue que sur quelques titres. Il a son propre groupe, The Shadracks, et je produis leurs disques. Il est doué pour l’écriture de chansons, et c’est un homme charmant dans la vie.

Y a-t-il des jeunes groupes prometteurs dont tu pourrais nous parler ?

Je ne suis pas le mieux placé pour répondre à cette question. Le seul que je connaisse c’est The Shadracks. En fait, la dernière fois que je suis allé à un concert de musique “contemporaine”, c’était The Rich Kids en janvier 1978 – je ne plaisante pas !

Penses-tu que l’avenir du rock passe obligatoirement par un retour aux sources du rock’n’roll originel ? 

J’en doute. Tout le monde ne jure que par le “look”, pas par le “son” ni par l’irrévérence. C’est comme les Clash. Tout le monde veut être une pop star.

Billy Childish dans son studio à Londres © Anna Huix

Interview : Frédéric Quennec / Traduction: Nicolas Quennec

Discographie de The William Loveday Intention sur allmusic.com

Site du label Damaged Goods

Chronique disque: BOSS (« Steel Box »,  « Cash’em in »)

Boss est composé de divers musiciens issus de l’internationale bruitiste : au chant Jonah Falco (Fucked up, Career Suicide…), aux guitares deux activistes forcenés de la scène musicale actuelle, Maxime Smadja (Rixe, Skategang, Condor…) producteur ingénieur du son de ce qui se fait de mieux sur notre territoire (Pierre & Bastien, Crusaders of love, Police Control, etc) et Charlie Manning Walker (Crown Court, The Chisel…) qui joue également dans les surexposés Chubby & the gang, à la batterie Nick Sarnella (Crown Court) et à la basse Amaury Benity (Rixe, Trap).

Tout ce petit monde appartient à une niche quelque peu incestueuse qui a pour point commun d’appartenir à une scène Oï, Street punk, Hard-core pleine d’énergie qui lorgne maintenant du côté du Glam !

Ces mecs ont sorti deux 45Trs, quatre titres bourrés de gimmicks imparables, de break inspirés, de chants bubblegum soutenus par une rythmique punk. Le son compact est une tuerie, le réal rock n roll à son apogée. Dans un monde idéal ces chansons passeraient en boucle à la radio et les ados gribouilleraient BOSS au marqueur sur leur sac US.

Les illustrations de leur pochette ressemblent à s’y méprendre au  « Boy Howdy » dessiné par Robert Crumb pour le magazine Creem. Le journal créé en 69 à Détroit où officiait Lester Bangs soutenait Alice Cooper, Iggy, les Stooges et les New York Dolls. Boss n’aurait pas dépareillé dans la mêlée.

FISH

BOSS « Steel Box » (Goner/2018) / « Cash’em in » (Static Shoc Rcds/2021)

Chronique disque: Nestter Donuts (« Flamenco Trash »)

Venu de Barcelone en Espagne, Nester Donutkovic à la ville est un vilain garçon obsédé par le rock’n’roll trash, à la scène il est définitivement le fils bâtard de Hasil Hadkins, célèbre pionnier du rockabilly américain. Élevé par une famille de gitans, il a galéré dans les clubs les plus pourris de la ville avec notamment son groupe Suicide Generation. Il a créé aujourd’hui le personnage de Nestter Donuts qui est le seul One Man Band de Flamenco Trash connu à ce jour. Son goût du flamenco lui est venu de sa famille. Son côté trash il l’exprime  sur scène en jouant nu et en frappant ses parties génitales sur des maracas, matraquant sa guitare trash pour rendre encore plus diabolique son Flamenco. Il trouve refuge aujourd’hui chez le label Voodoo Rhythm, label des « âmes perdues » qui lui permet de diffuser son Flamenco Lo-Fi en Europe. Sur l’album on retrouve un excellent hommage à Elvis Presley, une chanson anti-corrida « Die Torero », une chanson sur la cocaïne, une rumba sur Bruges où dans le texte il rend visite à son pote Paco en prison. Pour le novice, on a affaire à l’antithèse de Manu Chao, à un album sans concession. Ce « Flamenco Trash » très prenant et  rafraîchissant ne manquera pas de vous satisfaire et vous fera voyager sous le soleil d’Alicante.

Frédéric Quennec

Album : « Flamenco Trash » sortie le 11 mars chez Voodoo Rhythm

https://voodoorhythm.bandcamp.com/album/flamenco-trash

Chronique disque: Sonny Vincent (« Snake Pit Therapy »)

Le légendaire Sonny Vincent, notre desperado du rock’n’roll rebranche sa Gibson Les Paul pour notre plus grand plaisir. Cette fois-ci en solo après une longue absence de cinq années due à des problèmes familiaux. Pour resituer le personnage, Sonny Vincent a réalisé autour de 20  albums uniques accompagné de musiciens les plus talentueux, désespérés ou fous, toujours avec la même fougue. Après un retour prometteur en cette année 2021 avec le groupe The Limit, super groupe dont les membres ne se connaissaient pas à l’origine, mais album très réussi plutôt heavy. Sonny a élu domicile en Floride pour peaufiner un nouvel album en solo débuté à  Düsseldorf et Bremen en Allemagne.

 Le titre « Snake Pit Therapy » est aussi celui d’une autobiographie sortie il y a peu (collection savoureuse d’histoires de jeunesse de Sonny, de prose, notamment des souvenirs avec Bob Stinson des Replacements auquel Sonny est très attaché). Sur l’album « Snake Pit Therapy » on retrouve Jack De Angelo à la basse, ainsi que Paul Blaccard à la batterie, deux vieux complices de Sonny. La très belle pochette de l’album est une photo noir et blanc de Sonny réminiscence de la période Testors, groupe référence high énergie des 70’s et premier groupe de Sonny. Il a joué notamment avec eux au CBGB ainsi qu’au Max’s Kansas City, salles fondatrices du punk qui ont vu éclore les plus grands tels que le Velvet Underground et les Ramones (Sonny a bien connu Joey et Deedee Ramone). 

Sonny Vincent est donc de retour avec ce nouvel album passionnant, sa voix rauque, puissante et urgente accompagne tous les titres accompagnée de guitares flamboyantes et tranchantes avec des solos qui ne déplairaient pas à James Williamson, ce dernier ancien-membre des Stooges sur Raw Power d’Iggy and the Stooges auquel on a souvent comparé le style de Sonny Vincent.

 Ce n’est pas à proprement parler un concept album mais il y a une cohérence dans les morceaux comme dans tous les albums de Sonny. De « Stick » qui place la barre très haute en passant par  « Messed Up In Blue », « The Rain Is Black Again » et « Another Land » l’auditeur est piqué au vif par la morsure de l’entrainante mélodie jusqu’au crescendo final du titre orgasmique de clôture ‘Forest’. Sonny Vincent en profite sur cet album de 15 titres introspectifs, qui va de pair avec le livre qu’il publie simultanément, de regarder dans le rétro mais pas seulement. Il va de l’avant en donnant un bon coup de pied aux culs aux jeunes rockeurs.

 Un renouveau brillant pour Sonny Vincent avec ce disque qui en appelle bien d’autres quand on connait le personnage. Un disque de renaissance ! 

Chronique : Frédéric Quennec

Album : Snake Pit Therapy chez Svart Records (sortie le 17 Septembre)

Vidéo « Stick » réalisée par Sonny Vincent:

En vente chez Svart Records:

Ou à la FNAC: Cliquez ici

Chronique disque: The Queers (« Reverberation »)

Un an après « Save the world », concentré du savoir-faire Queers sans surprises mais plaisant, paraît « reverberation », album de reprises. Les Stones, Troggs, Who, Sonics pour les plus connus ou autres Searchers, Ripchords, Paul Revere sont revisités par Joe Queer et ses sbires, sans oublier évidemment les Beach Boys chers à leur cœur, principale influence dudit groupe dans leur deuxième partie de « carrière » (la première étant plus hard-core, voir « Killed by Death vol.2).

Le répertoire est tiré de ses premiers émois rock’n’roll comme le « Acid eaters » des Ramones ou « Pin up » de Bowie, des classiques mêlés à des perles garage sixties, la parité groupes anglais-américains respectée. Si l’exercice est souvent l’apanage d’artistes en manque d’inspirations, la réalisation ici paraît plus ludique, les Queers étant malheureusement plus connus pour leur nom que pour leur œuvre pourtant conséquente.

En somme un bon disque pop punk de covers à la Queers pour nos tapettes préférées s’appropriant à merveilles des mélodies ayant déjà fait leur preuves, sympa !

Chronique: Fish

The Queers (« Reverberation ») – Label Cleopatra (disponible en précommande – CD ou Vinyl en édition limité)

Cliquez ici pour commander l’album

Extrait de l’album:

à lire aussi: L’interview de Joe Queer par Thee Savage Beat

Interview: Joe Queer (The Queers) – English version

Photo: Brandon Jensen

Pour la version en Français, cliquez ici.

The Queers have 25 albums to their credit. This band from New Hampshire (USA) with its leader Joe Queer (aka Joe King) has been giving us melodic and wild punk music for almost forty years. The themes of the songs are light and apolitical such as beer and girls. Nevertheless, Joe King is outspoken in interviews. The name of the band The Queers  characterizes well its humorous side but earned him some setbacks. Thee Savage Beat, on the occasion of a new album of « covers » wanted to know more about the history of the Queers. We find in the interview a Joe Queer very angry against the left activists and the LGBT movement. But it is of course about Punk Rock because the year 2020 was a very good vintage for the Queers with the album « Save the World » and the vintage 2021 looks excellent, we listened to the next album exclusively. It is a very good album of covers of garage bands that fed the young Joe King such as the Monkees, the Beach Boys or the Rolling Stones, a sublime version of « Strychnine » of the Sonics and even a dynamite version of « The Kids Are Alright » of the Who. It will be available in a few months but we will come back to it in these columns.

Thee Savage Beat: What was young Joe King listening to?

Joe Queer: I listened to the music of the 60’s. AM radio. The Stones. Beatles. Monkees. Turtles. Beach Boys. All that great music of the 60’s is what I grew up listening too. Those great 2 minute pop songs. Del Shannon. The Troggs. The Hollies. Motown. Phil Spector. When the Ramones came along they were just like a punk rock version of the Beach Boys with Rockaway Beach and stuff like that. Sheena Is a Punk Rocker etc. I loved it. 

Which artist or band made you want to make music?

I played trumpet from grade 4 till I graduated high school. By the time I was in high school I realized I was only going so far on trumpet. I couldn’t physically play the staccato notes. I was really good and could read music of course but I was only going so far with my physical ability to play so I moved on to guitar. It was easy to pick up guitar after playing trumpet cos I could read music and understood chords and scales so I got into that. I started listening to David Bowie Ziggy Stardust and Lou Reed Transformer and Alladin Sane etc. T Rex. Mott the Hoople. Iggy and the Stooges. Then punk came along and I jumped into that whole scene. There wasn’t one particular band that made me want to play but the Ramones were a big influence as I realized I could actually play guitar good enough to be in that band. At the same time unlike a lot of punk rockers I wanted to learn more and become a better player. A lot of punk rockers never learned how to play that well and it held them back. I had grown up playing in the school band on trumpet so I knew enough to know how to get better thru lessons and practice. 

The latest album to date is called « Save the world », do you think rock’n’roll can save the world, otherwise what is the meaning of the album title?

I was doing an interview with someone and the guy said a new Queers album will save the world so I got it from there. I think in this day and age of ultra left wing SJW/Woke bullshit good old punk rock is needed more than ever. The great thing about punk rock is that the bands and musicians were goofing on themselves-they were laughing at themselves and didn’t take themselves too seriously. Now everything is taken out of context and twisted around so people can call you a racist! It’s ridiculous. I’m so disappointed in people I thought were solid punk rockers that have bought into this new Social Justice Warrior/Woke bullshit instead of seeing it for what it is-a huge lie and a farce. We’re supposed to believe men can have periods and give birth and women have penises etc etc. The whole thing is a joke and it’s pretty sad to see punk rockers buy into that bullshit narrative. In the old days I was afraid of the right wing-now I am more afraid of the left wing/liberals. They’re truly insane. 

What is the title « White power feud in Atlanta » about?

It’s a humorous song about a festival in Atlanta a few years ago where a fight broke out. It wasn’t really white power bands but I thought it was a funny title so we used it. It’s tongue in cheeck. 

The « Queers », why this name? Who found it?

I came up with it as a way to piss off people around Portsmouth NH. It was just a joke name really. It made us laugh so we stuck with it. 

Is the humorous side of the band name The Queers well received by the LGBT community? Have you had any feedback on that?

Oh no they hate us!! In the old days we would be attacked by the rednecks who thought we were gay. They would want to beat us up. Now the LGBT-(whatever the fuck it’s called) group hate us and say our name is demeaning to gay people. It’s all bullshit and a huge lie. Our name isn’t demeaning at all. We’ve really been pro-gay thru the years with our name. Nowadays the new woke left wing liberals attack us and say we’re anti gay and call me a Nazi. I wrote a song in 1989 about nazi racists called You’re Tripping. Nowadays I get accused of being a nazi and a racist. The LGBT crowd is full of hate. They love to hate people-in particular me. I had a different opinion-an opinion mind you-about a certain incident that didn’t align with the LGBT crowd. Since that day they have attacked me and the band mercilessly. Never mind that it was simply an opinion-we all have opinions and maybe mine was wrong I don’t know-but I certainly didn’t make up my opinion because I a racist-but anyway long story short that was all it took. They have attacked me and the band and they don’t even know me. Luckily our fans know us and they know me and don’t care but I will never back down to these people. They are truly evil and as I said I am way more scared of the left wing than the right wing these days. It used to be you could have a discussion and talk to people about why you felt a certain way-these days forget it. If you don’t buy into ever last idiotic thing the LGBT crowd says and thinks they consider you an enemy. I find them to be worse than nazis. It’s sad that punk rockers won’t stand up to those idiots. I really expected more of punk rockers but they’re a lot of pussies I am finding out. Sad. 

The band has evolved quite a bit from the start. As a leader, how did you experience all these changes?

Well we just took them as they came. I haven’t changed that much at all but with the new LGBT thing going on and us being attacked and called nazis and racists it’s made me that much tougher and I will fight those assholes to the end. I will never back down to them. The LGBT crowd is a bunch of whining crybabies who will never be satisfied. 

In the songs of the Queers we find very punk songs, and others much more melodic like « Houston we have a problem », « Punk Rock Girl ». How would you define your style? 

I kind of like doing both. I like early Black Flag style songs and I love Beach Boys/pop punk songs. I don’t set out to really do it-it’s just the songs that I write come out like that. On the new album it’s one of our best ever. The song If I Had A Girl Like You I wanted to have a song I could have heard on the radio when I grew up. I think that one came out great. 

How is the writing of the songs going?

Eh we just write down song titles while we are out on tour and then I have a big list of song titles and just go from there. I’ll go thru the list-pick out a good song title and then play with that. 

Regarding your album “Reverberation”, what was the process? Why did you make an album of covers ? What was decisive in the choice of titles?

Cleopatra Records asked us to make a cover album so I said yeah sure let’s do it. Like the Ramones Acid Eaters. They were mainly songs I liked growing up listening to the radio. I like certain cover songs. Joey Ramone asked me what I thought of Acid Eaters after it came out. He wanted to know what songs I thought they could have done instead of the ones they did. He wanted to know what I thought of Acid Eaters. Some songs I liked-some I wasn’t crazy about. Joey felt the same way. Hungry by Paul Revere and the Raiders was one song I thought the Ramones could have done. Valleri by the Monkees was another one. Be True To Your School by the Beach Boys. Those 3 songs I mentioned to Joey so we decided to cover them. 

Artwork Brandon Jensen

How did the Ramones influence you in your career?

They had a great pop sensibility and also they had a great sense of humor. I think a lot of bands lack a good sense of humor in punk rock these days. The Ramones were always funny!!

 How does it feel to have a song picked up by another band, like « This place Sucks » by the New Bomb Turks? Have there been others?

 I always loved the New Bomb Turks. That was great they played that song. Yeah there have been a few bands cover our songs. God Save The Queers was an album of Queers songs being covered by other bands. There are song good versions of our songs on that album. I won’t go thru the whole song list but if you check that album out there are some great versions of our songs by other bands. 

If you had to tell me 5 albums that influenced The Queers, which ones would they be?

Beach Boys-Today

Black Flag-Damaged

Ramones-Leave Home

David Bowie-Ziggy Stardust and the Spiders from Mars

Jesus and Mary Chain-Psychocandy

What do you think of hard rock bands like ACDC and Iron Maiden? In several songs you make fun of people who listen to this music, do you have a grudge against metal?

I don’t care for heavy metal. ACDC I don’t consider heavy metal though. They have great rock songs. Iron Maiden I don’t care for any of that crap. 

What do you think of the US punk-rock scene? Which band do you feel closest to? 

Oh our closest pals are Screeching Weasel. The Dickies. The Dwarves. The Riptides. Mr T Experience. CJ Ramone. Richie Ramone. Those are our closest pals these days.

Photo: Brandon Jensen

What has been the impact of the Covid-19 pandemic on the band ?

Well besides not being able to tour not much. I have a studio I record bands in and all of them canceled. So that sucked. It was the first time in 25 years that I haven’t been on tour. Usually we tour around the world once a year so it’s been tough. Hopefully we are past the worst of it. I think the left wing liberals don’t want the pandemic to end. They want us all locked down forever. l got my vaccine shot so I am ready to tour!! It’s been a tough year though for sure. 

In thirty years of career you must have seen things on tour, can you give us some funny anecdotes from touring? 

Whenever people ask me these questions I can never think of anything! I think a lot of the funny things you have to be there to experience the stuff in person. 

Do you prefer going on stage or recording in the studio? 

I used to like touring better but since we made the last 2 albums-the new one and the cover album-I had a lot of fun in the studio. So I guess I enjoy both!

Photo: Brandon Jensen

Can you tell to us a name of a French artist or group that you like?

No I don’t know any French groups to be honest. We have played very few times in France. 

Since Trump’s mandate, one has felt a major division in American society. What is your opinion about this?

Oh the left wing is just as bad if not worse than the right wing. The MSM is horrible. They are just left wing activists-lying to the American public. I’m not really into politics but I am totally liberal. I’m just not a Democrat. I’m certainly not a right wing either. I go situation by situation and make my decisions. To blame everything on Trump is bullshit. The media created so much bullshit. The Democrats and their lies to the American public. It’s insane. As a punk rocker I never trusted the media. I never trusted rich athletes and actors and actresses. Sports figures. Big tech censoring conservatives. Censoring Trump. Listen I am more left wing-always will be. But I am totally against Facebook censoring stories they don’t like if it makes Joe Biden and the Democrats look bad. Amazon won’t sell certain books if they don’t buy into the liberal agenda hook line and sinker. It’s like book burning. The American public isn’t allowed to hear a whole other side to certain stories if Facebook doesn’t like it! It’s crazy. As a punk rocker I’m really against that type of BS. 

In a country like France, the majors have significantly increased the vinyls’ prices. Vinyl will become a luxury product. What do you think about that ?

If we get paid fine. I can’t set prices. We sell a vinyl album for about $25. Not sure what the deal is over in Europe. 

If you had to go into space with a famous personality (male or female, past or present) who would you choose? Why ?

Probably Phil Spector. I think he’d have some great stories to tell. 

Interview: Frédéric Quennec & Nicolas Quennec

Photo: Brandon Jensen

Official websites :

https://www.instagram.com/thequeersofficial/?hl=fr

https://www.facebook.com/thequeers

http://allstarrecords.limitedrun.com/

Interview: Joe Queer (The Queers)

Crédit photo: Brandon Jensen

Click here for the english version

The Queers c’est 25 albums au compteur. Ce groupe originaire du New Hampshire (USA) avec pour leader Joe Queer (aka Joe King) nous abreuve de punk mélodique et de punk sauvage depuis près de quarante ans. Les thèmes des chansons sont légers et apolitiques tels que la bière et les filles. Néanmoins, Joe King a son franc-parler en interview. Et depuis le début de l’aventure des Queers, quelques dérapages de sa part ont défrayé la chronique dans le milieu Punk Rock. Le nom du groupe The Queers – « Les Pédés » (sic) – caractérise bien son côté humoristique mais lui ont valu quelques déboires. Thee Savage Beat à l’occasion d’un nouvel album de « covers » a voulu en savoir plus sur l’histoire des Queers. On retrouve dans l’interview un Joe Queer très remonté contre les activistes de gauche et le mouvement LGBT. Mais il est bien sûr question de Punk Rock car l’année 2020 a été un très bon cru pour les Queers avec l’album « Save the World » et le millésime 2021 s’annonce excellent, nous y avons goûté en exclusivité. Il s’agit d’un très bon album de reprises de garage bands qui ont nourri le jeune Joe King tels que les Monkees, les Beach Boys ou les Rolling Stones, une sublime version de « Strychnine » des Sonics et même en autres une version dynamitée de « The Kids Are Alright » des Who. Il sera disponible dans quelques mois mais nous y reviendrons dans ces colonnes. 

Thee Savage Beat : Qu’écoutait le jeune Joe King ?

Joe Queer : J’écoutais la musique des années 60, sur les grandes ondes à la radio. The Stones. Beatles. Monkees. Turtles. Beach Boys. J’ai grandi en écoutant toute cette musique géniale. Il y avait ces super chansons pop de deux minutes. Et puis Del Shannon. The Troggs. The Hollies. Motown. Phil Spector. Quand les Ramones ont débarqué, ils étaient comme une version punk-rock des Beach Boys, avec des titres comme “Rockaway Beach”, “Sheena Is a Punk Rocker”. J’adorais.

Quel artiste ou groupe t’a donné l’envie de faire de la musique ?

J’ai joué de la trompette du CM1 jusqu’à la fin du lycée. Quand j’étais au lycée, j’ai réalisé que je ne pouvais pas aller plus loin avec cet instrument. Je ne pouvais pas physiquement jouer les notes en staccato. Mais j’étais doué, et je pouvais lire la musique. Je me suis alors mis à la guitare. C’était facile de passer de l’un à l’autre, car je connaissais le solfège et les gammes. J’ai commencé à écouter Ziggy Stardust de David Bowie, Transformer de Lou Reed, Alladin Sane, T Rex, Mott the Hoople, Iggy and the Stooges. Le punk a éclos, et j’ai plongé les deux pieds dedans. Il n’y a pas eu un groupe plutôt qu’un autre qui m’ait donné envie de jouer mais j’ai été très influencé par les Ramones, surtout quand j’ai réalisé que j’avais un niveau suffisant à la guitare pour pouvoir jouer avec eux. A ce moment-là, à l’inverse de beaucoup de punk rockers, j’avais soif d’apprendre pour devenir un meilleur musicien. Nombre d’entre eux n’ont jamais appris à jouer aussi bien, et ça les a limités. J’avais grandi en jouant de la trompette dans la fanfare de l’école, et je savais m’améliorer grâce aux cours et à la pratique.

Le dernier album en date s’appelle « Save the world », penses-tu que le rock’n’roll peut sauver le monde, sinon quelle est la signification du titre de l’album ? 

Lors d’une interview, le gars me dit qu’un nouvel album des Queers sauvera le monde. Ça vient de là. Dans l’époque où nous vivons, celle de l’ultra-gauche SJW-Woke à la con, on a besoin plus que jamais du bon vieux punk-rock (NDT: SJW = “Social Justice Warrior”, expression péjorative pour désigner les progressistes jugés extrémistes, principalement sur les réseaux sociaux / Woke désigne le fait d’être conscient des problèmes liés à la justice sociale et à l’égalité raciale). Ce qui était bien avec le punk-rock, c’est que les groupes et les musiciens avaient de l’autodérision, ils se vannaient entre eux et ne se prenaient pas trop au sérieux. Maintenant tout est sorti de son contexte et détourné, et on se fait traiter de raciste ! C’est ridicule. Je suis tellement déçu par les gens qui étaient à mes yeux des punk-rockers intègres et qui se sont compromis dans ce nouveau mouvement à la con, le Social Justice Warrior-Woke, sans voir ce que c’est vraiment, un tissu de mensonges, une grande farce. Maintenant on est censé croire que les hommes peuvent avoir leurs règles et accoucher, tandis que les femmes ont des pénis, etc. Tout ça c’est vraiment une grande blague, et c’est assez triste de voir des punk-rockers croire ces histoires à la con. Il y a longtemps, j’avais peur de la droite. Maintenant j’ai plus peur des gens de gauche, des libéraux. Ils sont complètement à la masse. (NDT: Aux Etats-Unis, “liberal” n’a pas le même sens qu’en France, on peut le traduire par “centre-gauche” ou “progressiste”).

 De quoi parle le titre « White power feud in Atlanta » (sur l’album “Save the World”) ?

C’est une chanson humoristique à propos d’un festival à Atlanta où il y a eu une bagarre il y a quelques années. C’était pas vraiment des groupes “white power”, mais j’ai trouvé que le titre était marrant, donc on l’a utilisé. C’était une blague, en fait.

Les « Queers » (“Les Pédés”), pourquoi ce nom ? Qui l’a trouvé ?

J’ai trouvé ce nom pour faire chier les gens de Portsmouth (New Hampshire). C’était juste une blague au départ. Ca nous faisait rire alors on l’a gardé.

Le côté humoristique du nom de groupe The Queers est-il bien perçu par la communauté LGBT ? Avez-vous eu des retours par rapport à ça ? 

Ils nous détestent ! Il y a longtemps, on était attaqués par les bouseux qui pensaient qu’on était gays. Ils voulaient nous casser la gueule. Maintenant la bande des LGBT (ou je ne sais quel putain de nom) nous hait, ils disent que notre nom est dégradant pour les gays. C’est des conneries, un énorme mensonge. Notre nom n’est en rien dégradant. Au contraire. On a été sincèrement  pro-gay avec notre nom au fil des années. Aujourd’hui le nouveau courant gauche libérale – Woke nous attaque en disant qu’on est anti-gay et me traite de Nazi. J’ai écrit une chanson en 1989 qui parle de Nazis et de racistes, “You’re Tripping”. Maintenant on m’accuse d’être l’un et l’autre. La bande des LGBT est pleine de haine. Ils adorent détester des gens – moi en premier.  J’avais un avis divergent – un simple avis, notez – à propos d’un certain incident, qui n’allait pas dans le sens de la bande des LGBT  (NDT: En 2014, Joe Queer a pris la défense dans un post Facebook d’un officier de police blanc, Darren Wilson, qui avait abattu un jeune noir, Michael Brown – un post qui avait fait beaucoup de bruit dans le milieu punk-rock) . Depuis lors, ils ont attaqué le groupe et moi impitoyablement. Peu importe qu’il s’agisse seulement d’un avis – on a tous des avis, peut-être avais-je tort, je ne sais pas – mais ça n’avait rien de raciste. Enfin, pour faire court, ça leur a suffi. Ils nous ont attaqués moi et le groupe, sans même me connaître. Heureusement, nos fans nous connaissent bien, moi et le groupe, et ils s’en foutent, et jamais je ne me renierai auprès de mes détracteurs. Ils sont le diable incarné, et comme je l’ai dit, j’ai moins peur de la droite que de la gauche en ce moment. Il fut un temps on pouvait discuter avec les gens et développer ses arguments. Maintenant ce n’est plus possible. Si tu ne dis pas amen à toutes les idioties que sort la bande des LGBT, ils te considèrent comme un ennemi.  Je pense qu’ils sont pires que les Nazis. C’est triste que les punk rockers ne s’opposent pas à ces idiots. J’attendais vraiment plus d’eux. Maintenant je m’aperçois que ce sont des mauviettes. Oui, c’est triste.

Le groupe a pas mal évolué depuis le début. Tu en es le pilier, comment as-tu vécu tous ces changements ?

On les a pris comme ils venaient. Je n’ai pas tellement changé, mais avec le nouveau truc des LGBT et les attaques qu’on a subies, de se faire traiter de Nazis et de racistes, ça m’a rendu plus fort, et je combattrai ces trous du cul jusqu’à la fin. Jamais je ne leur serai soumis. La bande des LGBT c’est un ramassis de pleurnicheurs qui n’en auront jamais assez. 

Dans les chansons des Queers on trouve des morceaux très punk, et d’autres beaucoup plus mélodiques comme “Houston we have a problem”, “Punk Rock Girl”. Comment définiriez-vous votre style ?

En fait, j’aime faire les deux. J’aime le style des premières chansons des Black Flag et j’adore les Beach Boys et les chansons pop-punk. Je ne fais pas exprès – j’écris et ça vient comme ça. Sur notre dernier album, il y a un de nos meilleurs titres. Je voulais écrire une chanson que j’aurais pu entendre dans ma jeunesse, et le titre “If I Had A Girl Like You” est sorti. Je pense que c’est une réussite.

Comment se passe l’écriture des morceaux ?

On écrit des titres quand on est sur la route, en tournée, et ensuite on a une longue liste et on part de là. Je parcours la liste à la recherche d’une bonne chanson et ensuite on s’amuse avec.

A propos de votre album de reprises (“Reverberation”), quelle est la démarche ? Pourquoi un album de reprises ? Qu’est-ce qui a été déterminant dans le choix des titres ?

Cleopatra Records nous a demandé de faire un album de reprises, alors j’ai dit ouais, faisons-le. Comme “Acid Eaters” des Ramones. C’est principalement des titres que j’aimais et que j’écoutais à la radio quand j’étais jeune. J’aime certaines reprises. Joey Ramone m’avait demandé ce que je pensais de “Acid Eaters” quand il est sorti.  Il y avait des titres que j’aimais, d’autres moins.  Il m’a demandé quels titres, selon moi, auraient pu figurer sur l’album à la place des chansons de l’album. Joey était d’accord. Je pensais que “Hungry” par Paul Revere and the Raiders aurait pu être repris par les Ramones. Idem pour “Valleri” des Monkees. Et puis “Be True To Your School” des Beach Boys. J’avais parlé de ces trois titres à Joey. Nous avons décidé de les reprendre sur notre nouvel album.

Artwork Brandon Jensen

En quoi les Ramones vous ont influencé dans votre carrière ?

Ils avaient une grande sensibilité pop, et un grand sens de l’humour. Je pense qu’il y a un paquet de groupes punk-rock qui manquent d’humour de nos jours. Les Ramones étaient toujours drôles. 

Ça fait quoi d’avoir un titre repris par un autre groupe, comme « This place Sucks » par les New Bomb Turks ? Y en a-t-il eu d’autres ?

J’ai toujours adoré les New Bomb Turks. C’était super qu’ils reprennent cette chanson. En effet, plusieurs groupes ont repris nos chansons. Il y a eu un album de reprises des titres des Queers par d’autres, “God Save The Queers”, avec pas mal de bonnes versions. Je ne vais pas citer toute la liste, mais ça vaut le coup d’œil. 

Si tu devais me citer 5 albums qui ont influencé les Queers lesquels seraient-ils ?

Beach Boys-Today

Black Flag-Damaged

Ramones-Leave Home

David Bowie-Ziggy Stardust and the Spiders from Mars

Jesus and Mary Chain-Psychocandy

Que penses-tu du Hard rock comme ACDC et Iron Maiden ? Dans plusieurs chansons tu te moques de personnes qui écoutent cette musique, as-tu une dent contre le métal ?

Le heavy-metal, je m’en fous. AC/DC ils ont des super titres rock, mais pour moi ce n’est pas du heavy-metal. En ce qui concerne Iron Maiden, rien à foutre de cette merde.

De quel groupe vous-sentez-vous le plus proche sur la scène punk-rock US ?

Nos potes les plus proches aujourd’hui, ce sont Screeching Weasel, The Dickies, The Dwarves, The Riptides, Mr T Experience, CJ Ramone, Richie Ramone. 

Crédit photo: Brandon Jensen

Quel a été l’impact de la pandémie de Covid-19 sur le groupe ?

Ça ne nous a pas trop affectés, à part le fait de ne plus pouvoir faire de tournées. J’ai un studio où j’enregistre des groupes, et ils ont tous annulé.  C’était la première fois en 25 ans que je ne prenais pas la route. D’habitude, chaque année on fait une tournée mondiale, donc c’était difficile. Heureusement le plus dur est derrière nous. A mon avis, la gauche libérale n’a pas envie que cette pandémie s’arrête. Ils veulent nous enfermer pour toujours. Mais je suis vacciné, et donc je suis prêt à partir en tournée ! Mais bon, c’était une année pas facile, c’est sûr.

En trente ans de carrière vous avez dû en voir des choses en tournée, peux-tu nous citer quelques anecdotes amusantes de tournée ?

Quand les gens me posent ce genre de question, j’arrive jamais à penser à quelque chose ! Je crois que la plupart des choses marrantes, il faut les expérimenter, les vivre soi-même. 

Est-ce que tu préfères faire de la scène ou enregistrer en studio ?

Avant, je préférais faire des tournées, mais avec l’enregistrement des deux derniers albums – le nouveau et l’album de reprises -, j’ai pris beaucoup de plaisir en studio. Donc je suppose que j’aime les deux !

Crédit photo: Brandon Jensen

Peux-tu nous citer un nom d’artiste ou de groupe français que tu apprécies ? Et pourquoi ?

Pour être honnête, je ne connais aucun groupe français. On a très peu joué en France.

En France les majors ont augmenté leurs tarifs sur les vinyles de façon très conséquente. Le vinyle va devenir un produit de luxe. Qu’en penses-tu ?

Si je suis rémunéré, ça va. Ce n’est pas moi qui fixe les prix. On vend un album vinyle pour 25 dollars. Je ne sais pas quel prix c’est en Europe.

Si tu devais partir dans l’espace avec une personnalité célèbre (homme ou femme) passé ou présente qui serait-elle ?

Sans doute Phil Spector. Je pense qu’il aurait plein de choses à raconter.

Interview : Frédéric Quennec &  Nicolas Quennec / Traduction : Nicolas Quennec

Crédit photo: Brandon Jensen

liens officiels :

https://www.instagram.com/thequeersofficial/?hl=fr

https://www.facebook.com/thequeers

http://allstarrecords.limitedrun.com/

à lire aussi: La chronique de l’album « Reverberation » des Queers

Interview: April March

Recording In Cinerama at Your Place Or Mine Studio Glendale

Après son dernier album sorti en 2013, une collaboration avec Aquaserge, et son EP « Palladium » sorti cette année, April March nous revient à l’occasion du record store day avec un tout nouvel album intitulé « In Cinerama » aux sonorités californiennes. Fruit de sa collaboration avec Mehdi Zannad, auteur des mélodies et des arrangements, l’album a réuni de grandes signatures comme Tony Allen (Ce monument de l’afro beat décédé récemment), Marilyn Rovell Wilson (The Beach Boys, American Spring, The Honeys), Andy Paley (Paley Brothers, Patti Smith Group, Brian Wilson) et bien d’autres encore. L’occasion pour nous de poser quelques questions à la francophile April.

Thee Savage Beat : D’où vient ton nom de scène April March ?

April March : John Kricfalusi (le créateur de la série d’animation Ren & Stimpy) a trouvé ce nom pour que mon nom de chanteuse soit différent de mon nom de dessinatrice, Elinor Blake (NDLR: Son premier métier).

Qu’écoutait la jeune Elinor Blake avant de faire de la musique ? 

J’écoutais la bande originale de la comédie musicale “Oliver!” signée Lionel Bart. Je tiens ma façon de chanter de l’acteur qui joue Oliver quand il interprète “Who Will Buy” et “Where Is Love”.

Tu as repris au début de ta carrière plusieurs titres signés Gainsbourg. Que représente-t-il pour toi ? Comment l’as-tu découvert ?

Pour moi, Gainsbourg c’est la fantaisie. Écouter ses chansons, ça m’a beaucoup appris sur la composition, les arrangements, la production et l’écriture des paroles. Je l’ai découvert à l’école primaire quand j’avais douze ans, le professeur de français avait passé Je T’aime Moi Non Plus en classe.

April March Gun Flowers copy Photo Rocky Schenck, Hollywood

 Ton nouvel album « In Cinerama » sonne sur certains morceaux (« Baby », « Californian Fall », « Runaway », « Born ») comme un bon disque Girl group des sixties. Est-ce une référence pour toi ? 

Le Girl group ça a été une influence fondamentale, étant donné que je suis née à New York, pas loin de Spanish Harlem, là où les Ronettes ont grandi. Et puis j’ai chanté et j’ai enregistré avec Ronnie Spector au début de ma carrière musicale. En ce qui concerne cet album, j’ai été influencée par Honey LTD. Demandez-donc à Mehdi Zannad quelles ont été ses influences sur cet album, on l’a réalisé ensemble…

Mehdi Zannad nous a répondu: “Les influences c’était  Sean Bonniwell (du groupe Music Machine –NDLR) notamment et Landlocked, un bootleg des Beach Boys (sessions d’enregistrement des albums « Sunflower & Surf’s Up » – NDLR), la chanson « Sweet Mountain » de American Spring qu’on adore tous les deux, David Crosby et les Everly Brothers”.

Comment s’est déroulé l’enregistrement de l’album?

On a enregistré avant le Covid. On s’est bien amusé pendant l’enregistrement, c’était magique. Je travaille toujours avec des gens que j’apprécie, qui sont très sympas, ou alors avec des gens qui sont déjà mes amis.

Que retiens-tu de ta collaboration avec Tony Allen ? 

C’était quelqu’un d’authentique. Il attendait de nous de la spontanéité et de la créativité. Il me rappelait toujours que la musique c’est une conversation, que tous les instruments doivent dialoguer, sans plan établi. Il était adorable avec moi et mes enfants quand on était au studio d’enregistrement.

Tony Allen recording In Cinerama at Midilive Studios, Villetaneuse

Il y a une obscure reprise de Barry De Vorzon & Perry Botkin Jr intitulé « Down The Line » sur l’album. Comment as-tu découvert ce titre ? 

Le réalisateur Jonathan Caouette m’a montré le film “Bless The Beasts and The Children” où il y a le titre « Down The Line » et il nous a demandé à Mehdi et à moi de l’enregistrer, ainsi que le titre “Lift Off” pour son nouveau film.

L’album s’appelle « In Cinerama », est-ce à cause de ta passion pour le cinéma ? Ou parce que c’est l’anagramme de « American » ? Est-ce un clin d’œil au fait que l’album soit entièrement dans ta langue maternelle ?

J’adore le Cinerama Dome à Los Angeles, Medhi Zannad aussi, c’est lui qui a composé toutes les musiques et écrit certaines paroles, sauf pour “Down the line”. On a fait ça en anglais naturellement, on n’a pas cherché à faire un album “américain”, mais vu que je suis américaine et que j’ai vécu longtemps à Los Angeles, ça imprègne mes albums d’une façon ou d’une autre. Mehdi adore la Californie aussi, donc c’est venu comme ça.

(NDLR: Le Cinerama Dome, situé au 6360 Sunset Boulevard est une célèbre salle de cinéma d’Hollywood. Son succès fut immédiat, dès son ouverture, le 7 novembre 1963.)

Tes contributions au cinéma de Quentin Tarantino (« Chick Habit » et « Laisse Tomber les filles » dans la Bo de « Death Proof ») t’ont amené une certaine popularité. A ce propos, l’as-tu rencontré ? Quel est ton film préféré de Tarantino ?

Je l’ai rencontré à la première de Death Proof. Il m’avait invité à fouler le tapis rouge, et il m’avait confié qu’il était un grand fan de moi. Je lui ai dit que c’était réciproque. Mes films préférés c’est Death Proof et Once Upon A Time In Hollywood.

Peux-tu me citer ton top 5 de tes films préférés ?

Je n’ai pas de liste de films préférés. Il y en a tellement. Mais je peux citer quelques-uns que j’aime en ce moment:

Soy Cuba, That Hamilton Woman, Les films de John Schlesinger surtout avec Peter Finch, Du Côté d’Orouët et les films d’Alain Cavalier.

Tu as côtoyé Brian Wilson, Jonathan Richman, Bertrand Burgalat, Tony Allen, Jack White… Quelle rencontre t’as le plus marquée ? 

Ils sont tous très différents. Je n’ai pas l’habitude d’avoir des favoris, que ce soit pour les gens ou pour les choses. Mais j’ajouterais quand même à cette liste l’enregistrement avec Lætitia Sadier et Ronnie Spector. Ils ont beaucoup compté pour moi aussi.

Écoutes-tu la Pop Musique française actuelle ?

J’écoute Staplin, Aquaserge, Grand Veymont, Calypso Valois, Petit Fantôme, La Femme, Gloria, etc.

Quels sont tes modèles féminins dans la chanson ?

Ann Peebles, Ella Fitzgerald, Ronnie Spector, l’actrice qui a doublé la voix de Oliver dans la BO du film Oliver, Veronique Vincent, Elli Medeiros, Marilyn et Diane Rovell du groupe American Spring, Lætitia Sadier, Joanna Shimkus, France Gall, Kyra Deconinck, Audrey Ginestet.

Bertrand Burgalat  considère ton deuxième album, « Triggers » comme un des meilleurs disques qu’il ait faits. Personnellement, j’apprécie beaucoup ce disque mais je lui préfère son précédent « Chrominance Decoder » avec ses chefs d’oeuvres : « Garçon glaçon », « Mon petit ami ». Pour toi, quelle est l’apogée de ta carrière ? 

Je ne saurais dire quand ma carrière a connu son apogée, mais je suis d’accord, « Garçon Glaçon » est un des meilleurs titres que Bertrand Burgalat m’a écrit.

Ton récent EP sorti en 2021 avec Olivia Jean « Palladium » est terrible aussi ! Il nous invite à danser. A ce propos, quelle est ta danse favorite ?

Quand Elli Medeiros danse dans The Stinky Toys ou dans Elli et Jacno.

J’ai lu que tu parles couramment le français. Est-ce le cas ? 

Ma mère m’a poussée à apprendre le français, j’ai commencé dès l’âge de quatre ans.

Quels sont tes cinq albums de chevet ?

Ça change tout le temps. En ce moment c’est « Double Exposure » de Kelley Stoltz car on travaille ensemble sur des démos en ce moment, il y a aussi « Ella Fitzgerald sings Cole Porter songbook », Veronique Vincent et Aksak Maboul « Ex Futur album » et « Oklahoma ! » de Rodgers and Hammerstein.

Est-ce que tu comptes refaire de la scène, si oui passeras-tu nous voir en France ?

Bien sûr…

Quel est ton mois préféré dans l’année ?

Septembre.

Photo: Ed Darack

J’ai lu que tu vivais entre Paris et Cleveland, qu’aimes-tu dans la France ? Qu’aimes-tu moins ?

(Rires) Je ne vis dans aucune de ces deux villes ! Si j’habitais en France, je ne pense pas que je vivrais à Paris. J’irais m’installer ailleurs. Ce que j’aime dans la France, c’est les gens, la langue, la littérature, la musique, le pathos. J’aime moins l’intolérance, mais ce n’est certainement pas réservé à ce pays.

Interview : Frédéric Quennec / Traduction : Nicolas Quennec

A lire également: La chronique du dernier album d’April March (« In Cinerama ») qui sort le 17 juillet.

Site officiel: https://www.aprilmarch.com/

https://aprilmarch.bandcamp.com

Chronique disque: April March (« In Cinerama »)

Il semblerait qu’avec « In Cinerama » April march revienne à une simplicité pop que l’on n’attendait plus, ses escapades avec Aquaserge, Steve Hanft et même Burgalat avaient fini par me lasser. La présentation de l’album et ses multiples collaborateurs ne présageaient rien de bon, même si la donzelle n’a jamais perdu ni sa voix enjôleuse ni son accent charmeur. 

Mehdi Zannad, à la différence de ses précédents pygmalions, lui a composé un LP assez classique, moderne mais pas trop, plutôt ambitieux qui tire plus vers la pop éclairée et légère à la Left Banke qu’à la musique pompeuse du surestimé Bertrand Burgalat. On retrouve presque la candeur de « Paris in April ». 

Tel Jonathan Richman, la swingin’ Mademoiselle continue son petit bonhomme de chemin sans se soucier du qu’en dira-t-on, toujours en quête de la « perfect song ». Si elle a su régénérer l’insouciance et la fausse naïveté des girls group  à travers ses reprises inspirées de France Gall, Chantal Goya ou Kelly, des titres comme « Ride or divide », « Baby » ou « Lift off » pourraient bien rejoindre « Cet air-là », « Caribou » et « Mon ange gardien » au firmament de la chanson.

Chronique: Fish

L’album « In Cinerama » sortira le 17 juillet dans le cadre du Record Store Day (limité à 1400 copies).

A lire également: L’interview d’April March par Thee Savage Beat

Chronique disque: Grys-Grys (« To fall down »)

Le deuxième LP des frenchies Grys-grys sortira chez Norton le 26 juin, un label américain intransigeant incorruptible fidèle au rock’ n’ roll primitif originel. Miriam Linna sort habituellement des vieilleries sauvages indémodables telles les Sonics, Hasil Adkins, T.Valentine, André Williams… et rarement des groupes en activité (les exceptions : Daddy Long Legs, Bloodshot Bill et les Hentchmen), c’est dire l’impact qu’a du avoir les frenchies sur celle-ci !

Qui a vu le groupe en concert comprendra sans contestation possible l’engouement des ricains pour les froggies. Ces mecs ont tout assimilé, des garage bands sixties à la violence made in Détroit, la pochette est d’ailleurs en harmonie parfaite avec celle de  « Back in the USA »du MC5.

Moins rythm’n’blues qu’à leurs débuts (à la Chant R&B tout de même), le groupe se démarque  quelque peu des early Pretty Things et propose des compositions plus directes. Dans un magma fluide et visqueux où Diddley beat, freak beat et protopunk fusionnent, les Alésiens projettent leurs bombes sans se soucier des répercussions, seule « Watching my idols dying », ballade stonienne nous épargne! Trois reprises balisent leur album : « I’m goin back » des Machine Gun Kelly’s survitaminé, « Milk Cow Blues » de SleepJohn Estes dans l’esprit Kinks et enfin « Turn my head » des obscurs Throb carbonisé à l’extrême.

En résumé « To fall down » est une vraie déflagration avec un son digne de la scène… un album à écouter très fort !!!

Chronique: Fish

Grys-Grys (« To fall down ») – Album à paraître le 26 juin chez Norton Records.

Lien Norton pour acheter l’album

Interview: Kid Congo Powers

Kid Congo Powers est le génial guitariste dont le nom est associé aux Cramps, au Gun Club et à Nick Cave. De son vrai nom Brian Tristan, il est né à El Monte (Californie-USA) et vient tout juste de fêter ses 62 ans. Depuis 2006, Kid Congo sévit avec son groupe, les Pink Monkey Birds. Il a écumé les clubs d’Europe de nombreuses fois et je garde un très agréable souvenir de sa performance au Binic Folks Blues Festival 2012. Très tôt, le Kid s’intéresse à la scène punk du CBGB et du Max’s Kansas City où il gravite autour des Ramones, de Television et des Cramps comme dans un rêve. La légende dit qu’il n’aurait jamais touché un instrument avant qu’il ne fonde le Gun Club avec Jeffrey Lee Pierce. Pierce lui apprend à jouer de la guitare en “Open Tuning”.  Peu de temps après, il donne son premier concert avec le Gun Club au Hong Kong Cafe, un restaurant chinois de Los Angeles. C’est après un court passage dans le Gun Club sans participer aux premiers albums, avec une expérience d’un an à la guitare, qu’il intègre alors les Cramps. Aujourd’hui, outre les Pink Monkey Birds, il participe au groupe Wolfmanhattan Project réunissant des gloires du garage, à savoir Mick Collins (The Gories) et Bob Bert (batteur de Sonic Youth). Un nouvel album de ce projet intitulé « Summer Forever and Ever » est dans la boîte et doit paraître sur le label In The Red prochainement. Kid Congo, le rockeur le plus cool de cette planète, a accepté avec gentillesse de répondre aux questions de Thee Savage Beat depuis sa résidence de Tucson. Son actualité : la parution d’un superbe  EP avec ses Pink Monkey Birds  qui a pour titre “Swing from the Sean Delear”.  

THEE SAVAGE BEAT : Peux-tu nous parler de tes origines mexicaines ?

Kid Congo : Mes parents sont nés tous les deux sur le sol américain, mais mes grands-parents étaient mexicains. Quand on était enfants, on nous a inculqué le sens de la fierté de notre héritage. J’ai toujours eu ça chevillé au corps. 

Qu’écoutais-tu dans ta jeunesse, quels artistes ont été déterminants pour lancer ta carrière ?

Quand j’étais gamin, j’adorais The Mothers of Invention de Frank Zappa, mon album préféré c’était “Freak Out!”. La culture “freak” m’attirait beaucoup. Et puis j’ai des cousins qui m’ont fait découvrir l’album “Axis Bold As Love” de Jimi Hendrix. J’ai adoré le son, les guitares saturées. Il y avait aussi les Rolling Stones, les Kinks. J’étais fan aussi de David Bowie, de Mott The Hoople et de T. Rex sur la scène glam rock. Et puis, évidemment, Patti Smith et les Ramones aux débuts du punk. J’ai eu un choc la première fois que j’ai vu les Cramps, ça m’a bouleversé à jamais. Jamais je n’aurais imaginé qu’un jour je ferai partie du groupe.

Kid Congo Powers avec The Cramps

En quoi les fanzines ont été importants dans ta jeunesse ?

Les fanzines ça a été hyper important pour que je puisse trouver des gens comme moi. Ils s’adressaient directement à leur lectorat, une petite communauté. C’était comme une société secrète avec le langage des jeunes. Pour moi, grâce à des fanzines comme “Back Door Man” de Los Angeles, c’était comme intégrer une famille, et ça m’a fait apprécier MC5, Patti Smith quand son premier single est sorti, les Stooges,  Pere Ubu, Television, et des groupes locaux de LA comme The Dogs, The Zippers, et The Motels, qui jouaient tous dans des lieux underground à l’époque. On y trouvait aussi des essais sur la délinquance juvénile entre autres. Après la première venue des Ramones à Los Angeles, j’ai lancé un fanzine pour les fans de LA, avec des infos sur leurs concerts et les sorties de disques. Ça a été le début d’une communauté qui a perduré. Je suis toujours ami aujourd’hui avec de nombreux contributeurs du fanzine de l’époque.

Ado, quand tu étais président du fan-club des Ramones à Los Angeles, as-tu eu des retours des membres des Ramones ?

Oui. Joey Ramone me surnommait “The Prez” et il a écrit un texte pour mon fanzine. Leur agent de Los Angeles nous donnait toutes les infos sur le groupe, et j’ai été invité à la présentation en avant-première de leur deuxième album, “Leave Home”.

Ton CV est assez impressionnant, de quoi es-tu le plus fier ?

Je suis fier de tout, je ne peux pas établir une hiérarchie entre mes expériences.

Quelles ont été tes sources d’inspiration pour le dernier EP ?

Mon inspiration vient des rêves et des souvenirs, des esprits qui ont quitté la terre récemment et de ceux qui nous ont quittés il y a longtemps. Mais aussi de l’actualité, des protest songs qui font marrer.

EP de Kid Congo and the Pink Monkey Birds – “Swing from the Sean Delear”

Ton dernier single « He Walked in » aux teintes jazz & psychedelic rock matiné d’un groove me fait penser à un bon titre de Andre Williams sur une musique de Santana, ais-je raison ?

Je ne le conçois pas comme ça. La musique m’a plutôt été inspirée par l’afro-beat et le groove chicano de  War ou de Tierra. Mais je suppose que Santana est là quelque part. Pour ce qui est des paroles, je dirais le beatnik jazz ou Ken Nordine. Je comprends que tu cites Andre Williams, quand il s’agit de R&B, il n’est jamais très loin.


Comment avez-vous travaillé sur l’enregistrement du dernier EP, sur le son ? Peut-on espérer un prochain album sous peu ?

En tant que groupe, on ne discute jamais à l’avance du son. On travaille comme une seule entité, et c’est naturellement qu’on sort des chansons et un son. On part d’un groove et on travaille à partir de ça. A cause du Covid, et vu qu’on habite dans des États différents, on n’a pas pu enregistrer. Maintenant la plupart d’entre nous est vacciné, et on parle d’enregistrer un nouvel album, pour ce qui est de la scène on ne sait toujours pas quand on pourra en faire sur une grande échelle.

Photo: Rick Marr

Tu as fait partie des Cramps et tu as joué sur l’album Psychedelic Jungle. Quels souvenirs gardes-tu de l’enregistrement ?

J’étais jeune et très fébrile. Ce sont des grands professeurs, et, à l’image de tout ce qu’ils ont fait, c’était un événement du début à la fin. C’était la première fois que j’étais dans un studio d’enregistrement, et je me faisais un tas d’idées sur ce qui allait se passer. Finalement ça s’est plutôt bien passé.

Lux Interior et Poison Ivy t’ont baptisé Kid Congo Powers, pourquoi ?

Un membre des Cramps se doit d’avoir un nom spécial qui se démarque des gens bien-pensants.

Tu dois avoir pas mal d’anecdotes avec le Gun Club aussi, peux-tu nous raconter comment tu as créé le groupe avec Jeffrey Lee Pierce ?

J’avais jamais touché une guitare de ma vie quand on a lancé le Gun Club. Et je crois bien que le batteur Brad Dunning était novice aussi. Mais on ne manquait pas d’idées et Jeffrey Lee Pierce savait écrire des chansons. La formation originelle avait des influences reggae et R&B. On se disait que ça ressemblait à du Mink DeVille ! Enfin, ça ressemblait plutôt à un Mink DeVille perdu dans une décharge. Mais on était bien intentionnés. Finalement on a trouvé notre voie, on a appris à mieux jouer et on a inventé notre son. On n’a pas cherché à copier le son de qui que ce soit. On voulait inventer un nouveau langage avec le rock and roll comme base.

Kid Congo Powers (à gauche) avec Jeffrey Lee PIerce dans le Gun Club, 1984 (Image credit: Peter Noble/Redferns/Getty)

Tu as déclaré « Le Punk était très gay à ses débuts », peux-tu nous dire pourquoi ? Etre gay dans le milieu garage-rock est-ce bien accepté ? 

La première scène punk de Los Angeles était peuplée de tout un tas de désaxés. Il suffisait d’être contre le système pour être accepté. Etre gay, c’était être contre le système. Des créatifs, des étudiants en arts et en mode ont permis l’émergence de cette scène. La plupart des musiciens et des marginaux étaient gays. C’était plutôt accepté mais on en parlait rarement, toutes ces étiquettes c’était tabou. On ne disait pas vraiment les choses. J’étais juste un punk, ou, comme l’a dit Richard Hell, j’appartenais à la “blank generation”.

Qu’est-ce qui te fait du bien, en dehors de la musique ?

Jouer avec mon chat, être dans la nature, faire de la randonnée, passer du temps avec mon mari.

Peux-tu nous citer dix albums à écouter en confinement ?

Ça fait beaucoup 10 ! Allez, j’essaye:

1.  T. Rex Electric Warrior 

2. John Coltrane “OM”

3. The Kinks “Lola Vs Powerman”

4. Horace Andy “Best Of”

5. William Basinski “Lamentations” 

6. Sparks “ A Steady Drip Drip”

7. Bob Dylan “Blood On The Tracks”

8. The Temptations “Cloud Nine”

9. Nick Cave and Warren Ellis  “Carnage”

10. War  “The World Is A Ghetto”

Qu’emporterais-tu sur une ile déserte ?

Mon chat, mon mari, et l’album de Patti Smith “Horses”.

Si tu pouvais faire un duo avec un artiste de ton choix vivant ou disparu, qui choisirais-tu ?

Pas facile de choisir. Hope Sandoval de Mazzy Star, ou Bo Diddley.

As-tu des nouvelles récentes de Poison Ivy ?

Oui. Elle est en pleine forme en ce moment.

Quel est ton meilleur souvenir sur scène avec les Pink Monkey Birds ?

Le meilleur est à venir.

Te souviens-tu du concert au Stakhanov à Nantes le 9 Avril 2013, c’était un peu la folie, non ?

C’est pas facile de se souvenir de tous les concerts, mais je te crois si tu me dis que c’était sauvage ! Faut qu’on revienne pour remettre ça !

Interview: Frédéric Quennec / Traduction: Nicolas Quennec

Facebook Kid Congo and the Pink Monkey Birds : https://www.facebook.com/profile.php?id=100046965197162

Lien du label in the Red pour acheter le disque : https://intheredrecords.com/collections/frontpage/products/kid-congo-the-pink-monkey-birds-swing-from-the-sean-de-lear-12

Playlist Spotify Kid Congo :

Interview: Didier Wampas

Les Wampas nous ont accompagnés durant les quarante dernières années. Didier Chappedelaine est désormais retraité de la RATP et vit paisiblement à Sète. Didier Wampas lui, continue son aventure avec son groupe (il a aussi le groupe parallèle « Sugar & Tiger » avec sa compagne Florence au chant). Les Wampas ont sorti en 2019 leur dernier excellent album en date « Sauvre le monde » enregistré par Lionel Liminanas. Il a continué de communier avec son public lors de vidéo-concerts sur les réseaux sociaux pendant la pandémie. Merci à Didier Wampas de nous avoir accordé cette longue interview où il est question (entre autres) de l’actualité, du groupe les Wampas et de sa vision de l’industrie musicale… le tout sur un ton très cash !

Thee Savage Beat :  C’est quoi le plus dur pour un punk en hiver 2021 ?

Didier Wampas : C’est de ne plus faire de concerts. À part ça, le reste ça va. C’est ça le plus dur. Enfin, pour moi, parce qu’un punk qui n’est pas musicien pour lui le plus dur c’est peut-être de ne plus aller aux concerts.

En 2019, sur votre dernier album en date, on trouvait la chanson « Sauver le Monde ». En ces temps de Covid, penses-tu que la culture peut sauver le monde, alors que nos dirigeants l’ont implicitement qualifiée de “non essentielle” ?

La culture ne sauve pas le monde, elle fait partie du monde, elle permet de le supporter un peu mieux. Ce n’est pas un truc essentiel à la vie en soi, je dis ça même si c’est mon métier et que c’est important. La culture n’est pas partie avec le virus. On nous a retiré le live, le spectacle vivant, mais on peut continuer à regarder des films, à écouter de la musique, à lire des livres ou à regarder des opéras à la télé. C’est pas toute la culture qui a été coupée, on ne peut pas nous l’enlever. Il faudrait un Etat totalitaire pour ça. On n’en est pas là.

Si tu devais écrire une chanson sur le Covid quel en serait le titre ?

Je n’en ferai pas. Je n’ai pas envie de faire de chanson sur le Covid. On en parle partout à longueur de journée, dans les journaux, à la radio, dans les conversations, tout le monde ne parle que de ça. J’aimerais bien savoir le pourcentage de conversations qu’il y a autour du Covid en ce moment. Au moins 50%. Donc laisse tomber, je ne vais pas rajouter du Covid au Covid. 

Avec les Wampas tu as sorti ton 1er 45 tours à 1000 Exemplaires. Que penses-tu aujourd’hui de la mode des disques à tirage limité et de l’engouement depuis plusieurs années pour le vinyle ?

On s’en fout un peu du format, c’est bien de faire des trucs. Je n’ai jamais revendu mes vinyls, je les garde et je continue d’en acheter, donc vive le vinyl. Editions limitées ou pas, le principal c’est de faire des disques, des albums, des singles, tout ce que tu veux. Je sais que ça fait plaisir à des gens d’avoir des éditions limitées mais moi je m’en fous. 

Tu as déclaré en 2009 dans une interview à Laurent Ruquier que tu préférais faire des disques plutôt que des concerts. Pourtant tu sembles y prendre beaucoup de plaisir. Maintiens-tu tes propos ? 

Les concerts on en fait plein, enfin hors pandémie on en fait une centaine par an et j’adore ça mais ce n’est pas un moment rare. Le studio on y passe dix jours tous les deux ans pour faire un disque, c’est un événement du coup. C’est important de créer, d’enregistrer. Si je suis là c’est parce que j’ai écouté des disques à la base. Il n’y a pas de concerts s’il n’y a pas de chansons donc c’est très important. J’adore autant le studio que la scène. 

Dans ta jeunesse, quels concerts t’ont le plus électrisé, t’ont donné la flamme ?

Ce n’est qu’à la fin de l’adolescence que j’ai commencé à sortir à Paris et j’ai été marqué par les Cramps à Bobino, c’est le premier concert qui m’a électrisé. 

Dans le titre « Mars 78 », vous vous livrez à une critique au vitriol de la variété française. Pourtant vous avez joué aux Victoires de la musique en 2004. Que penses-tu de la scène française actuelle et des groupes ou artistes récompensés aujourd’hui ? Sinon, peux-tu nous dire pour qui tu as voté cette année aux Victoires de la musique ?

Je n’en écoute plus depuis quarante ans donc je n’en sais rien. Je n’ai jamais écouté une chanson de Julien Doré ou Benjamin Biolay, je ne sais pas ce qu’ils font. Je ne sais pas ce qu’il se passe dans la variété française actuellement et ça ne m’intéresse pas. Je vis très bien à côté de tout ça. Je ne vote pas aux Victoires. J’y ai été invité avec les Wampas donc je me suis dit que ça pourrait être marrant de voir ce que c’était de l’intérieur mais ça ne m’a pas plu tout ce cirque. 

Vous avez participé aux sélections pour l’Eurovision en 2007, ce qui a valu un live mémorable en prime time à la télé. Était-ce pour se faire de la pub ou es-tu vraiment féru de cette compétition ?

Ni l’un ni l’autre. Le patron d’Arte ou de France 5, je ne sais plus [NDLR: En fait il s’agit de France 4], qui est fan de musique, fan de rock, nous a dit “Cette année ils ont demandé à toutes les chaînes du service public d’inviter un candidat à l’Eurovision”. Ça le faisait marrer de nous faire venir donc j’ai écrit une chanson en dix minutes et puis voilà. Ce n’était pas pour se faire connaître, on n’a pas été plus connus après ça, mais c’était marrant à faire. Il y a quarante ans que je n’ai pas regardé l’Eurovision donc depuis Abba je ne sais pas qui y passe.

 Vous passez très peu dans les médias mainstream. Est-ce un choix de votre part ou bien êtes-vous ostracisés ?

Ni l’un ni l’autre. On ne fait pas d’efforts pour y passer et puis on s’en fout. 

Tu as fait un duo il me semble avec Patrick Juvet en solo. Si tu devais faire un duo avec la personne de ton choix en 2021 qui serait-il ou elle ?

Je ne crois pas avoir fait un duo avec Patrick Juvet [NDLR: C’est exact]. On a fait une reprise de “Où sont les femmes” et il a participé au clip de “Manu Chao” mais on n’a pas chanté ensemble, et maintenant c’est trop tard hélas. Je voudrais bien faire un duo avec Plastic Bertrand un de ces jours.

Dans les titres des Wampas, on peut à la fois trouver des textes liés à l’actualité, comme “Liste de droite” ou “Chirac en prison” et des textes délirants comme « Chocorêve » ou « l’aquarium tactile ». Y’a t-il une cohérence dans tout cela, quels sont les points communs entre les chansons du groupe ?

S’il y a une cohérence entre les chansons, ce n’est pas volontaire. Chacune fait sa vie à part, je n’ai pas fait de concept particulier.

 « Chirac en prison », sorti en 2006, vous a valu une censure audiovisuelle. Avec du recul  ne penses-tu pas qu’aujourd’hui l’état de la France s’est beaucoup dégradé depuis cette époque ? Que la vie n’était pas aussi terrible sous Chirac ? 

Non ça ne s’est pas dégradé, il faut arrêter avec ces histoires de “C’était mieux avant”. À part là en ce moment oui à cause du Covid, mais sinon ça va quand-même. Macron c’est pas un dictateur non plus, on n’est pas en dictature. C’est peut-être pas mieux qu’avant mais ce n’est pas pire que sous Chirac, ni sous Pompidou ou je ne sais qui. Ça n’a pas de sens de dire que c’était mieux sous De Gaulle par exemple, ce n’est pas vrai. La société évolue et il y a plein de libertés qu’on n’avait pas avant. Les homosexuels peuvent se marier, l’avortement est autorisé, on peut s’exprimer. La société évolue lentement mais vers le mieux. 

Est-il toujours aussi compliqué de critiquer les institutions aujourd’hui ?

Ça n’a jamais été compliqué de critiquer les institutions en France sauf pendant la guerre. Le reste du temps on a toujours pu critiquer. Après tu passes à la télé, à la radio ou pas, tu choisis, mais en général tu peux dire ce que tu veux, tant que tu n’appelles pas au meurtre. Si tu veux chanter “Macron enculé!”, personne ne va te faire chier.

Politiquement je suis plutôt un punk centriste

On a compris que tu es plutôt George Marchais que Marine Le Pen de par vos titres et paroles de chanson. On peut vous voir comme un groupe anticapitaliste et toi particulièrement sur la chanson solo « la propriété c’est du vol ». Quel est aujourd’hui ton positionnement politique ?  Qu’as-tu pensé du mouvement des gilets jaunes ?

Politiquement je suis plutôt un punk centriste comme l’avait dit un ami. Je suis anti-fasciste mais pas anti-capitaliste. Je ne suis pas pro-capitaliste non plus. Concernant les gilets jaunes c’est trop compliqué de se positionner, ça englobe trop de choses. Si je fais de la musique c’est pour exprimer mes idées autrement qu’en faisant de la politique. 

Dans votre dernier album, tu abordes le thème de l’écologie avec « l’autoroute des gros porc », « le dernier cormoran »…. Penses-tu que l’engouement actuel pour l’écologie est une mode ou bien une réelle prise de conscience ?

Un peu des deux. Il y a plein de choses dont on n’avait pas conscience, maintenant on est de plus en plus informés. Du coup ça devient normal de trier nos papiers, de faire gaffe à ce qu’on achète, et puis il y a des voitures électriques, des gens qui cherchent des solutions pour améliorer les choses. Même si ce n’est pas l’idéal, c’est une avancée déjà. Le fait que ce soit à la mode ça aide aussi. 

 On connaît ta passion pour le cyclisme, que tu as déclinée en chanson (« Jalabert », « Rimini », « j’ai avalé une mouche », « Baby suce ma roue »). D’où te vient cet intérêt pour la petite reine ? Est-ce un héritage familial ?

Non, c’est pas un héritage familial. Quand j’étais petit je regardais le Tour de France pendant les vacances avec mon frère et mes cousins. Je suis le Tour depuis toujours et je fais un peu de vélo donc voilà.

Les chansons des Wampas sur des villes sont mes favorites (Tu en as écrit plusieurs comme Nevers, Toulouse, Spezet, Strasbourg, Tokyo, Edimbourg). Et puis il y a pas mal de titres sur la Bretagne, « Le télégramme de Brest », « Les ravers de Spezet », « le Fest-Noz d’Halloween ». Qu’apprécies-tu chez les bretons ? Que connais-tu de ma ville, Nantes ? Pourrais-tu en faire une chanson, et si oui, de quoi parlerais-tu ?

Ma mère est bretonne et j’ai passé toutes mes vacances d’été en Bretagne. J’apprécie leur indépendance d’esprit. Historiquement oui, Nantes est en Bretagne mais bon, pour moi la vraie Bretagne est à l’ouest de l’axe Lorient – Saint Brieuc. De l’autre côté ils n’ont jamais parlé breton. Donc après est-ce que Nantes c’est la vraie Bretagne, c’est une autre histoire. J’ai joué assez souvent dans cette ville donc oui, je pourrais faire une chanson dessus si un jour ça me vient.

On connaît ta passion pour le punk-psycho des Cramps avec la chanson « J’écoutais les Cramps ». Par contre qu’en est-il pour toi du punk des Clash, d’Iggy et ses Stooges, de Motörhead, des Ramones, des Slits, des Fleshtones et de Nirvana ? Peux-tu nous dire ce que t’inspirent ces groupes ?

J’ai commencé à vraiment écouter de la musique fin 77 début 78 donc j’ai grandi avec tous ces groupes-là. J’ai vu les Clash à la télé quand j’avais 15 ans et ça a été le point de départ. La base c’est ça, le punk entre 77 et 80. Les Stooges, le MC5 etc., pour moi c’était déjà un peu ringard, même si j’aimais bien “Lust For Life”. Je ne vais pas me faire des amis en disant ça! Quant à Nirvana, ils m’ont plu dès qu’ils sont arrivés. 

Tu es d’accord sur le fait que les Sleaford Mods sont les dignes héritiers des Sex Pistols ?

J’ai essayé d’écouter plusieurs fois mais je ne parle pas assez bien anglais donc je ne comprends rien et ça ne peut pas me parler autant que les Sex Pistols. Eux me faisaient de l’effet sans que je ne pige ce qu’ils disaient puisqu’il suffisait de capter les mots phares genre Anarchy ou No Future. 

Peux-tu me citer 5 artistes ou groupes actuels français ou internationaux que tu adores ?

J’écoute plein de trucs donc depuis trente ans qu’on me pose cette question, je ne sais jamais quoi répondre. J’écoute pas mal de country. En ce moment le dernier album de Midland tourne pas mal chez moi. Après j’ai envie de citer des potes ou des gens que je connais mais si j’en oublie ça va pas le faire! 

De nombreux  titres des chansons des Wampas sont des prénoms féminins « Patricia », « Valérie », « Christine », « Jenny », « Denise », « Marilou », « Julie », « Victoria », »Denise » ou « Léonie ». Et puis il y a la chanson “Petite fille”. Peux-tu nous dire comment vous avez eu l’idée de faire monter les filles sur scène sur ce titre ? Peut-on dire que les Wampas est un groupe féministe ? 

Je ne sais plus comment c’est venu de faire monter les filles sur scène. Aucune idée. On a dû avoir l’idée un soir et c’est resté. Je ne vais pas crier qu’on est un groupe féministe car on n’a rien fait de spécial en ce sens, ni dans l’autre. Humainement dans nos vies perso on respecte les femmes évidemment, on est gentils, on les aime, on les comprend. Ce serait de la démagogie de dire qu’on est un groupe féministe et je refuse de faire dans la démagogie. 

 Penses-tu qu’un mouvement Metoo pourrait faire irruption dans le milieu du rock ?

Oula, c’est déjà arrivé des histoires de type #MeToo dans le rock, ce n’est pas nouveau. De là à en faire un raz-de-marée je ne sais pas, le rock est moins popularisé que le cinéma ou la télé. 

Quel est ton Top 5 des chansons d’amour ?

Bonne question, il faudrait que je réfléchisse mais je vais te donner un truc en toute vitesse comme ça. Donc disons “Love Me tender” d’Elvis, “Qui Saura” de Mike Brant, “Si tu me quittais des yeux” de Jean-Luc Le Ténia, “I know it’s over” des Smiths et “Two Girls” de Townes Van Zant.

Un de vos albums s’appelait « les Wampas sont la preuve que Dieu existe », et puis il y a le titre “Le Seigneur est une fleur”. En quoi crois-tu ?

C’est compliqué ça aussi. Je crois en Dieu. Après chacun se démerde avec le Dieu qu’il veut. 

As-tu des anecdotes amusantes à nous raconter sur le film génial de Gustave de Kervern et de Benoît Delépine « Le grand soir » ? (où vous faites une apparition avec les Wampas). Est-ce un bon souvenir ? 

Poelvoorde était saoul comme un cochon parce qu’il avait le trac je crois d’être sur scène devant un public, il y avait deux cents punks qui étaient venus, il était complètement bourré, je ne sais pas comment il a tenu. Je lui ai dit “Ah bah bravo le cinéma!” et il m’a répondu “Quoi qu’est-ce t’a dit? T’as raison en plus, t’as raison!”. C’était un très bon souvenir ce tournage, on était très contents d’avoir fait ça, il y avait une bonne équipe.

As-tu d’autres projets cinématographiques ? Plus généralement, quels sont tes goûts en matière de cinéma ?

Je n’ai pas de projet cinématographique. Il y a trois ans on m’a fait jouer le rôle d’un ingé son dans un film qui s’appelle Sun. Je m’appelais Hervé et je gueulais sur les musiciens. Je suis très bon public en cinéma, contrairement à la musique où je suis très difficile. J’écoute une chanson et en trente secondes je sais si je trouve ça pourri et j’arrête. Au cinéma j’aime tout, je pleure devant les dessins animés, je vais voir plein de trucs, aussi bien des films d’Arts et Essais que des trucs populaires. Avec ma fille j’ai regardé tous les Marvels. Au cinéma je me fais avoir à chaque fois, j’aime tout, que ce soit bien ou pas, je regarde en entier. 

Malheureusement, tu n’as pas pu écrire une chanson pour Johnny Hallyday comme tu l’exprimais dans le titre de 2006 « Johnny ». Que représente aujourd’hui pour toi Johnny Hallyday ?

Je n’ai pas pu parce que je n’ai pas voulu. J’avais commencé à écrire “Christine” pour Johnny parce qu’on me l’avait proposé et je ne l’ai pas envoyée, je n’avais pas envie en fait, donc je l’ai gardée pour les Wampas. Johnny est mort, c’est le passé. C’était le plus grand rockeur français de tous les temps oui, évidemment. Il représente beaucoup en vrai, je ne serai pas là aujourd’hui si je ne l’avais pas entendu chanter Eddie Cochran et Elvis. Mais je ne l’écoute plus depuis longtemps. Remarque je n’écoute plus les Pistols ou les Clash non plus, toutes ces chansons sont en moi. 

Sur le titre « la Nasa vous ment » sur votre dernier album « Sauvre le monde », le son de batterie sur ce titre me fait penser à l’intro de « Be My Baby » de The Ronettes, ai-je raison ?  Aimes-tu ce genre de groupe sixties ? 

Je ne m’en rappelle plus mais sûrement, il y a un milliard de morceaux qui commencent comme ça de toute façon. J’aimerais bien un jour faire une compilation de tous les morceaux qui commencent comme “Be My Baby”. Il doit y en avoir quelques centaines! Bien sûr que j’aime ces groupes sixties, c’est ce que je préfère, presque. Les Ronettes, les Beach Boys et tout ce qui en découle. La musique qui m’a le plus marquée c’est ça. 

Que t’as inspiré la mort du producteur Phil Spector (qui a entre autres produit un album des Ramones) ?

Ça faisait déjà vingt ans qu’il ne faisait plus de disques et je ne le connaissais pas personnellement donc je ne vais pas dire que j’ai été triste de sa mort. Il a été très important, ça a été le plus grand producteur de l’histoire de la musique mais les gens meurent à un moment, surtout quand ils ont passé quatre-vingt ans, donc même s’ils ont été importants pour nous, on ne les connait pas vraiment donc je vais pas mettre un post sur Instagram en disant que je suis ravagé dès qu’un artiste en bout de course meurt. 

Qu’emporterais-tu si tu devais embarquer pour un voyage sur la lune ?

J’ai envie de dire mon vélo mais ce ne serait pas pratique. 

 Le nom des Wampas est issu de la BD Rahan. Es-tu toujours fan de BD ?  Quel est ton Top 5 des BD à lire absolument ?

J’en lisais beaucoup enfant mais j’ai arrêté quand j’ai commencé à lire d’autres livres. Après Tintin et Astérix, je n’ai pas continué. Ceci-dit j’aime beaucoup la collection Pataquès chez Delcourt. 

Tu as déclaré: « Je continuerai minimum jusqu’à ce que j’atteigne la durée de la carrière de Charles Trenet » (Rock Hardi n°55). Sachant que la carrière de Charles Trénet a duré près de 70 ans ans, cela veut dire que tu ne prendras jamais ta retraite. Est-ce ainsi que tu vois les choses ?

Je n’en sais rien en vrai, mais je n’ai pas l’intention d’arrêter. Que faire d’autre de mieux? C’est ce que je sais faire donc je vais continuer. Je peux tout arrêter demain, on ne sait jamais. Remarque avec les restrictions liées à la pandémie j’ai un aperçu de ce que ce serait si j’arrêtais. Mais franchement je pense continuer. Je joue tous les jours chez moi déjà en attendant que ça reprenne.

Quels sont les projets actuels des Wampas ? Dans une interview de Novembre 2019  dans Rock’n’ Folk, vous parliez de l’envie de faire un album de reprises de twist, est-ce toujours d’actualité ?

Je ne sais pas si on le fera un jour. J’en ai eu plein des envies comme ça. Déjà on va refaire un album cette année avec les Wampas, et un avec Sugar & Tiger, mais après je ne sais pas. J’écris plein de chansons qui serviront pour ça ou autre chose. Il y a beaucoup de trucs que j’aimerais faire, comme par exemple un album avec Loran Béru, mais je n’ai pas de projet précis, à part continuer à faire de la musique. Kiss!

Interview : Frédéric Quennec / Nicolas Quennec

Un grand merci à Florence Virginie !

https://wampas.com/

https://www.facebook.com/LesWampasVousAiment

Spotify

Chronique Disque: The Limit (« Caveman Logic »)

Sonny Vincent, des fameux Testors, a l’habitude de s’entourer des plus grands. Son nouveau groupe, The Limit, comprend Bobby Liebling au chant (de Pentagram), Jimmy Recca (qui fut un bassiste éphémère  des Stooges et ex membre des New Order de Ron Asheton), des membres de Dwanrider à la batterie et à la guitare (pour compléter le line-up) et aussi quelques  invités en bonus dont Paul Simmons (Bevis Frond). Et c’est un bonheur de retrouver un Sonny Vincent en grande forme qui fait son come-back avec ce super groupe. « Caveman Logic », le nouveau missile, est addictif, la production parfaite et soignée est signée Sonny Vincent. Encore un groupe de vieux briscards, me direz-vous – oui, mais ici l’intensité est au rendez-vous, c’est sauvage et authentique. Beaucoup de morceaux de bravoure sur cet album: Le titre éponyme « Caveman Logic », « Kitty Gone », « When life gets Scorched » ou le fameux single « Black Sea » repoussent les limites du rock’n’roll et rallument le feu sacré. La superbe pochette aux accents futuristes, le titre de l’album (« La logique de l’homme des Cavernes »), et le morceau « Enough is enough » nous rappellent aussi que trop, c’est trop ! L’actualité est foisonnante ces temps-ci pour Sonny Vincent: Une biographie en anglais, un film documentaire sur sa vie, avant la parution en septembre 2021 de son très attendu nouvel album solo avec le même titre que sa bio à savoir « Snake Pit Therapy ». Qu’il en soit remercié car pour nous, Sky is the Limit ! 

Frédéric Quennec

Lien pour acheter le disque sur le label Svart Records

Concevoir un site comme celui-ci avec WordPress.com
Commencer