Les Honshu Wolves, originaires de Berne, en Suisse, reviennent en 2021 avec leur deuxième album, un très bon disque de garage psychédélique mâtiné de blues qui nous emmène dans un vrai trip. On tient là même un vrai brûlot pour une virée en bagnole, de préférence un peu chargé, sur une autoroute déserte idéalement de nuit, pour augmenter les frissons. Le fabuleux Fabu à la basse et à la guitare plaque ses petits doigts de façon chirurgicale à coup de fuzz, de reverb, et là on se dit: Fabu a écouté les Kills. Le flegmatique Mige l’accompagne à la batterie et aux percussions. Mais le mérite en revient surtout à Maryanne Shewolf, notre louve voodoo helvétique, la PJ Harvey de Berne: Elle nous ravit avec sa voix suave et feutrée. Pour leur deuxième album, ils ont naturellement fait étape sur le label Voodoo Rhythm du Reverend Beat-Man. Le Révérend depuis son association avec Izobel Garcia se serait-il un peu assagi ? Aurait-il enlevé sa soutane ? Il est certainement tombé sous le charme de Maryanne Shewolf comme nous tous, tout simplement. En tout cas, il leur a donné l’absolution avec sa description personnelle comme toujours: « Trippy psychedelic Desert Gospel Delta Space Blues », tout est dit en une phrase comme d’habitude. L’album a été superbement conçu chez Massimiliano « Mano » Moccia des Movie Star Junkies. Pour une sélection de titres, ce n’est pas évident tant le disque regorge de brûlots cosmiques. Il y a des nuances de gris à la PJ Harvey sur le premier single de Goddess. Sur White Dress on assiste avec jouissance à un bon trip, une sorte de jam bandante entre Nina Simone, la guitare d’Angus Young, celle de Christian Bland (des Black Angels) le tout trempée soigneusement à l’acide. En effet, mélangez Spacemen 3, The Velvet Underground, Suicide, les Make Up, Neil M. Hagerty, The Staple Singers, PJ Harvey, différents artistes de Blues, Roy and The Devil’s Motorcycle, Solki et vous obtiendrez le son Honshu. Avec « Cosmic Creature Capture », les Honshu Wolves, passent le cap du difficile deuxième album et a réussi le disque le plus cosmique de 2021 pour notre plus grand bonheur.
Johnny Jetson va bientôt devenir votre meilleur ami, croyez-le ! Ses chansons sont brutes, puissantes et mélodiques. Johnny Jetson, ancien et futur chanteur de Tattooed Millionaires, revient en solo avec son glam-punk délicieux. L’astuce de Jetson est d’enrouler ses diatribes décadentes autour de crochets pop si bons que vous ne pouvez pas leur échapper. L’homme derrière les chansons et les sons de Space Age Playboys, Queer For Girls, Tattooed Millionaires et Speed City Vipers revient avec sa dernière offre… Un album solo «Make Your Move» et un EP intitulé « Lick It And Split » qui pourrait évoluer sur un nouvel album pour 2021. Ce que vous obtenez de Jetson en 2021, ce sont dix chansons d’un vrai Rockeur, ses influences vont des années 70 de Bolan mais aussi d’Alice Cooper qui est évidemment une source d’inspiration. Voici l’entretien exclusif que notre idole Johnny Jetson a gentiment accepté de nous accorder à distance depuis sa résidence de Minneapolis.
Thee Savage Beat : Bonjour Johnny, peux-tu te présenter pour ceux qui ne te connaissent pas ?
Johnny Jetson : Hey hey hey, qu’est-ce que tu dis là ? Je m’appelle Johnny Jetson, je suis l’homme qui se cache derrière le son des groupes Space Age Playboys, Queer For Girls,Tattooed Millionaires, et je suis actuellement en solo.
Dans quels autres groupes as-tu évolué ces dernières années ?
Mon dernier groupe c’était une formation punk qui s’appelait Speed City Vipers, avec des musiciens locaux de Minneapolis. Quand mon collègue dans ce groupe a décidé de prendre la tangente, j’en ai fait de même, et voilà le résultat !
D’où t’es venue l’idée de tenter ta chance avec une expérience solo ?
C’est arrivé plusieurs fois dans le passé, soit que le groupe ait atteint sa vitesse de croisière, soit qu’il ait implosé sur la ligne de départ. Je revenais alors à ce que je fais le mieux, jouer et composer du rock and roll. C’est ça mon boulot. J’étais un fils unique, souvent solitaire, donc si j’ai un groupe, c’est super, sinon pas de problème, c’est super aussi… Je reste pas très longtemps sans jouer, peu importe si je suis entouré ou pas.
Est-ce que ton album et le nouveau single sur ton bandcamp seront disponibles bientôt en album physique (LP et CD) ?
J’ai bon espoir que pour l’été 2021 on pourra proposer plein de vinyles, de cassettes et de CD.
Comment s’est déroulé l’enregistrement de l’album ?
Je me suis éclaté. Je travaille avec Adam Hamilton, le légendaire musicien et gourou de studio. Il assure les percussions et le mixage des chansons. Les choses sont simples en studio, pour la plupart de mes chansons il se passe un jour ou deux entre l’idée et le produit fini. Je ne me prends pas la tête, je joue, je m’amuse, je prends toutes les idées qui me traversent l’esprit. Sur les chansons, je joue de la guitare, de la basse, je chante puis j’envoie les morceaux à Adam qui habite à Los Angeles. Il ajoute la batterie et tourne les boutons sur sa console de mixage pour que les chansons sonnent le mieux possible.
Sur l’album, tu joues de la basse et de la guitare – tu recherches toujours un bassiste ? A ce propos j’ai vu cette annonce amusante sur les réseaux sociaux: “Si tu te vois jouant dans le groupe de Tom Petty ou dans les Cars ou dans Cheap Trick, tu pourrais être un bon candidat.”
Je suis toujours à la recherche de gens sympa avec qui jouer et oui, je m’en remets aux petites annonces… Si tu pourrais jouer dans un de ces groupes, tu prendrais du plaisir à jouer avec moi. En ce moment j’ai un backing band composé d’un batteur et d’un bassiste basés en Floride, prêts à partir avec moi en tournée dans un mois. Ils seront peut-être sur scène avec moi sur d’autres tournées, ou alors ils seront juste mon groupe de Floride, on verra… Ça ne me dérange pas d’avoir des backing bands différents pour chaque région des USA ou ailleurs dans le monde. Je prévois de jouer avec beaucoup de gens différents à l’avenir.
A ce sujet, quelles sont tes influences musicales ? J’ai lu quelque part que dans ta jeunesse tu aurais voulu jouer avec Joan Jett… c’est toujours une influence pour toi ?
L’étendue de mes influences est très large. Je suis un auditeur assidu de musique depuis ma plus tendre enfance. Je suis un grand fan du rock, du punk, du glam des années 70…. mais je me rends compte aujourd’hui que j’aime les chansons accrocheuses, peu importe le genre. J’adore aussi l’esthétique du rock and roll. Les looks, les styles, l’attitude. Mes influences sont infinies. Ça va de AC/DC et Aerosmith à ZZ Top, et tout ce qu’il y a entre les deux. Je ne suis pas élitiste, si ça a l’air cool et que ça sonne bien, alors ça me va… Je peux citer Bowie, Marc Bolan, Ace Frehley (Kiss), Joan Jett, Randy Rhoads (Ozzy Osbourne). La liste est infinie. Je considère ces personnes comme ma famille, moi qui était, comme je l’ai dit, un enfant unique. C’étaient mes grands frères et mes grandes sœurs, et je les aime.
Que conseillerais-tu à un jeune groupe qui débute ?
Ne laisse jamais tomber, amuse-toi le plus possible. Ne copie pas les groupes que tu aimes mais imprègne-toi avec subtilité des choses que tu apprécies chez eux. N’aie pas peur d’être rejeté. Apprends le maximum de choses sur les musiciens que tu admires, découvre ce qu’ils écoutaient dans leur jeunesse. Prends le temps nécessaire pour connaître ton instrument et joues-en bien, veille à ce qu’il soit toujours accordé. Apprends à jouer tranquille et apprends à jouer fort.
Ton premier album s’appelait THE FATHER, THE SON AND THE GHOST OF ROCK AND ROLL. On pourrait y voir une référence au film The Good, the bad and the Ugly. Est-ce que les films t’influencent, en particulier les Westerns ?
Les films hollywoodiens et la télévision ont eu une énorme influence sur moi. Je n’ai pas grandi avec MTV ou Youtube. Je n’avais pas de magnétoscope avant les années 80… Le seul visuel du rock and roll, je le trouvais dans les concerts, les magazines rock, et les late shows comme Midnight Special et Don Kirshners Rock Concert, et aussi bien sûr, American Bandstand le samedi matin. La télé et les films, ça a rempli un grand vide dans ma jeunesse. J’ai fait mon éducation dans les années 70 avec les programmes télé en prime time et le rock and roll. Pour moi ils étaient indissociables. Pas seulement les westerns, mais tous les genres. Ça va de The Munsters, Brady Bunch, Charlie’s Angels à la télé, jusqu’à tous les films que vous pouvez imaginer qu’un enfant ne devrait pas voir.
Comment définirais-tu ton style musical ?
Rock and roll, authentique.
De quoi parlent les textes de tes chansons ?
Ils parlent des filles, des voitures, du désir adolescent, de l’amour perdu. En gros, c’est l’histoire du perdant qui s’acharne à essayer de gagner.
Tu as de nombreux fans… Et toi de qui es-tu fan (pas seulement en musique) ?
Les héros dans ma jeunesse c’étaient Muhammad Ali, Thomas Jefferson, Martin Luther King Jr. Benjamin Franklin, George Washington, Evel Knievel, Reggie Jackson, Neil Armstrong… et de très nombreux hommes et femmes qui ont pris des risques et qui ont résisté.
Tu viens de sortir un nouvel EP Lick It And Split, est-ce qu’un nouvel album de Johnny Jetson est à venir en 2021 ?
J’ai sorti quelques titres extraits de l’album à venir appelé Lick It And Split. Donc, en fait ce n’est pas un EP qui est sorti, c’est juste une poignée de chansons en avant-première pour que les gens puissent en profiter maintenant. Dans ces temps modernes et digitaux, les albums ça va et ça vient tellement vite, alors je me suis dit que je pourrais publier les chansons dès qu’elles sont terminées, et quand toutes sont finies, je publie l’album. C’est assez original, mais c’est rock and roll, et donc il n’y a pas de règles.
As-tu des anecdotes de tournées et de concerts amusantes à nous raconter avec Tattooed Millionaires ou tes autres groupes ?
Je ne suis pas du genre à balancer ce qui concerne la vie de mes groupes en tournée. On a vécu plus de choses que la moyenne, et on a eu l’habitude de ne rien raconter. Je peux juste dire que c’était les habituelles histoires de groupies, de bagarres, de pannes, de presque meurtres, de shows géniaux, d’opportunités manquées, de hauts très hauts et de bas très bas, des temps difficiles et des temps très faciles, des périodes avec de l’argent où on mange bien et des périodes où on doit mendier pour manger. De jours où tu te réveilles fier de ce que tu fais et de jours où tu te réveilles honteux. Je suis juste heureux que personne dans mon groupe sous ma responsabilité n’ait jamais été arrêté ou soit mort. Ça peut paraître bizarre de dire ça, mais je suis sérieux… On a traversé tellement de choses. D’autres groupes n’ont pas été aussi chanceux.
Peux-tu nous raconter une journée type dans la vie de Johnny Jetson ?
Je me réveille, je me lève, je me passe un coup de peigne… Je descends et je bois un café… Certains jours je suis en mode papa, c’est les meilleurs, j’adore être avec mon fils. Quand on est tous les deux, tout devient ludique. Quand je suis seul, suivant mon humeur, je fais de la musique, ou je fais la promo du groupe, ou bien je bosse sur mes voitures. Sinon la plupart du temps, je fais des choses que tout le monde fait pour payer ses factures. J’essaye de faire les choses avec une attitude positive et fun et d’être sympa avec les gens que je rencontre. La plupart du temps, je remplis mes journées en écoutant un disque que j’aime, en lisant un livre ou un magazine qui m’inspire, j’essaye d’être créatif dans ma façon de m’habiller ou dans ma musique. Et puis je communique avec mes amis et mes fans sur les réseaux sociaux. J’aime aussi passer du temps à câliner mon chat sous le soleil qui perce à travers la vitre. Même si toutes ces choses ne me prennent que quelques minutes par jour, elles me font dire que je vis une vie qui vaut la peine d’être vécue.
Tu vis à Minneapolis, est-ce une ville sympa pour les rockeurs ? Quel est ton style de vie ? Minneapolis est bien sûr connue pour la ville du chanteur Prince.
Minneapolis est une grande cité sur le plan de la musique et des arts qui est malheureusement actuellement en train de tituber à cause de la crise et de l’agitation sociale. Je suis confiant pour l’avenir, mais ça va prendre du temps pour reconstruire et recoller les morceaux. Quand les choses seront revenues à la normale, il y aura des opportunités pour jouer et se faire entendre. Je ne pense pas que tout ce qui s’est passé l’an dernier aurait été possible si Prince était toujours parmi nous. Cette ville l’adore, et s’il avait dit d’arrêter de brûler la ville, je pense que les gens l’auraient entendu.
Comment vis-tu la pandémie du COVID-19 ? Quels sont les dégâts que tu constates dans le monde de la culture là où tu résides ?
Je ne pense pas qu’on verra toutes les répercussions de cet événement avant plusieurs années. Ce qui est sûr, c’est qu’il y aura beaucoup de choses négatives. Le bon côté des choses, c’est que la pandémie a obligé plein de gens à passer plus de temps avec leurs enfants et ça a rapproché certaines familles. Mais ça a détruit le rock and roll. Et si le vaccin devient obligatoire pour voyager ou assister à des concerts, plein de gens vont être discriminés. Pour moi ça a été un mauvais trip, parce que j’ai perdu mon contrat d’enregistrement, toutes mes tournées ont été annulées, et quand mon titre a été numéro un dans les charts, j’avais quasiment aucune possibilité d’en faire la promotion. C’est très dur de demander aux gens d’acheter ton album ou d’écouter ta musique, quand par ailleurs ils pensent qu’ils vont mourir. Personnellement j’ai passé une bonne année, j’ai été amené à passer plus de temps avec mon fils, j’ai tué le temps de façon créative, j’ai réparé mes voitures, j’ai acheté une moto… J’ai chassé les pensées négatives, je ne suis pas tombé dans la déprime en voyant tout ce qui arrivait. Ça me fait de la peine pour les gens qui n’ont pas pu éviter cela, mais tout ce qu’on a c’est le contrôle de notre ressenti, et si on veut que les autres autour de nous se sentent mieux, alors on doit montrer l’exemple. Je connais personnellement des personnes qui ont connu l’année la plus productive de leur vie. Ils ne le crient pas sur les toits, mais je sais qu’ils vont bien malgré le virus.
Peux-tu nous citer dix albums à écouter en confinement ?
Kiss/Destroyer Ozzy/Blizzard of Oz Black Sabbath/Heaven and Hell Judas Priest/British Steel Def Leppard/High N Dry David Bowie/The Rise And Fall of the Spiders From Mars Thin Lizzy/Live And Dangerous N.Y. Dolls/Too Much Too Soon AC/DC/Highway To Hell Cheap Trick/In Color
Qu’emporterais-tu sur une île déserte ?
Un bateau rapide.
De quel Johnny dans le rock te sens-tu proche, Johnny Ramone, Johnny Casino, Johnny Cash, Johnny Thunders ou d’autres Johnny ? Connais-tu le rockeur français Johnny Hallyday ?
J’adore Johnny Hallyday ! Si on parle du style, c’était le mec le plus cool – à ton avis, pourquoi j’aime porter des manteaux de fourrure ? Mais celui dont je me sens le plus proche, ça serait Johnny Thunders. J’ai grandi à New York, et comme je l’ai dit j’étais un enfant unique, donc tout le truc sur la solitude, je peux en parler, le sentiment qu’on est born to lose mais qu’on se bat tous les jours pour vivre.
Interview: Frédéric Quennec / Traduction: Nicolas Quennec
L’HISTOIRE D’UNE POCHETTE
Je vais vous raconter l’histoire de la superbe pochette de « Make Your Move ». Elle représente une fille topless, portant un chapeau de cowboy noir et tenant un pistolet fumant à la main. La fille est celle d’une page du magazine Creem, un numéro avec Alice Cooper en couverture. Quarante ans plus tard, Johnny a trouvé la photo lors d’un vide-grenier. Elle a été son inspiration pour des dizaines de chansons. Un peu plus tard, lorsque Johnny est entré dans les charts en numéro 1, un disc-jockey de la région de Chicago est entré en contact avec lui « au fait je connais la fille sur la photo de ta couverture … tu quoi? » « Tu connais la fille que j’ai cherché 8 ans pour trouver?!. Malheureusement la fille au chapeau de cow-boy avec le pistolet fumant était décédée. Johnny apprit par une de ses amies que Tina était l’une des belles jeunes filles de la scène rock hollywoodienne des années 1970. Elle a commencé à fréquenter le Rainbow Bar and Grill sur le célèbre Sunset Strip à l’âge de 15 ans et a été l’une des créatrices de scènes originales de la discothèque anglaise de Rodney. Plus qu’une groupie, elle était une muse. Elle sortait avec certaines des plus grandes rock stars de l’époque et est apparue dans les pages de la sainte bible du rock and roll. « En fin de compte, Tina est la fille des rêves d’adolescent tout droit sortis des pages de Creem! Et maintenant, elle est la belle fille immortalisée à jamais sur la pochette de mon album «Make Your Move» ! Se dit fièrement Johnny.
Frédéric Quennec (d’après la publication sur le facebook de Johnny)
Bonne nouvelle : Le trio garage rock Demolition Doll Rods originaire de Detroit est de retour ! Deuxième bonne nouvelle : leur nouvel album est excellent et est fortement influencé par les Cramps, les Rolling Stones, Bo Diddley et tout ce que le rock and roll a donné de meilleur. Les DDR ont réalisé quatre albums et ont assuré les premières parties de tournées d’Iggy, des Cramps, de RL Burnside et ont même croisé le fer avec Mr Rhythm aka Mr Andre Williams, aujourd’hui disparu. Ils reviennent quatorze ans après leur séparation. Des années bien remplies : A côté d’activités professionnelles, ils nous ont accompagnés pendant toutes ces années avec les garage bands The Gories et Danny & the Darleans, ou bien en solo (sous le pseudo Danny Kroha pour Danny Doll Rods le guitariste, et sous son propre nom pour Margaret Doll Rod). A la veille d’un nouvel album solo à venir pour Danny Kroha (qui sortira en février 2021 chez Thirdman records, le label de Jack White), Danny et Margaret des Demolition Doll Rods ont eu la gentillesse de répondre à quelques questions depuis Detroit, cité du rock and roll !
Thee Savage Beat : Pourquoi votre nouvel album s’intitule « Into the brave » ? Doit-on y voir un lien avec le climat actuel ? Est-ce une référence au livre d’Aldous Huxley « The Brave new world » ?
Margaret Doll Rod: Il y a des paroles dans “Humble Bow” (une des nouvelles chansons sur l’album) qui disent: “Shake my way into the brave” (Secoue-moi et donne-moi du courage). Danny a aimé ça et l’a suggéré pour le titre de l’album. C’est ma vision de la vie, et c’est une coïncidence ou peut-être même une prémonition de ce dont on a vraiment besoin aujourd’hui.
Danny Doll Rod: C’est Margaret qui a écrit ça. Ça n’a pas de lien avec la situation actuelle ou avec “Brave new world”. Sortir un album treize ans après le dernier, c’est du courage quand même, et j’ai pensé que ce titre le reflétait bien.
Humble Bow tiré de l’album Into the brave de Demolition Doll Rods
Comment est venue l’idée d’une reformation et de ce retour sur votre premier label « In The Red » ?
Margaret: Nos proches ont œuvré assidûment dans l’ombre pour notre reformation.
Danny: C’est grâce à ma femme et au mari de Margaret. Ils sont tous les deux d’origine italienne et sont de bons amis. Mon groupe Danny and the Darleans s’était séparé et ma femme m’encourageait à lancer un autre groupe. Ça ne me disait rien, je n’avais pas le coeur à ça. Margaret était dans un groupe, Heartthrob Chassis, et son guitariste avait quitté le groupe pour faire autre chose. C’est alors que le mari de Margaret et ma femme se sont parlés, il lui a appris le départ du guitariste. Et donc, un jour ma femme m’a dit “Prends ta guitare, on va chez Margaret”. J’ai dit “Ho, OK” et on se retrouve là-bas à commencer à jouer avec le batteur de Heartthrob Chassis, et tout de suite nous viennent des idées de chansons. Je savais que Larry Hardy du label In The Red serait intéressé par notre reformation, donc je l’ai appelé et il était très enthousiaste. On a enregistré une démo qu’on lui a envoyée, et il a beaucoup aimé. Il nous a suggéré d’enregistrer un album.
Pourquoi avoir attendu quatorze ans avant un nouvel album des Demolition Doll Rods ?
Margaret: Je n’imaginais pas qu’on jouerait ensemble à nouveau. Donc pour moi, quatorze ans c’est pas grand-chose.
Danny: On avait d’autres occupations. Le line-up original des Doll Rods est resté ensemble pendant treize ans. C’est une belle longévité pour un groupe, on était tout le temps ensemble. Moi j’avais besoin d’un break. Mais je n’imaginais pas que ce break durerait quatorze ans !
Dans quelles conditions s’est déroulé l’enregistrement de l’album ?
Margaret: On a enregistré au studio de Chris Koltay, là où on avait enregistré notre dernier album vers 2003. C’est à Detroit, sur Michigan Avenue. C’est très sympa, et il y a deux très gros chats.
Danny: On était très à l’aise avec lui, on avait déjà travaillé ensemble, il était familier de notre son. On a enregistré la base des morceaux en live au studio, ensuite on a posé les voix et quelques solos de guitare, mais la plupart était jouée en live. On voulait que ça sonne live.
Quels sont les thèmes des paroles des chansons de votre dernier album ? D’où vous vient l’inspiration ?
Danny: C’est Margaret qui a écrit toutes les paroles mais je sais que mon chien a été une grande inspiration pour cet album ! En parlant d’inspiration, j’ai écrit une chanson, “We Gotta Get Baby Sis Outta Jail”. C’est une histoire vraie: On était en studio avec Andre Williams (NDLR: Qui a lui aussi vécu à Detroit) pour enregistrer l’album Silky. Il avait une envie de barbecue, alors on l’a emmené au “Uptown BBQ”, et sur le chemin Christine “Thump” Doll Rod nous appelle. Elle nous annonce que le bar où elle travaillait était investi par la police, et qu’elle était arrêtée. Alors Andre s’agite et hurle: “IL FAUT SORTIR BABY SIS DE TAULE”. Ça m’a inspiré une chanson (NDLR: Ce serait un titre écrit pour Andre Williams sorti en 2012 sous le titre I Gotta Get Shorty Out Of Jail, sur l’album Night & Day) .
Margaret: Mes sources d’inspiration: Les poulets, les chiens, la coiffure, la lumière, le rythme, les amis d’autres galaxies, les couleurs, la télépathie, la croyance, et ma sœur. Les gens qu’on aime, et toutes les bonnes choses qui nous arrivent.
On peut sentir dans le dernier album, des sons évoquant Jimi Hendrix, le Velvet Underground, les Rolling Stones, The Cramps, Bo Diddley, New York Dolls, ais-je raison ? Quelles sont les autres influences musicales du groupe ?
Danny: Ouais, c’est exactement ça ! Ce sont toutes des grandes influences, encore aujourd’hui. J’ajouterai The Stooges, Ramones, Yardbirds, The Who, Troggs, Howlin’ Wolf, Muddy Waters, Ike and Tina Turner, et James Brown.
Margaret: Ike and Tina Turner, The Stooges, Shirley Ann Lee, Alex Chilton et The Angels (NDLR: un girl group sixties du New Jersey).
Etes-vous fiers de vivre à Detroit ? En quoi est-ce une ville inspirante pour les musiciens ?
Danny: Ouais, je suis très fier d’être de Detroit. Fier de toute la super musique qui est issue de cette cité. C’est un endroit parfait pour les artistes, la vie est moins chère ici. Dans quasiment toutes les maisons il y a un sous-sol, on peut y répéter. Ce qui est bien, c’est que Detroit n’est pas vraiment un endroit à la mode, on est un peu hors du temps en quelque sorte, on élabore notre son à notre propre rythme, on ne suit pas les dernières tendances. Le riche patrimoine musical de cette ville vient à mon avis de tous ces gens venus du sud pour travailler dans l’industrie automobile.
Margaret: Je ne dirais pas que je suis fière, je dirais plutôt que je suis reconnaissante envers Detroit. C’est un endroit unique à l’histoire très riche, avec des voix d’ici et de maintenant, et aussi au-delà. Il y a dans cette ville une énergie qui te remplit l’âme, qui te fait maintenir le contact avec les battements de ton cœur, suffisamment pour irriguer tes veines avec de l’adrénaline.
Vous avez fait la première partie d’Iggy Pop, des Cramps, de Jon Spencer, Andre Williams, quelles rencontres avec des musiciens ont été déterminantes dans votre vie et en quoi ?
Margaret: Ces personnes ont ouvert nos cœurs, et ont été assez gentilles pour nous permettre de nous remuer le cul sur scène pour leur chauffer la place avant qu’elles-même remuent leur cul. C’était le pied de jouer avec RL Burnside et tous les magnifiques musiciens qui nous ont donné des frissons avec leurs âmes, partout dans ce bel univers.
Danny: C’est très instructif de tourner avec des musiciens-performers d’une grande qualité, car tu les vois jouer tous les soirs pendant toute la tournée. Tu les vois tout donner soir après soir, et ça t’inspire. C’est très valorisant quand des performers de ce niveau te choisissent pour faire leur première partie. C’est très encourageant et ça te crédibilise. Une fois, Iggy a assisté à l’intégralité de notre show depuis un côté de la scène. Je ne pense pas qu’il fasse souvent ça.
Est-ce en voyant Iggy nu sur scène, que vous avez décidé de tomber les vêtements sur scène ?
Danny: Non, c’est pas à cause de lui. Margaret n’a jamais trop aimé porter des vêtements ! C’est libérateur, c’est plus confortable pour se déplacer. Et puis visuellement ça en jette.
Margaret: Je n’ai jamais vu Iggy nu sur scène, mais j’aimerais voir ça. Selon moi, l’inspiration de notre visuel sur scène vient d’une pub télé où on voit un Indien au bord de la route qui pleure quand il voit les déchets que les gens jettent sur la route. Ça m’a fait penser que notre monde était comme nos corps, que nous mettons des déchets sur nos corps. Que nous traitons notre monde comme on se traite nous-même.
Est-ce une difficulté d’être nus sur scène dans un pays aussi puritain que les États-Unis ? Est-ce mieux accueilli en Europe ?
Danny: Je pense que c’est mieux vu en Europe. Aux USA on a longtemps affublé du surnom de “groupe naturiste”. C’est pas vraiment un problème, mais ça ne fait pas très sérieux. Mais on le prend bien. On a le sens de l’humour et on essaye de pas trop se prendre au sérieux.
Margaret: On nous a même empêché de jouer dans la Bible Belt (NDT: États américains très religieux). Montrer un bout de chair aux USA c’est assez mal vu.
En quoi la religion a une influence sur votre musique ?
Margaret: Je crois que c’est plus la spiritualité que la religion qui inspire la musique.
Danny: On croit tous beaucoup en une force supérieure. Andre appelait ça “l’être supérieur” et on y croit. Pour moi c’est une question de foi. Plus tu crois dans une entité inconnue, plus cette force peut te toucher. C’est paradoxal, mais c’est ça la foi.
Faire de la musique, est-ce un full time job ?
Danny: Ca ne l’a jamais été. J’ai toujours été un musicien semi-professionnel. Je suis qualifié pour certains travaux, en particulier le plâtre et la peinture.
Margaret: Faire de la musique, ce n’est pas un boulot, c’est un rêve devenu réalité.
Si l’autre devait incarner un personnage du passé, pas nécessairement en musique, qui serait-il ?
Danny: Il y a quelques années, une fois j’étais en colère contre Margaret, et je lui ai lancé: “Tu te prends pour Jésus et Elvis en même temps !”. Ça l’a amusé.
Margaret: Pour Danny, peut-être Speed racer ou Pépé le putois.
Qu’emporteriez-vous sur une île déserte ?
Margaret: Des lunettes de soleil.
Danny: Des outils. Un couteau, une scie, une hache. Ce genre de trucs.
Pouvez-vous me citer 10 albums à écouter en confinement ?
Margaret : La BO de Peter Pan, Stooges Fun House, Dedicato a Milva di Ennio Morricone, Velvet Underground & Nico, n’importe quel album de Ike & Tina Turner, Big Star, Syd Barrett, Mad Cap Laughs, Rusty Warren Knockers Up, Betty Davis Nasty Girl, T Rex, Electric warrior.
Danny: Le premier Stooges, Le premier Velvet Underground, le premier New York Dolls, le premier Ramones, James Brown Cool, Tough, Pure…, Bo Diddley’s Greatest Hits, Stones Beggars Banquet, Let It Bleed, John Lee Hooker The Modern Recordings, Howlin’ Wolf’s Greatest Hits.
Que connaissez-vous de la culture française ?
Margaret: Ce que je sais de la culture française, c’est que j’aimerais en savoir plus.
Danny: Le béret, la baguette, et le vin. C’est ce que connaissent la plupart des Américains. J’en connais un peu plus: Truffaut, Godard, Cocteau, Voltaire, Erik Satie, Baudelaire; L’impressionnisme et le post-impressionnisme sont très connus ici: Manet, Degas, Cézanne, Renoir, Gauguin, Toulouse-Lautrec. Je ne connais que l’art en fait, je ne connais pas grand-chose sur le reste.
En quoi croyez-vous ?
Margaret: Je crois absolument en tout et en tout le monde.
Danny: Je crois en l’âme éternelle, je crois que l’énergie ne peut être ni créée ni détruite.
Comment voyez-vous l’avenir des musiciens indépendants et des clubs concerts avec le Covid ? Quand espérez-vous rejouer en Europe ?
Margaret: Attends, j’astique ma boule de cristal… Je vois un avenir radieux rempli de gens sympa qui aiment les musiciens. Les solutions ça serait de se tenir prêt, de remplir son cœur d’espoir et de réfléchir à quel endroit on aimerait être. Et puis toutes ces choses époustouflantes qu’on aimerait faire et qui arrivent. J’aimerais jouer aussi vite que possible, qu’on soit tous réunis pour prendre du bon temps.
Danny: Le futur des salles de spectacle est assez sombre. Les musiciens indépendants continueront de faire de la musique même s’ils ne peuvent pas jouer en live et partir en tournée. Je ne sais pas quelles seraient les solutions. Mon père disait “Il faut toujours que tu ais autre chose à côté pour pouvoir te retourner.” Il disait aussi: “Il faut que tu ais un métier”. Donc je suis content d’avoir mon boulot à côté. Je ne sais pas ce qui restera après cette pandémie. J’ai pas trop envie d’y penser. J’ai peur que disparaissent tous les petits commerçants et que les grandes entreprises étendent leur emprise. Ça avait déjà commencé, et je crains que la pandémie accélère ce mouvement. J’espère jouer en Europe dès que ça sera autorisé. Ça me manque de jouer en live et de partir en tournée.
En quoi l’élection de Joe Biden peut changer les choses positivement pour vous ?
Margaret: Je ne sais pas trop, mais je suis très impatiente de le découvrir.
Danny: Ce qui change pour moi, c’est que je suis content que Trump ne soit plus là. C’est moins stressant d’avoir des gens plus sensés au pouvoir. J’espère que Biden écoutera Bernie Sanders.
Que pensez-vous de l’idée selon laquelle le rock est en train de mourir ? De plus de nombreuses figures marquantes ont disparu en 2020…
Danny: Eh bien, en termes de popularité, les jeux vidéo ont récemment supplanté la musique chez les jeunes. Donc on peut dire que quelque chose meurt.
Margaret: Le rock ne meurt pas, il ne disparaît pas, il nous donne de l’espoir, de la joie et de l’inspiration. Il nous conduit aux frontières de nos esprits et fait chavirer nos âmes. Des nouveaux héros sont là, prêts à vous surprendre, et il se peut qu’ils n’aient même pas conscience de leur existence. On a tant de choses à découvrir, tout le temps. Vous connaîtrez bientôt un nouveau frisson.
Interview : Frédéric Quennec / Traduction : Nicolas Quennec
The Spits est un groupe de punk formé dans le Michigan en 1993, avec (entre autres) les frères Sean et Erin Wood. Ils reviennent après neuf années d’absence avec la même recette qui déboîte, trois accords. C’est chez Thriftstore Records qu’ils ont désormais trouvé refuge. Le nouvel album, qui a été enregistré live et très rapidement, déchire et est très recommandable ! Interview avec le leader Sean Spits…
Thee Savage Beat: Qui a trouvé le nom du groupe ? Que signifie t-il ?
Sean: C’est notre mère qui a suggéré ce nom et on ne peut pas révéler ce que ça veut dire vraiment !
Peux-tu nous présenter le groupe ?
Sean Wood – Guitare et chant
Erin Wood – Basse et chant
Lance Phelps – Batterie et chant
Bryan Alchema – Percussions et clavier
DR. Nervous – ingénieur du son
Poya au-nom-très-long – sécurité
Pourquoi le nouvel album a pris autant de temps à se faire (9 ans) ?
Au cours des neuf dernières années, un des musiciens a fait de l’humanitaire au Congo, un autre a exploré les propriétés hallucinogènes du Peyotl dans le désert de Californie, et un autre était cuisinier sur un bateau de pêche en Alaska.
Comment s’est passé l’enregistrement ? En quoi cet album est t-il un retour aux sources ?
L’enregistrement s’est fait en douceur, et on en est très fiers ! C’est un retour aux sources parce que la fabrication de cet album c’était 100% DIY ! On a tout fait de A à Z, dans une cave de notre ville !
Vous jouez plus vite que les Ramones, qu’est ce que cela t’inspire ?
Oui, parce qu’ils sont morts. Que mes héros reposent en paix !
La pochette de l’album (“Disque VI”) a des allures de fin du monde – C’est ce que vous inspire l’année 2020 ? Sinon la politique t’inspire t-elle ?
C’est un thème qui nous inspire toujours. Par contre, la politique ne nous inspire pas, on est des musiciens pas des politiciens.
Quelle est ta drogue favorite ?
Nuke, Dragon Horn, Red Bennies et Ploppers.
Quels sont vos centres d’intérêt (pas nécessairement la musique) ?
Sean – Je fais la collection de verres à shooter et j’aime cuisiner avec le feu.
Erin – Je fais la collection de disques, j’aime le tir et les voyages.
Lance – J’aime les films polonais des années 70 et les écrits de Hakim Bey.
King Khan dans une interview qu’il nous avait accordée nous disait combien il admire les Spits, il a un rapport particulier avec vous, même ta maman le connaît bien semble t’il. Tu peux nous en dire plus sur lui ? Il me disait que tu es le gars le plus drôle qui existe…
On a une longue et personnelle relation avec Khan, et on doit dire que c’est le type le plus marrant qu’on connaisse.
Si tu devais faire un duo avec une personne qui a marqué l’histoire du Rock’n’roll, qui serait elle et pourquoi ?
Fred Cole, Debbie Harry, Garry Newman ou Glen Danzig . On pourrait faire de la super musique ensemble.
Les relations avec ton frère Erin sont-elles bonnes dans le groupe ? J’ai lu dans une interview de mes confrères français Pan 360 qu’il vous arrivait de vous chamailler pas mal…
Lance n’en sait foutrement rien ! Je veux dire, à ton avis, est-ce que Eddie et Diamond Dave (NDT: Des membres de Van Halen) s’entendaient toujours bien ?
Je t’ai vu à Lyon en France au festival des Nuits sonores en 2012 où tu partageais l’affiche avec Rocket from the Tombs et les Black Jaspers je crois, te souviens-tu de ce festival ?
Oui on s’en souvient, super festival !
A ce festival, vous arboriez des masques de Ronald Reagan. Vous pourriez remettre ça avec des masques de Donald Trump ? Sinon quelle est la tenue de scène idéale pour vous ?
Impossible de dire en quoi tu nous verras. Notre costume de scène idéal serait un mélange de magie et de chaos.
Y a t-il un peu d’espoir d’un monde meilleur avec l’élection de Joe Biden ?
Il y a toujours de l’espoir. Ça résume bien les Spits ! Viva France !
Interview: Frédéric Quennec / Traduction: Nicolas Quennec
On connaît l’amour du rock’n’roll du Mike Edison musicien qui officie aujourd’hui dans le combo Edison Rocket Train. Longtemps batteur des fabuleux Raunch Hands, collaborateur des rockeurs les plus énervés, de GG Allin à Handsome Dick Manitoba des Dictators, jusqu’à Kike Turmix (Pleasure Fuckers). Il est aussi un grand écrivain. Après « Dirty! Dirty! Dirty! », et « Bye Bye, Miss American Pie » entre autres, il s’attaque aujourd’hui au flegmatique batteur du plus grand groupe de rock and roll du monde à savoir Charlie Watts des Rolling Stones. Le guitariste du groupe, Keith Richards, l’a déclaré dans une interview, « pas de Charlie, »pas de Stones. ». Charlie Watts est bien un élément essentiel des Rolling Stones non seulement grace à ses qualités humaines, qui ont permis au groupe de perdurer, mais aussi pour son swing légendaire. On connaît de lui notamment son penchant pour le Jazz. Dans son livre « Sympathy for the drummer : why Charlie Watts matters », Mike Edison retrace avec humour et intelligence l’histoire du groupe et analyse avec brio le style des Stones et leurs influences majeures à savoir l’amour du blues, du jazz, du rhythm and blues, des pionniers du rock’n’roll. Ce livre passionnant sur les racines d’un style de musique redonne ses heures de gloire au musicien le plus souvent dans l’ombre d’un groupe. Tout batteur d’un groupe aura envie de se le procurer, plus généralement tout amoureux de la musique rock and roll, Le roll est important ! le fan des Stones lui, sera comblé. Interview du sympathique Mike Edison !
Thee Savage Beat: Pourquoi un livre sur Charlie Watts ?
Mike Edison: J’avais déjà écrit deux livres sur moi et Charlie était la personne la plus importante après moi (ha ha ha). Le sujet du livre ne se limite pas à Charlie Watts, il est aussi question de tout ce qui a permis de faire ce qu’il est: Le jazz, le rhytmn and blues, les Stones bien sûr, son amour du swing et du shuffle impossible (NDT: Le shuffle est une figure rythmique que l’on rencontre notamment dans le blues). Il voyait de la beauté là où des batteurs qui avaient plus de technique ne remarquaient rien. Il avait ce petit truc en plus qui leur manquait. Pas de Charlie, pas de Stones. Comme l’hydrogène est indispensable à l’eau, peu importe la quantité d’oxygène que vous avez. Les leçons qu’on peut tirer en écoutant Charlie Watts vont au-delà de sa personne. Il ne suffit pas d’être fan, il faut vivre avec. Être en immersion. Charlie, Keith et Mick, c’est la parfaite alchimie. Et pourtant tous les honneurs vont au chanteur et au guitariste…. Il faut donner un peu de crédit au batteur !
Comment définirais-tu le style de Charlie Watts en quelques mots ?
A la fois parfait et imparfait, autodidacte, donnant le la… Ce qui est génial c’est qu’il a évolué au fil des ans. Il était excellent à leurs débuts, mais un peu guindé. Ensuite il s’est ouvert: il y a une vraie différence entre Satisfaction, véritable morceau punk – soul et punk – et Jumpin Jack Flash, ou encore Gimme Shelter, Exile on Main Street, Sticky Fingers. Ce fut une énorme évolution. Il a mené les Stones vers la terre promise. Keith Richards ne pouvait pas y arriver sans lui. Et puis on arrive à l’album Some Girls, encore le théâtre d’une grande évolution. Ça pourrait faire l’objet d’un livre (ha ha ha)…
Comment les Stones sont-ils devenus ce groupe que tu décris et qui a modelé tous les styles de musique américaine dans sa musique?
Il arrive un moment où tu t’affranchis de tes influences, suffisamment pour créer ta propre production. Les Stones étaient meilleurs de jour en jour… Ils ont transcendé le gospel et la country pour créer quelque chose que l’on ne peut comprendre que si on a vécu la drogue, la folie, les années 60 et 70… Ils étaient devenus eux-même. Le pire, c’est quand Mick pense qu’il doit sonner comme le Mick que les gens attendent. Le meilleur, c’est quand ils ne sont pas influencés par leurs fans – ou leurs propres albums.
Quelle est la chanson des Stones la plus représentative du son des Stones pour toi ?
Je pourrais dire Tumblin Dice, mais aussi à l’évidence When the Whip Comes Down. Midnight Rambler est sans doute leur chef d’œuvre.
Quelles sont les meilleures paroles des Stones ?
Les meilleures sont sans doute celles qui sont quasi-inintelligibles, grossières, qu’on ne peut pas vraiment comprendre, et, quand vous les lisez, en fait vous voyez qu’elles sont géniales. Mick était brillant, et savait comment vendre sa création. Ils ont écrit beaucoup de choses géniales, et ils savaient que les voix étaient partie prenante du rythme. C’est une des choses qui les rendent si exceptionnels.
Un auteur français nommé François Begaudeau dans «Mick Jagger, un démocrate» constate la mort des Stones à la fin de l’innocence des années 60 avec la tragédie d’Altamont, quel est ton point de vue là-dessus?
Ils avaient une grande place dans la scène culturelle, ça c’est sûr. Ils ont parcouru pas mal de chemin, de Not Fade Away jusqu’à Street Fighting man. Altamont était une tragédie… Mais les gens ont oublié que Woodstock était un désastre capitaliste. Ça a produit de la super musique, mais le rêve était déjà en train de se dissiper. Un de mes amis m’a dit que les années 60 étaient finies quand Mick a chanté « I cant hardly feel the pain no more. » (NDT :“Je ne ressens plus la douleur”). C’était en 1972.
Pas d’Elvis, pas de Little Richard : pas de Stones ?
Sans Chuck Berry, Little Richard, Bo Diddley, Jimmy Reed… C’est pas sorti de nulle part. Tout comme le hip-hop ou le punk rock, on est tous des nains sur des épaules de géants. Les Stones ont joué avec Bo Diddley et Little Richard et étaient littéralement aux pieds de Howlin’Wolf. Ils se sont inspirés de tout ça, pour le façonner à leur propre image. L’histoire a de nombreux chapitres.
Peux-tu m’expliquer ce qu’est le rock, ce qu’est le roll en quelques mots?
Roll ça te donne envie de baiser, Rock tu vois bien..
Pour moi «Get yer ya ya’s out» est le plus représentatif des qualités de jeu de Charlie dans un album. Quelle est ton opinion sur ce sujet?
A cette époque-là, ils ont commencé à trouver leur propre groove, et on a commencé à les appeler “le plus grand groupe du monde”, mais un ou deux ans plus tard, ils étaient tellement meilleurs, c’était inimaginable. Charlie et Keith devenaient très forts, et ça devenait de plus en plus agressif dans les tournées suivantes. Get Yer Ya Ya’s n’était que le début du nouveau départ.
Quelles sont les principales différences entre les Beatles et les Rolling Stones ?
Les Beatles étaient devenus un groupe “artistique” et ne donnaient plus de concert. Les Stones vivaient pour leur public. Pour être un grand groupe il faut jouer… Tu imagines un public assis écoutant A Day In The Life ? C’est pas rock and roll. Les Stones, c’était des esprits en ébullition devant des spectateurs. On pouvait voir ce qu’ils faisaient. Quand ils étaient au top, c’était comme une scène de crime. C’était dangereux.
Charlie t’as vraiment appelé au téléphone au sujet de ton livre ?
Oui ! Il a été adorable. Comme tu peux l’imaginer, j’étais fébrile. Je ne m’y attendais pas. Mon livre est arrivé dans l’entourage des Stones. Je me suis fait des amis, et ils m’ont dit qu’il était très flatté. C’était vraiment incroyablement gentil de sa part de m’appeler. Il était comme on peut l’imaginer, gentil, un vrai gentleman. Personne n’avait écrit un livre sur lui, pas un livre pour l’apprécier à sa juste valeur. Il m’a dit que ça lui plaisait que je parle du jazz et du Rythm and blues. C’est une vision globale, pas une biographie. Je n’ai pas occulté le sexe et la drogue, mais ce sont des domaines qui ont déjà été traités. Mon livre parle de musique, et je crois qu’il l’a compris. Il a dit que c’était formidable. Je suis pas prêt d’oublier ça, c’est dans le top 3 des coups de fil de ma vie !
Interview : Frédéric Quennec Traduction : Nicolas Quennec
Aujourd’hui sort une excellente compilation intitulée « Spoof Attacks (Singles And Other Stains 2011-2013) » sur le prolifique label lyonnais Dangerhouse Skylab de Bruno Biedermann. Cette compil rend hommage au brillant groupe de Eric Davidson, Livids. Ce groupe, avant son split, était une version brooklynesque de son groupe parallèle, les New Bomb Turks. On retrouve dans le line-up deux guitares qui se chevauchent : Celle de Jami Wolf (Shop Fronts et Zodiac Killers) et celle de Daniel Kelley (Moral Panic), ici deux guitares amènent plus de décibels. On peux compter aussi sur Greg Collins (Moral Panic et Radio 4) à la batterie d’une inspiration très 77. Les chœurs féminins ne sont pas sans charme, avec les jolies Joi La Cour (à la basse) et Jami Wolf. Ce LP réunit les 4 EPS et les singles sortis en 2013 chez Slovenly Records, Goodbye Boozy Records, Oops Baby Records et Twistworthy, plus une bonne poignée d’inédits studio et live ! Autant de brûlots sur cette compilation que ne renieraient pas les Ramones, car le groupe martèle ses riffs en trois accords, joués en 2 minutes 30 montre en main, voire trente secondes. Eric Davidson, le destroy boy venu de l’Ohio et ses Livids nous gravent leur « R.A.M.O.N.E.S » dans la plus pure tradition punk 77 sur leur « Theme From Livids » qui ouvre l’album. Deux reprises bien senties : Celle de l’Iguane, version New Values, un très bel hommage, et une reprise (« Savage Eye ») d’un groupe obscur glam-punk nommé « Rollerball », du meilleur effet ! « 18 excellents morceaux qui étaient faits pour se retrouver sur un long play, un master à tomber les murs par Tim Warren, une top pochette et sous pochette illustrée bourrée de memorabilia avec carte postale incluse. Pour les furieux, Il y a même 3 cartes postales distinctes, il y en a même une avec la belle Joi La Cour en tenue léopard, le jeu étant de chopper les trois. » dixit Bruno Biedermann. Warning !!! Cette tuerie qui sort début octobre est limitée à 500 exemplaires !!!
Frédéric Quennec
Livids « Spoof Attacks (Singles And Other Stains 2011-2013) » LP – Dangerhouse Skylab (2020)
Le groupe Gunpowder est un groupe des années 80 nantais, constitué du chanteur Roger Burdy chant et guitare (Flamingos, Gunpowder, Blisters ), de Tesh, second guitariste (ex Phantoms, ex Mosquitos), actuellement Tesh travaille pour LANE (anciens Thugs), Patrick, lui le Bassiste, est aujourd’hui chanteur guitariste de Bench Club à Toulouse et RIRI ( François) le batteur , lui vit à Noirmoutier et ne fait plus de musique. « Le 45T (double), s’est réalisé avec l’aide de Franck Dumaine, qui m’a beaucoup aidé à financer le projet, et c’est Franck qui avait des bandes studio ». Dixit Yannick Simon co-dirigeant du label DECOUPAGE records. « Les bandes n’étaient pas exploitables parce qu’elles étaient sur cassette audio, nous les avons récupérées et remasterisées au studio BLACKBOX à Angers ». Le disque est un superbe hommage au groupe et est l’oeuvre de passionnés, les influences du groupe sont le rock australien, des Radio birdman aux New Christs. Ce double 45 tours contient de purs morceaux rock’n’roll et devrait ravir les amateurs de rock qui aiment le son années 80. A (Re)découvrir d’urgence ! A l’heure où le rock nantais est assez pauvre,voire inintéressant, il est bon de se tourner vers les anciennes gloires locales. Ce disque forcément rare est numéroté et limité à 300 Exemplaires !
Frédéric Quennec
Gunpowder « S/T » – Decoupage Records 2020 limité à 300 exs.
« On prenait du LSD et on jouait de la musique toute la journée », Rick Maymi nous parle du Brian Jonestown Massacre, de la musique chinoise et de son oncle qui jouait dans le Grateful Dead. Sa vie est passionnante. Pour les aficionados du psychedelisme moderne, Ricky Maymi n’a pas besoin d’être presenté. Pour les autres, il est le co-fondateur du The Brian Jonestown Massacre et du groupe The Imajinary Friends et de Baihu son nouveau groupe. Maymi est resté à l’affut depuis les années 90s, il est aussi un promoteur, tour manager, multi-intrumentiste et acteur engagé de la scène indé chinoise. Il est difficile d’expliquer toutes les formations musicales dans lequel il est impliqué au risque de s’y perdre (The Wild Swans, Baihu et beaucoup d’autres).Dans cette interview, Ricky a gentiment accepté de se livrer sur sa vie qui se déroule sur trois continents, depuis son enfance haute en couleur avec son oncle Vince. Et il a essayé de démêler, avec altruisme, le fil de ses différentes connexions musicales depuis son lieu de confinement à San Francisco.
Thee Savage Beat:Salut Ricky ! Peux tu te présenter ?
Ricky Maymi: Salut! Je suis Ricky Maymi. Je suis avant tout musicien et mélomane. J’ai cette chance. Je suis originaire de San Francisco, je vadrouille entre l’Australie, la Chine, l’Europe et les États-Unis depuis de nombreuses années. Je joue dans Brian Jonestown Massacre depuis 2003, mais j’étais dans le line-up original jusqu’en 1993. Je réalise également des disques avec The Imajinary Friends, Wild Swans, Mellow Drunk, Baihu, The Telescopes et Steve Kilbey de The Church, entre autres. En plus de cela, j’ai également joué avec de nombreux artistes différents comme Sonic Boom’s Spectrum, The Triffids, JP Shilo et j’ai effectué bien d’autres guests performances en cours de route, ici et là. Je produit des groupes en Australie, en Chine et aux États-Unis depuis plus d’une décennie. De temps en temps, je donne des conférences à l’université et je fais des travaux de groupe pour des organisations musicales et je suis occasionnellement membre d’un jury pour les Douban Music Awards en Chine!
Où vis-tu en ces temps de Corona virus ?
Eh bien, je passe la plupart de mon temps dans l’isolement chaque fois que l’occasion se présente. Je venais de rentrer du Royaume-Uni aux États-Unis pour passer des vacances en famille et je suis resté coincé en Amérique depuis à cause de la pandémie. En ce moment, je passe mes journées essentiellement en compagnie de mes chats, ce qui me va très bien. J’aime passer mes journées dans la paix et la tranquillité.
Quel est ton top ten des albums à écouter en confinement ?
Thomas Dolby – The Golden Age Of Wireless
Metro – Future Imperfect
The Tubes – Remote Control
Yukihiro Takahashi – Neuromantic
The Triffids – Born Sandy Devotional
Be Bop Deluxe – Sunburst Finish
Bill Nelson – Getting The Holy Ghost Across
Lloyd Cole & The Commotions – Rattlesnakes
Aztec Camera – High Land, Hard Rain
Pale Fountains – Pacific Street
Qu’écoutais-tu dans ta jeunesse et maintenant ?
Étrangement, j’écoute toujours tout ce que j’ai toujours aimé au cours de ma vie. J’écoute encore beaucoup de musique que j’écoutais enfant : David Bowie, The Kinks and The Beatles, Roxy Music, Men At Work, Thomas Dolby, Culture Club! J’aime tout! Ensuite, il y a eu Mary Chain, Lloyd Cole, Love & Rockets, Japan / David Sylvian et Bill Nelson. Ce sont grandes obsessions musicales pour moi. Encore aujourd’hui. Mes goûts musicaux sont si variés, en ce moment j’écoute Melon, qui deviendra plus tard Water Melon Group. Melon a été formé par d’anciens membres de The Plastics. Un groupe japonais légendaire.
The Plastics
Peux-tu nous parler de ton oncle qui jouait dans le Grateful Dead ?
Bien sûr! Oui, j’ai toujours voulu être comme lui.
Tu peux nous en dire plus sur cet oncle « Vince » ?
Mon oncle, Vince Welnick, était un membre fondateur de The Tubes, il est resté avec eux tout au long de l’âge d’or du groupe. Il a ensuite rejoint Todd Rundgren et plus tard The Grateful Dead. Il a eu une énorme influence sur moi à tous égards! J’adore les histoires de The Tubes en tournée avec Yellow Magic Orchestra, Be Bop Deluxe, David Bowie, Wire, The Stranglers, Squeeze. Puis il y a eu toutes ces histoires de jam avec Eno, Dylan et tant d’autres comme Merle Saunders, Henry Kaiser, les frères Marsalis, la liste est longue. J’ai eu la chance de jouer avec lui sur des albums comme Smallstone et Tipsy. J’allais aux concerts de Tubes, Todd Rundgren et Grateful Dead chaque fois que je le pouvais! Quand Vince a rejoint les Grateful Dead, mon oncle m’ envoyait la limousine pour venir me chercher et m’amener moi et mes amis au spectacle! La limousine nous ramenait aussi à la maison.
The Brian Jonestown Massacre
Quels sont les trucs les plus fous que tu as vécu avec le Brian Jonestown Massacre au cours des tournées, de la vie quotidienne ?
Je ne suis pas libre de divulguer les trucs les plus fous… Ceci afin de protéger les innocents qui ne sont pas là pour se défendre. Tu sais, ce qui se passe sur la route, reste sur la route, comme on dit. J’ai de bonnes raisons pour dire ça ! Tout ce que je peux dire, c’est qu’on en a fait des conneries…
Qui a trouvé le nom du groupe « Brian Jonestown Massacre » ?
Nous étions sous LSD et on jouait de la musique toute la journée. Soit Anton, soit Travis l’a inventé. Travis a créé le logo.
Un groupe psychedelic doit-il prendre des drogues pour être créatif ?
J’ai arrêté toutes les drogues psychédéliques à l’âge de 21 ans. C’était un truc de jeunesse. Ca peut avoir du sens, mais on doit être conscient de ce qu’on fait. Personnellement, je pense que les antidépresseurs c’est de la merde. Je pense que chacun doit trouver une alternative à ça, pour s’en détacher. Je souhaite que chacune de ces personnes se sentent bien avec elles-mêmes.
Vous vivez un peu partout dans le monde les Brian Jonestown Massacre. Où vous retrouvez vous ?
Nous nous retrouvons tous au même endroit, généralement Berlin. Ensuite, nous répétons pendant une semaine, puis nous prenons le bus pour partir en tournée !
The Brian Jonestown Massacre
Que penses-tu de l’Epée le nouveau groupe d’Anton Newcomb ? Comment vois-tu le futur pour les BJM ?
C’est cool! Wen Yuzhen de Birdstriking a réalisé le graphisme de L’Epée! Nous avions prévu une tournée BJM cette année, mais c’est mort. Espérons qu’en 2021, nous pourrons rejouer!
Mon album favoris de BJM est ma K7 de Pol’s Pot Pleasure Penthouse, il est sorti sur Burger Records. Tu peux nous dire deux mots sur cet album ?
C’est mon album préféré aussi! Toute la musique est de Anton enregistré sur un 4 pistes, avec Travis sur la majorité d’entre elles. Ils enregistraient au moins un titre chaque jour. Tout a été fait sur l’équipement de Sean Curran, des The Sickerthings, qui à l’époque était dans le groupe Nebtwister. C’était le colocataire d’Anton. Anton avait l’habitude de nous préparer le dîner tous les soirs, des viandes bio de la ferme des parents de sa petite amie Sally…
Que t’as inspiré l’affaire Burger Records ?
Depuis le début, ce sont des mysogines qui sont aux commandes. Ça n’a rien de nouveau. Je suis consterné mais pas surpris d’apprendre que ce genre de chose se passe sur la scène musicale. Je ne sors pas, je suis papa, je suis d’âge mûr et je considère tout le monde comme l’enfant de quelqu’un. Je suis heureux que des gens soient dénoncés pour avoir abusé de ces pauvres jeunes filles. Nous sommes tous responsables de notre propre comportement, peu importe à quel degré nous sommes en perdition.
Le groupe chinois Baihu
Dans quels autres groupes de musique as-tu aussi évolué ?
Je joue dans un groupe avec des membres de Birdstriking (NDLR : excellent groupe chinois) appelé Baihu. Nous avons un album qui sort en Chine, « Power of the Light – Beauty of the Shadow » sur Ruby Eyes via Taihe Music Group, le plus grand label en Chine. Je joue dans The Wild Swans, Je joue dans Mellow Drunk avec Leigh Gregory. Avec Mellow Drunk nous avons un nouvel album intitulé « One Thousand Lights » sur Tip Top Recordings, qui, je crois, a une connexion en France. Je joue aussi dans les Imajinary Friends avec Tim Digulla, Tipsy et Travis Threlkel (membre fondateur du BJM).
Rick Maymi dans les années 80
Tu as aussi joué dans les Wild Swans, un groupe anglais des années 80, quel souvenir en gardes tu ?
En fait, j’ai rejoint The Wild Swans en 2007 et nous venons de terminer les morceaux d’accompagnement d’un nouvel album, cette fois avec Marty Willson-Piper (The Church / All About Eve) et Edgar Jones (The Stairs). The Wild Swans est un groupe renommé de Liverpool de 1981 qui a fait son premier single (NDLT/ « Revolutionary Spirit ») sur ZOO Records de Bill Drummond . Il a été produit et financé par Pete De Freitas d’Echo & The Bunnymen, qui joue également de la batterie sur celui-ci. Il y avait deux albums acclamés par la critique sur Sire Records dans les années 80, « Bringing Home The Ashes » (1988) et « Space Flower » (1990). Puis notre leader, Paul Simpson, a fait de la fantastique musique d’ambiance rétro futuriste sous le nom de groupe de Skyray pour le label « Space Age Recordings » puis « Ochre ». C’est ainsi que nous sommes entrés en contact car je travaillais avec ces labels quand je jouais pour le groupe The Imajinary Friends. Quand Paul et moi avons redémarré The Wild Swans, c’était avec Mike Mooney du groupe Spiritualized et Julian Cope, ainsi que Les Pattinson d’Echo & The Bunnymen. Après avoir réalisé l’album « The Coldest Winter For A Hundred Years » (2011) nous sommes partis tournée avec Stuart Mann à la batterie (plus tard BJM) au Royaume-Uni et aux Philippines, où la popularité du groupe est ENORME !! Un nouvel album des Wild Swans est à venir dans un avenir pas trop lointain (j’espère).
Des histoires te reviennent sur ton groupe de San Francisco, The Imajinary Friends ?
Nous avons eu le chèque pour faire notre premier album avant même de répéter! Ha! J’aurais du prendre des cours avec cet argent! Nous avons essayé d’avoir le rappeur Paris sur notre dernier album mais il voulait beaucoup d’argent pour écrire le titre! Donc, nous avons Moog Morgan, qui a écrit de fantastique paroles EN FRANÇAIS! Elle a également enregistré sa propre piste vocale et nous l’a envoyée! C’est une star! Elle a chanté avec BJM à St Malo en 2018, (avec Stuart Mann de The Wild Swans à la batterie).
Où te sens tu le mieux dans le monde ?
Dans l’hémisphère sud, l’Australie ou Nouvelle-Zélande, après c’est la Chine et puis l’Europe du nord.
Peux tu nous parler de ton nouveau projet avec des membres de l’excellent groupe chinois Birdstriking qui se nomme Baihu ?
Oui, nous avons fait une tournée en Chine à la fin de 2018 pour promouvoir l’album « Power of the Light – Beauty of the Shadow ». Le chanteur, Monkey, est également le chanteur de Gate To Otherside et aussi le batteur de Birdstriking. Certains membres étaient également dans Carsick Cars. Yang Fan de TOW / Ourself Beside Me / Hang On The Box est dessus aussi! J’espère que nous pourrons bientôt refaire un autre album!
Okay Ricky, cite-nous 10 groupes chinois excellents à découvrir d’urgence dans tous styles de musique !
Juste de la bonne musique.
1: Birdstriking
2: Chui Wan
3: White+
4: TOW
5: The Molds
6: Gar
7: Duck Fight Goose
8: Mr. Graceless
9: Dear Eloise
10: Carsick Cars
JUST GREAT MUSIC!
Comment expliques-tu que le rock chinois soit si confidentiel ? Le racisme ? Un certain interdit dans son pays ?
J’ai beaucoup appris sur le racisme anti-chinois depuis que j’ai commencé à produire et distribuer des groupes chinois et à organiser des tournées internationales de groupes chinois. La xénophobie est bien vivante. Même dans la musique rock, très élitiste. L’idée reçue, c’est que « indie » ou « punk » sont chasse gardée de l’Occident. Je trouve que ce sont des conneries. Parce que l’Occident est trop intrinsèquement conservateur, gentrifié et homogène pour que le véritable esprit du rock and roll y perdure, et il doit tendre la main à de nouveaux territoires. Pékin était l’endroit parfait. La Chine n’est pas liée à l’histoire de la culture populaire rock comme le reste du monde, donc ils ont une vision vraiment nouvelle de tout. Joy Division et The Velvet Underground signifient bien plus en Chine que les Beatles ou les Stones ou Elvis. C’est une perspective très différente. Faudrait demander aux Chinois, vaste sujet. J’ai déjà fait beaucoup.
Rick Maymi (à droite)
En quoi crois-tu ?
L’Amour, la paix, l’harmonie, la compassion, l’acceptation, l’empathie, l’esprit rock and roll.
Interview et traduction : Frédéric Quennec / Aide à la traduction : Nicolas Quennec
On attendait des nouvelles de Nobunny depuis pas mal de temps, c’est un fait il n’est pas sorti de sa tannière depuis 2013, et au moment où on s’y attendait le moins, le voilà ! Nobunny, Justin Champlin, notre sautillant chanteur rock’n’roll qui arborait un masque de lapin et affublé d’un perfecto noire et d’un slip, une sorte de Chantal Goya à l’américaine de part ses chansons innocentes, un déjanté du milieu garage, défraie aujourd’hui la chronique chez nos amis américains en quittant le monde du rock’n’roll. Il n’a pas vraiment choisi tant la vague déferlante de révélations sur de sombres affaires d’abus sexuels sur mineures qui ont eu raison du label Burger Records, ont poussé notre Bunny a faire des révélations consternantes : il aurait abusé de jeunes filles mineures. Nobunny s’est repenti, il aurait fait une thérapie, il aurait arrêté la boisson, il a lui-même été abusé enfant et adulte par un gang . Quoi en penser ? Certains vous diront que comme Céline, certains artistes sont souvent un peu détraqués mais leur art restera. Pour ma part, le concert organisé par la loboto’s à la scène Michelet à Nantes le 05 Octobre 2010 me restera en mémoire longtemps. On avait fait l’accueil des groupes, avec mon ami Domi et on avait demandé dans un anglais hésitant où était Nobunny. Ils nous avaient demandé de la coke, ou de l’herbe, mais on avait rien à fournir au groupe. Tous nous ont dit qu’il était en train de dormir (He’s sleeping now), on l’a cru à ce moment là. On avait pas reconnu Justin sans son masque de lapin. A part cette anecdote innocente, ce fut un concert explosif, ce concert a marqué l’histoire de la scène Michelet à Nantes. Bien sûr, cette histoire est assez triste pour tous les fans de notre animal lagomorphe. Je réécoutais du Nobunny ce soir, reste son œuvre, un premier album innocent « Love Vision », avec une reprise de « Nobody but me » des Human Beinz à la sauce moudardée. Reste pour les plus curieux de découvrir son ancien groupe The Okmoniks qui va certainement passer à la trappe également. Le label Burger records n’existe plus, Goner records a supprimé le catalogue Nobunny. A savoir si le lapin finira en cage, il n’y a qu’un pas.
Frédéric Quennec
LE MESSAGE DE NOBUNNY :
I don’t believe I have been publicly “called out” but it is def long past time for me to say something.
I fucked up bad. I used my power and influence to take advantage of young women and teenage girls. I have hurt people. I let my “fame” go to my head. Young money acting dummy. My time is up.
I am truly sorry to anyone who was hurt by me. Nobunny was supposed to be about love and silliness and it got dark. I let people down. I hurt people. I am deeply ashamed. I apologize to my friends and family and fans whom I have disappointed.
Everything I have ever done was consensual and seemingly enjoyed by both parties, but with age, gender, and power dynamics, I realize that consent isn’t always there if the power dynamic is off.
Some of you know me as a nice kind man. I am that. I am also someone who has used his power to hurt others.
Sex Drugs and RnR became my religion. Please Kill Me was my Bible. Kim Fowley was my god. Not an excuse. These should not be templates. And one should eventually grow up from that.
I was sexually abused as a child. I was gang raped as an adult. 9/10 times when I perform people touch me inappropriately on stage. These however are still not excuses. I am still guilty
When I was a freshman in HS a member of arguably the most popular punk band from Chicago ever used to come to my school after class and buy my friends and I booze and sleep with my teenage female friends. It seemed perfectly normal. It shouldn’t have been then and it shouldn’t be now.
For the past 3 years I have been proactively changing my life for the better. I quit drinking over a year and a half ago and go to weekly therapy. I have been and will continue to do serious self reflection on my actions and how they have affected others. Not an excuse. I am still guilty.
I do believe that just like more white people need to speak up and do the work to be anti-racist, more men need to hold themselves and others accountable for their toxic behavior. Anti-chauvinist action needs to be part of mens daily routine. I have seen plenty of fucked up things and said nothing. The patriarchy is real and it needs to be destroyed. Men need to do better. I need to do better
Nobunny is over. Thank you all for your past support over these 19 years. I’ll be removing all the social media in the next 48 hours.
To the people speaking up and sharing their stories. I commend you. It is brave and I imagine difficult. You are doing the right thing.
I believe people can change and grow but it doesn’t happen overnight and it takes real commitment and work. It is often not easy and often painful, but worth it and necessary.
Again I am truly sorry and deeply ashamed and I apologize to all the survivors and victims of myself and the toxic scene at large that I am a part of.
I know this will not be enough for some. I am trying my best and will continue to try harder.
Dan Sartain (de son vrai nom Daniel Fredrick Sartain) est un compositeur émérite, prolifique et reconnu. En Alabama, où il réside, il travaille comme barbier. Mais il est surtout un artiste poète, romantique et idéaliste. Son univers c’est les années 50 et 60, et il compose des morceaux classieux à la manière d’un Alan Vega ou d’un Chris Isaak. Aujourd’hui sort son dernier album, Western Hill, et il est superbe ! On peut ressentir dans sa discographie ses influences blues, rockabilly, surf ou garage, voire punk. Dan Sartain a gentiment accepté de se confier à moi, l’occasion de le retrouver durant le confinement et de faire un point sur sa carrière déjà longue.
Photo: Sarah Marie Orr
Thee Savage Beat : Qu’écoutait le jeune Dan Satain ? Qu’est-ce qui a été déterminant pour lancer ta passion pour la musique ?
Dan Sartain : Dans ma jeunesse, le Hard Rock c’était le gros truc. On parle là d’Alice Cooper, ACDC, Van Halen, des trucs comme ça. Après ça j’ai beaucoup aimé la pop musique. MC Hammer et Vanilla Ice étaient vraiment cool. J’’écoutais aussi de la musique avec un côté plus sombre, comme les Geto Boys et Ice Cube.
Nirvana, tout ça, c’est apparu au moment où j’ai sérieusement commencé à jouer de la guitare. Avant le grunge, c’était vraiment intimidant d’aller dans un magasin de guitare. Après Nirvana, on avait pas besoin d’avoir des costumes sophistiqués ou du matériel coûteux. Je n’ai rien contre, c’est juste que je ne pouvais pas me permettre quelque chose comme ça. Ce qui a été déterminant pour moi est quand mon frère est entré dans la Marine au début des années 90. Il est revenu avec tous ces disques qui étaient populaires localement à San Diego. Je suis tombé amoureux de toute cette musique et je me suis finalement lié d’amitié avec la plupart de ces groupes. Cela nous a conduit à peu près où nous en sommes aujourd’hui.
Comment vis tu ces périodes de confinement ?
Il est vraiment trop tôt pour se sentir à l’aise et dire que tout cela n’est qu’une routine. C’est sympa de renouer avec ma famille, mais ça me manque de travailler. Je suis sûr que quelque chose de bon en sortira.
Comment actuellement les musiciens américains vivent t-ils cette situation ?
Je ne peux pas parler pour nous tous, mais j’en connais qui sont très énervés par la situation. Être en colère contre un virus, c’est comme être en colère contre Moby Dick ! Nous pouvons cependant être énervés par la situation. Je le suis.
En tant que poète, comment vois tu l’avenir de notre monde ? Penses tu qu’un changement de civilisation est possible après cette crise ?
Le jeune Dan Sartain connaîtrait la réponse, mais ce mec là ne connaissait pas ce que vraiment dire l’expression « être dans la merde ». Je pense que je suis assez intelligent maintenant pour savoir que je ne suis pas assez instruit pour spéculer sur quelque chose comme ça. J’imagine que du bon sortira de cet isolement. Je veux dire cela dans tous les domaines.
Photo: Sarah Marie Orr
On peut citer Jonathan Richman ou les Cramps et Elvis, Alan Vega parmis tes influences ? Y en a t-il d’autres ?
J’ai récemment parcouru tout mon catalogue. Je n’écoute pas du tout ça d’habitude. Une fois qu’un disque est fait et sorti, je ne l’écoute presque plus jamais. La dernière fois que j’ai sorti un disque c’était il y a environ cinq ans, donc j’ai le recul suffisant pour faire un bilan objectif. Et je peux dire que j’ai été très influencé vocalement par Ol Dirty Bastard et Jacques Brel.
Aujourd’hui sort sur bandcamp l’intégrale de tes albums, comment vois tu le parcours parcouru ?
J’étais un gars assez pleurnichard et autocentré. Je ne suis plus si angoissé. Je suis content d’avoir pu profiter d’un exutoire, et des gens pour m’écouter. Ce que je peux dire des enregistrements est que certaines des tonalités que nous avons retirées de cet équipement bon marché sonnent toujours très bien. Mes enregistrement, ça va du truc fait dans un garage au studio à 30,000 $ la journée. Je sais que beaucoup de gens se retrouvent avec du temps libre soudainement. C’est un bon moment pour creuser si vous êtes curieux.
Quels sont les morceaux de ton intégrale dont tu es le plus fier ?
Ce sont tous mes enfants et je les aime bien sûr tous pour différentes raisons. Too Tough to Live est peut-être celui dont je suis le plus fier. J’ai joué de la basse et de la batterie sur toutes les pistes de cet album. Il y avait quand même quelques invités de marque, mais je portais le poids d’un groupe de quatre . Celui-là est toujours très sympa à écouter de bout en bout.
Quelles anecdotes retiendra tu de 20 ans de musique, quels furent tes meilleurs souvenirs de concert ?
Quand je tournais avec l’un des groupes qui étaient des amis du label de Swami Records, je savais que nous étions en bonne compagnie et que nous nous battions pour la même team. Cette fois là à Glasgow, j’ai trouvé ce pot de hot-dogs marinés derrière la scène. Je tournais avec les Night Marchers. Ils avaient une chanson sur les hot-dogs et les choses sont devenues incontrôlables. Le groupe se servait des hot-dogs pour jouer des instruments. Il y avait partout de la sauce de hot-dog mariné. Le propriétaire du club est descendu au plus fort de tout cela. Il a juste regardé autour de lui et a secoué la tête et est remonté à l’étage. Je ne sais pas si les Night Marchers ont rejoué là bas depuis, mais je ne pense pas que j’y retournerais avec eux. Glasgow a toujours été une ville étonnamment amusante. Il y a eu cette autre fois où Courtney Love s’est présentée à l’un de mes spectacles, mais c’était un spectacle du dimanche pendant la journée et elle l’a totalement raté. Elle est arrivée quand tout le monde était parti. Quand j’ai appris la nouvelle, j’étais un peu dégoûté, je n’ai pas pu la rencontrer. Une fois, je me suis assis à côté de Kanye West lors d’une cérémonie de remise de prix! C’est une longue histoire, mais j’étais une doublure pour un autre artiste qui a été jugé peu fiable. Le gars pour qui j’étais la doublure s’est présenté, et les personnes qui ont organisé la cérémonie de remise des prix m’ont donné une bouteille de Jack Daniels comme prix de consolation, et ils ont dressé notre table juste à côté de Kanye West. Je voulais demander une photo mais je n’ai jamais eu le courage. Quand je suis rentré chez moi en Alabama, je suis retourné à Domino’s Pizza, où je travaillais, et personne n’a cru à l’histoire.
Quel est ton nouveau projet « Western Hills », on parle d’un album et d’un documentaire ?
Oui! C’est un album et un documentaire. Ma fiancée est venue et a filmée beaucoup de séquences studio. Nous avons juste continué à monter et à filmer. Avant de le savoir, on avait l’impression que nous avions quelque chose de plus que nous voulions. Cela a commencé à ressembler à un film réel plutôt qu’à du matériel promotionnel pour un album à venir. En fin de compte, c’est toujours ce que c’est, mais pour moi, c’est un témoignage important d’un moment important de ma vie. Je suis heureux de pouvoir enfin le partager avec tout le monde.
Quels sont les choses que tu aimes dans la vie ? que tu n’aimes pas ?
J’aime ma famille et la musique, j’aime aussi être barbier. Il y a des choses qui sont un peu communes. Mais une chose que j’aime dans la vie, c’est quand un restaurant fait une sauce spéciale. Je pense que les les restaurateurs qui utilisent des sauces en bouteille sont des fainéants. Je veux goûter la recette familiale de quelqu’un. J’ai la chance de vivre dans un endroit où les autres apprécient autant les sauces spéciales que moi. Je n’aime pas le mal. Je l’ai rejeté sous toutes ses formes. Alléluia.
Photo: Sarah Marie Orr
Quel le bilan que tu fais de tes 20 ans de musique ?
Je ne peux pas penser à une meilleure façon de passer cette période de ma vie. Je me suis fait des amis pour la vie partout dans le monde. J’ai eu la chance de faire n’importe quel style de musique que je veux, et j’ai eu le soutien de mes amis, de ma communauté et du label. D’après mon expérience, l’industrie de la musique a été beaucoup trop gentille avec moi depuis trop longtemps. Je leur en suis reconnaissant.
Quels sont les groupes actuels que tu aimes ?
Boy Harsher est vraiment bon.
Quels sont tes projets pour le futur ?
Je voudrais traverser le Pacifique, me marier, visiter Marfa Texas, élever ma fille pour en faire quelqu’un de meilleure que moi et diriger mon salon de coiffure jusqu’à ce que je sois trop vieux pour le faire ou mourir.
Photo: Sarah Marie Orr
Quels sont tes meilleurs anecdotes de première partie avec The White Stripes et The Hives ? les pires ?
Le pire, c’est que le public n’est vraiment pas là pour vous et qu’il a hâte que vous partiez. J’ai toujours eu plus de plaisir à jouer devant 100 personnes ou moins. C’est le genre de concerts auxquelles je me suis fait des amis. Lorsque vous jouer des spectacles devant des foules de plus d’une centaine de personnes, je n’ai pas l’impression que vous puissiez vraiment établir un lien personnel ou faire quelque chose d’unique. Je sais qu’il y a des artistes qui peuvent faire ça, mais je ne pense pas que je suis l’un d’eux.
Interview et traduction : Frédéric Quennec (Relecture : Nicolas Quennec)
Emmenés par le Floridien Gino Gambino, les Gino and the Goons jouent un énergique et jubilatoire punk rock – garage – lo-fi qui lorgne du côté des Ramones, Chuck Berry, Willie Nelson, Nervous Eaters, et Motörhead. Bien que relativement confidentiel à ce jour, le groupe reçoit bien des éloges venant des spécialistes du garage… C’est le premier gang de Gino, dans lequel il joue de la guitare, chante, écrit les paroles, et en est le leader. Ils exécutent un punk rock rapide et excitant, adorent les reprises de classiques du rock’n’roll qu’ils modèlent avec brio. Nous retrouvons donc avec joie dans cette interview un Gino confiné mais super motivé pour propager la bonne parole des Goons. Le covid 19 est passé par là, mais on aimerait bien une tournée sur notre territoire de Gino and the Goons pour 2021.
Bonjour Gino, quel est ton quotidien en ces temps de confinement?
Je vis dans le sud de la Floride. Je travaille encore mais moins. La plupart des endroits sont soit fermés, soit ont réduit leurs heures d’ouverture, ou encore se limitent à un système de dépôt/ramassage. C’est étrangement tranquille. Je ne sors pas de chez moi, et j’ignore si il y a des endroits où les gens se rassemblent. Je vais au travail, je suis à la maison, je me rends au supermarché et quelques fois au bureau de poste.
Peux-tu nous présenter le groupe ?
Il y a Mr. Sonny Joe Harlan à la batterie et au chant. Notre histoire date d’il y a trèèèèès longtemps sur les collines de la Pensylvanie, il y a plus de 30 ans. C’est le meilleur rocker qu’on puisse trouver sur les deux rives du Mississipi et des deux côtés de la ligne Mason Dixon.
Pareil pour Mr. Ronnie James Dinteman à la basse et aux choeurs. Ca fait environ 10 ans qu’on joue ensemble. C’est Sonny qui me l’a présenté, ils jouaient ensemble depuis encore plus longtemps. C’est un très bon musicien et un super pote ! Je suis très content qu’il soit avec nous. C’est super d’avoir des vieux potes qui composent la section rythmique.
Est-ce que le nom des Goons est inspiré d’un trio comique « The Goon show » un peu comme les Stooges avec « the three Stooges »? Aimez-vous les Stooges?
Voilà, pareil que les Stooges, sauf qu’on est les Goons !
J’adore les Stooges !!! Ça existe quelqu’un qui ne les aime pas ?
Quelles sont les inspirations du groupe, on pourrait citer les Supercharger? Les Ramones? ce genre de chose ?
The Three Stooges, Peter Seller and the Goons, Mel Brookes, Looney Tunes, Abbott & Costello, Marx Bros., The Simpsons, booze, Ramones, le volume, fumer, Willie Nelson, transpirer, le fun, rire, le sexe, les déviants sexuels, la frustration, les problèmes mentaux, Bob l’éponge, Black Sabbath, la gentillesse, le partage, la solidarité, être seul, Hank Williams, Jeff « monoman » Conolly, Charlie Watts, Pat Todd, Willy DeVille, Fred Cole, Link Wray.
Comment pourrais-tu décrires votre musique à des personnes qui ne connaitraient pas?
D’où te vient l’inspiration pour l’écriture des paroles, comment tu procèdes?
De la vie.
Quel est ton top 5 de chansons lo fi ?
1. N’importe quoi de Fred Cole
2, N’importe quoi des enregistrements des Stooges non publiés à l’origine après Raw Power
3, n’importe quoi de Teengenerate/New Bomb Turks
4. N’importe quoi des Rip Offs
5. N’importe quoi des Mummies.
De grands noms de la production comme Jim Diamond et Tim Warren remixent ou font le mastering de vos album, est-ce une reconnaissance?
C’est juste que ça s’est passé comme ça. Si Slovenly (leur label – NDT) sort un disque, Tim fait toute la production, que ça te plaise ou pas.
C’est un peu pareil avec Big Neck. Ils m’ont demandé si j’avais quelqu’un en tête, mais il m’a dit qu’ils pouvaient avoir Jim. Donc bien sûr j’ai accepté.
Au départ il devait se limiter à la production. J’avais une question sur le mixage, et il a mixé une chanson pour me montrer. J’ai aimé ça et je lui ai demandé si il voudrait mixer l’album. D’habitude c’est moi qui m’en charge, mais à l’époque je manquais de temps et je voulais que ça soit fait sans attendre. On avait dix autres chansons à mixer et à produire pour une sortie sur Drunken Sailor. Il était cool et patient chaque fois que je lui suggérais quelque chose.
Vous avez sorti un album de reprises « Wrong Side Of Another Day, Vol. 1 », quelles sont les reprises tu voudrais faire dans le futur ? Quelles reprises ne voudrais tu pas faire?
Je ne suis pas sûr, mais je suis impatient de trouver.
Vous reprennez deux titres des Stones sur cette compile, que représente pour toi actuellement le groupe les Rolling Stones?
C’est un de mes groupes favoris, certaines de leurs chansons font partie de mes préférées, leurs musiciens aussi.
Quelle a été ta meilleur experience de concert? Et la pire ?
Tu veux dire un concert des Goons ? Je pense à trois concerts en particulier, le tout premier, le dernier qu’on ait donné avant que ce putain de virus foute tout en l’air, et en troisième, tout ceux entre les deux. Les pires, c’est ceux qui ont été annulé à cause de cette merde de virus.
Tu as beaucoup de fans ici en France, voudrais tu y faire une tournée un jour ?
On a donné des concerts en France il y a environ 5 ans. On a essayé d’y retourner depuis. Mais on reviendra, j’espère en 2021.
Quel est la meilleur chanson de Gino and the Goons?
La meilleure chanson ? Une seule ? Hum… je peux pas en citer d’autres ? J’ai plus de 20 nouvelles chansons que je suis sur le point d’enregistrer et je suis très impatient. Pas facile comme question, je ne peux pas répondre.
Quelle est ta drogue favorite?
Le bacon.
Quels sont tes 10 albums préférés à écouter en confinement?
Dead Moon- n’importe lequel
‘Stones – n’importe lequel
Link Wray- Missing Link Vol.I thru IV & s/t
Endless Boogie -Vol. I & Vol. II
Something Lou Reed
Willie, Waylon, Merle, Hank
The Muffs -Any
Mink DeVille
Chuck, Richard, Bo, Fats and Jerry Lee
the first 4 Black Sabbath records
Comment vois-tu le futur du rock’n’roll ? Quels sont tes projets pour le futur?
Je n’ai aucune idée du futur de quoi que ce soit. Mon projet c’est juste donner des concerts, enregistrer, et puis partir sur la route. De longues virées lors de weekends dans le sud-est et d’autres villes au hasard aux Etats-Unis. Et puis un voyage de plus de deux semaines sur la côte ouest. Et j’espère une tournée européenne en 2021. Et n’importe où tout ça me mène.
Que conseillerais-tu à un groupe qui commence à jouer et qui joue ton style de musique?
Enregistrez et voyagez autant que vous le pouvez. Amusez-vous, travaillez dur, et débarassez-vous de tous les rabats-joie et de ceux qui ne travaillent pas dur. Préparez-vous à faire des sacrifices et inspirez-vous des gens que vous rencontrez sur le chemin. Je ne dis pas que c’est la meilleure chose à faire, c’est juste que ça me semble juste, je pense que c’est le plus fun.
Quels sont tes prochains projets?
J’enregistre une chanson de Bo Diddley pour un coffret qui va sortir sur Slovenly Records. Et puis enregistrer un LP, des singles, et tout ce qui peut arriver.
Interview : Frédéric Quennec / Traduction : Nicolas Quennec
Avec les camarades de la Loboto’s, on a pu voir King Khan en concert avec différents line-up au fil des ans (Shrines, King Khan and BBQ, Black Jaspers). Il nous avait confié (dans le fanzine Loboto’s de mars 2005) son admiration pour les Magnetix. Je me souviens qu’un ami avait prédit que ce groupe deviendrais énorme, après avoir assisté à un mémorable concert dans la petite salle du Cosmic Trip y a 25 ans maintenant. King Khan a eu du nez également. Sur l’idée de Sean Spits (son frère spirituel), il a créé Louder Than Death. C’est un collectif incroyable comprenant des membres du groupe français les Magnetix (Looch Vibrato et Aggy Sonora), Sean Spits, et le terrible Fredovich (The Shrines) à la basse. Suite à leur énergisant concert à Nantes, King Khan, Aggy et Looch ont gentiment accepté de répondre à quelques questions.
Thee Savage Beat : King Khan, sur quel royaume règnes-tu ? Qui sont tes sujets ?
King Khan : Les huîtres… Je suis le roi des huîtres, je règne sur une planète de fruits de mer.
D‘où t’es venue la passion pour la musique ? et le Rock’n’roll ?
King Khan :J’ai commencé à jouer du rock and roll à l’âge de 17 ans. Je crois que j’ai trouvé mon vrai moi grâce à cet apprentissage. Et puis j’ai compris la complexité de la beauté de l’élaboration d’une chanson. J’avais plein de super professeurs pour me guider, des personnes que j’ai admirées alors que je grandissais, et qui sont devenues des potes. Certains de mes concerts ces 25 dernières années étaient complètement fous, mais je crois que j’ai appris l’humilité et saisi le moment où on peut repousser ses limites. Et puis j’ai passé un petit peu de temps en prison, dans le Kentucky et à Barcelone, et je peux l’affirmer, rien ne vaut la vie d’un homme libre.
Aggy Sonora, tu es la seule femme du groupe ! Quelles musiciennes t’ont donné envie de faire de la musique ? Moe Tucker (Velvet) ? Peggy O’Neill (Gories) ?
Aggy Sonora : Je ne pense pas que ce soit une histoire de femme ou de sexe. J’aime le Velvet et les Gories mais pour répondre précisément à ta question, je pense plus à Tina Boom Boom Lucchesi des Trashwomen debut 90’s qui joue dans Cyclops aujourd’hui, la découverte de cette bande de San Francisco avec les Mummies a été déterminante.
Quels sont les premiers concerts que vous avez vus dans votre vie ? Vos premiers disques de chevet, Aggy et Looch ?
Aggy Sonora : James Brown à Toulouse et peu de temps après une soirée inoubliable qui a regroupé Jerry Lee Lewis, Chuck Berry et Little richard aux arènes de Dax. Premier disque, Cure « Seventeen Seconds » puis « Standing on the Beach ».
Looch: J’me souviens d’un concert à une fête dans les rue de Pau (ville natale) du coté du château d’Henri IV, ou les gars jouaient une sorte de Hard rock, j’avais 7/8 ans, donc c’est pas très clair, avec des portes flammes de chaque coté de la scène et si je m’en souviens, c’est que quelque part ça m’a bien imprégné. Sinon le concert des Mummies en 1994, au Jimmy à Bordeaux m’ a simplement retourné le cerveau et donné envie de foutre le bordel à vie comme à la scène …
Un des mes premiers disques qui m’ ai amené vers ce qui se passerai par la suite est une compilation des Animals qui, après avoir écouté beaucoup de blues, me révélera ce qu’ est le vrai blues de blancs. Et Closer des Joy division rapidement après qui ouvrira un autre Horizon.
Les Magnetix je vous ait vu il y a plus d’une vingtaine d’année au Cosmic Trip dans la petite salle, aujourd’hui vous jouez dans des grands festivals avec King Khan, quel a été l’évolution de votre carrière depuis cette époque là ?
Looch: Pas de plan de carrière, pas de snobisme, juste du fun et des supers rencontres tout au long de ces 22 ans de bruit et de fureur. On est toujours là, moins présent mais toujours en quête de passion et d hystérie collective.
Comment a émergé l’idée du groupe Louder Than Death ?
King Khan: Avec les Spits on a travaillé ensemble plus de dix ans et un beau jour, Sean Spits m’annonce qu’il veut lancer un groupe, Louder Than Death. En théorie, ce groupe était un bon moyen d’occuper notre retraite. Alors j’ai dit à Sean que je voudrais participer à son lancement, et qu’il pouvait nous rejoindre quand il le souhaitait. Je connais Looch et Aggy depuis plus de 20 ans, et j’ai toujours eu envie de jouer dans un groupe avec eux. Quand j’ai commencé Louder Than Death, je l’ai conçu comme un collectif punk rock, avec des gens du monde entier qui contribuent avec leurs chansons. Jusqu’à aujourd’hui, il y a eu Sean et Erin des Spits, ma fille Saba Lou, Fredovitch, Looch et Aggy, D.D. Owen des Sick Thoughts, Nunez Hijo, et d’autres à venir. J’ai l’esprit de famille, et voici le groupe de ma famille.
Aggy sonora : Nous nous connaissons depuis plus de 20 ans, Spaceshit, Magnetix… Arish te racontera l’histoire du slip…
Looch: LTD vient de l’Amour entre King Khan et Sean SPITS, envie de créer quelque chose ensemble et faire participer les bons potes.
Avec KK on s’est vu la première fois quand on a organisé les SPACESHITS à Bordeaux, son premier groupe, en 1999. Coup d’ foudre à partir du moment où je suis allé récupérer son string sur mon balcon qui séchait…après une longue nuit blanche et sale….
King Khan, l‘idée d’ajouter aux Louder en guest Sean Woods des Spits est à mon sens une très bonne idée ! Que représente t-il pour toi ? Tu arbores derrière ta veste en jeans le logo des Spits…
King Khan :The Spits et mon vieux groupe The Spaceshits devaient jouer ensemble lors du premier concert des Spits à Seattle à la fin des années 90. J’ai un tatouage de Mama Spits sur le bras, elle me surnommait « mon fiston marron ». Sean et Erin sont mes frères, je leur dois la veste qu’ils m’ont fabriquée. J’aime à penser que les Spits et moi, on a façonné le rock and roll underground depuis les 20 dernières années. Sean est un des types les plus drôles que j’ai rencontré, mais il a aussi un très grand cœur et est un maître du BBQ à la texane.
A ta connaissance, un groupe a t-il déjà repris un de tes titres ?
King Khan : Jon Spencer a repris un titre de KKBBQ il y a longtemps. Sinon, j’ai écrit une chanson avec ma fille Saba Lou, elle avait 9 ans à l’époque, ça s’appelait « Good Habits (and Bad) ». C’était diffusé pendant le générique de fin de l’émission Clarence, sur une chaîne pour enfants. Cette émission était très populaire en Amérique latine. Il y a de nombreuses vidéos en ligne de très jeunes latino-américains qui chantent cette chanson. C’est réconfortant de voir ça. Je suis très fier de voir que cette chanson soit rentrée dans la tête de la nouvelle génération.
Je t’ai vu notamment en concert à Lyon avec Black Jaspers il y a quelques années (Les nuits Sonores en 2012) tu semblais très furieux, par des skinheads qui pogotaient violemment, tu as craché des fleurs à la fin du show, dois t-on y voir une signification particulière ?
King Khan : Je me souviens pas très bien de ça, mon esprit l’a peut-être occulté, à cause des skinheads. Black Jaspers est un groupe maudit, depuis le début. J’aime cracher des fleurs pour la beauté du geste. Je ne suis affilié à aucune religion, mais je suis quelqu’un de très spirituel, et je trouve tout ce dont j’ai besoin dans le tarot.
Peut- t-on espérer revoir les BLack Jaspers sur scène ?
King Khan : Jamais de la vie… Black Jaspers ist tot! Mais je joue quelques titres de Black Jaspers avec Louder Than Death.
Tu disais dans une interview chez des confrères que Ty Segall était ton bébé et les Gories tes grands frères..Quels sont les autres groupes actuels qui inspire ton respect ?
King Khan : J’étais ado quand j’étais dans les Spaceshits. On était les petits punks qui avaient décidé de s’émanciper très jeune d’une vie normale. On a rencontré tous nos héros à l’époque, et on est devenu des super potes avec tous au fil des années. C’est pour ça que ça me réchauffe le cœur quand je tombe sur des groupes de jeunes. Ça me rappelle ce que j’ai vécu. Par exemple, Catch As Catch Can, un groupe de Kassel, en Allemagne, un de mes groupes favoris en ce moment. Ils jouent vraiment du super rock and roll. Mes filles jouent de la musique incroyable aussi, Saba Lou a sorti deux albums sur mon label Khannibalism. C’est un génie musical, et je lui ai transmis mon don incroyable de l’écriture de chansons. Et puis il y a Bella and The Bizzarre, un nouveau groupe de Berlin. Ils ont tous 17-18 ans, et ils jouent un rock puissant, authentique. Ça me rend optimiste pour l’avenir quand je vois ces groupes. Ils ont pris le relais.
Tu joues souvent en France, que t’inspire ce pays ? Voudrais-tu en prendre la nationalité ?
King Khan : Je suis assez fier d’être né à Montréal. C’est un endroit très spécial, il y a un sens de l’humour à nul autre pareil. J’aime aussi la France, c’est très sympa d’entendre la différence entre le français et le québécois. C’est comme comparer l’accent new-yorkais et l’accent de la Louisiane. La nourriture française c’est un vrai délice. Si je pouvais manger des tricandilles tous les jours, je serais sans doute décédé, mais mon cadavre aurait la banane.
Certaines personnes te reproches de trop parler sur scène (sur des thèmes comme les Gilets jaunes, la Police, les Gays, La syphilis), moi ça me fais marrer mais que pourrais tu répondre à tes détracteurs ?
King Khan : Dans mes concerts il y a beaucoup de one-man-show et de commentaires sur l’actualité. C’est pour moi une partie très importante du show. Je veux que les gens rient de ce monde déglingué. Je pense profondément que c’est le seul moyen d’obtenir un vrai changement positif dans la société. Et puis je suis bipolaire, et j’ai un lourd traitement médicamenteux. Donc, quand je prends la tangente et que je commence à parler, c’est possible que je fasse trop long, mais ça amène cette énergie inconfortable dans l’air, comme un pet mystérieux. En fait, c’est le fantôme de Andy Kaufmann qui revient hanter le monde. (NDT : Andy Kaufman est un humoriste et acteur américain. Bien que classé comme un artiste comique, Kaufman ne s’est jamais identifié comme tel. Source :Wikipédia)
Que pensez-vous du Rock’n’roll Hall of Fame ? Aimeriez vous y figurer ? Par qui voudriez vous être introduit ?
Aggy Sonora : j’ai joué plusieurs fois à Cleveland mais je ne l’ai pas visité!
Looch: Entre le gant de Mickael Jackson et la Rolls Royce de John Lennon, non merci…Mais avec GG Allin et Syd Barrett comme parrain pourquoi pas…
King Khan : Sûrement pas. Ce type de vanité merdique n’a rien à voir avec le vrai rock and roll. J’aime bien le fait que le bâtiment soit en forme de pyramide. Mais je préférerais être enterré dans une vraie pyramide égyptienne, peut-être momifié, avec le cerveau extrait par le nez. Quand j’étais jeune, j’ai été sauvé par le rock and roll, grâce à toutes ces compilations comme Back From The Graves, ou Shakin Fit ou encore Hang it Out To Dry. Ces compils, c’est des groupes d’adolescents qui ont sans doute sorti un seul single. Ces groupes, c’était exactement ces pauvres gamins qu’on a envoyé au Vietnam et qui y ont été tués. Ils ne figureront jamais sur le Hall of Fame, mais leur héritage a continué de vivre dans des groupes comme les Ramones et toute une vague d’autres personnes et groupes incroyables.
Comment se passe la tournée avec Daddy Long Legs ?
Looch: Ça s’ est passé, des gars sympas…
Le soir après le Stéréolux à Nantes on a fini à l’hôtel, tout l’ monde devant à fumer des joints et picoler, KK était très en forme, et le chanteur des Daddy à sorti son harmonica et a commencer à jouer à ne plus s’arrêter.. jusqu’à c’qu’ un gars, d’ une piaule en face, gueule, il était 4h du mat…le New Yorké a commencé à l’ insulter entre deux notes dissonantes et là, ben…on lui a appris le respect des autres avec KK…
King Khan tu as dedicacé une chanson à Lemmy au concert de Nantes (France), que représente pour toi la figure de Lemmy ?
King Khan : J’ai eu le plaisir de passer une journée avec Lemmy en studio alors qu’il enregistrait une chanson pour le premier volet de Bob l’éponge. Première chose qu’il me dit : « Tu ressembles à Little Richard ! » et j’ai répondu « well a whap ba ba loobop a lop bam boom! ». Je lui ai offert un couteau à beurre nazi, ce qui lui a fait très plaisir. On a discuté de tout un tas de trucs, de la pornographie jusqu’à la quantité de drogue qu’il achetait pour Jimi Hendrix (Il était son roadie – NDT). Lemmy était un parfait gentleman, et il est la preuve qu’être un putain de rocker, ça peut avoir de la noblesse.
Si tu devais faire un duo avec une personne qui a marqué l’histoire du Rock’n’roll, qui serait elle et pourquoi ?
King Khan : J’ai fait un rêve, où je traînais avec le jeune Chuck Berry. On était dans une pièce pleine de chapeaux. On était en train de tous les essayer, on prenait notre pied, et puis Chuck me demanda si j’avais faim. Il sortit alors un énorme T-Bone steak congelé et le trempe dans un évier plein d’eau sale et de vaisselle. Et il se tourne vers moi, et me dit « C’est comme décongeler un steak avec ta propre pisse ! ». On a rigolé si fort que je me suis réveillé… Je pense que c’est le meilleur duo que j’aurais pu avoir avec Chuck.
Tu as de nombreux fans. Et toi, de qui es-tu le fan inconditionnel (pas forcément dans la musique) ?
King Khan :Je suis un cinéphile invétéré, j’adore les films. Récemment je me suis passionné pour les films des frères Safdie qui ont réalisé Uncut Gems et Good Time. La comédie, c’est une très grande passion, que je partage avec toute ma famille. Je suis un grand fan de Aziz Ansari. La série « Barry », ça m’a éclaté aussi récemment.
Dans quelle activité prenez-vous le plus de plaisir ? Jouer dans un concert ou autre ?
Looch: C’ est sur que l’ adrénaline que procure la scène est probablement la meilleure chose et drogue qui soit, tu ne penses à rien, tu « ES » tout simplement, instinct primitif. Sinon les ballades le long des golfes ou un bon film de science-fiction …
Vous êtes souvent sur la route en tournée. Aimez-vous cette vie ?
Aggy Sonora : Nous formons une famille depuis plusieurs années, donc nous partageons des émotions, des joies, des longs moments sur la route, des fous rires, des blagues… et bien sûr nous aimons ce que nous vivons!
Looch: Les tournée me gavent, toujours à attendre, dans le van pendant des heures à attendre d’ arriver, le repas, du coup t’es obligé de picoler, le concert, le point culminant, ou que les gens daignent bien te laisser la place du canapé-lit sur lequel ils sont assis, pour aller dormir… Bon c’ est pas toujours comme ça…
King Khan : Je suis né pour la route, je peux dormir dans n’importe quel véhicule. En prenant de l’âge, j’apprécie un hôtel confortable plutôt que de dormir par terre. J’adore la routine de la tournée. C’est mon bouddhisme.
Si vous ne faisiez pas de la musique, quel métier voudriez–vous exercer ?
King Khan : La musique, c’est ma passion et mon boulot. Si je faisais pas ça, j’adorerais tourner des films, ou alors sculpter ou peindre. J’ai besoin d’être créatif pour me sentir vivant, et améliorer la vie pour mes proches.
Looch: Sculpteur de sons (c’est un peut l’ cas) , Souffleur de verres.
Aggy Sonora : faire de la musique et voyager !
Que recommanderiez-vous à quelqu’un qui veux former un groupe de Rock’n’roll ?
Looch: Ne pas répéter, ne pas apprendre à jouer et se démarquer de tout ce qui s passe autour…Bon apparemment ça a eut marché mais ça marche plus…
Aggy Sonora : De faire du Rock’n’roll !
King Khan : Mon conseil c’est de trouver ta voie, de garder tes oreilles à l’affût, d’écouter et d’apprendre dans l’énorme richesse de la musique qui existe. Le conseil le plus important, c’est de toujours faire ce que tu veux et ne pas compromettre ce que tu as le plus chevillé au corps. Et pas être pris pour un con.
Comment va évoluer le projet Louder than Death ?
Aggy Sonora : Super bien !
Looch: Un prochain LP Hippy punk et un suivant HIP HOP…
King Khan : Comme un primate. En ce moment on est des chimpanzés, bientôt on ne sera qu’une tête vissée sur le corps d’un robot capable de broyer des cannettes de bière vides à mains nues… Il va y avoir du boulot !
When the « i » is replaced by « we » even « illness » becomes « wellness » – Malcolm X
Interview : Frédéric Quennec / Traduction : Nicolas Quennec
… Mais aussi de David Bowie, Patti Smith, et bien d’autres !
Alain Lahana a commencé sa carrière au mythique Festival de Mont de Marsan dans les années 70. Avec 10000 concerts au compteur, sa carrière est impressionnante. L’article aurait pu être titré « Le tourneur de David Bowie », ou encore « Le tourneur de Patti Smith », ou bien d’autres encore. Mais Iggy Pop tient une place à part dans ma vie, et plusieurs questions lui sont consacrées. (Frédéric)
Thee Savage Beat : En quoi consiste ton métier ?
Alain Lahana :Tout dépend de quel métier on parle vu que je cumule plusieurs métiers différents..Management, édition, évènementiel, production discographique, conseil etc.
Parlons du métier de tourneur. Quel a été le premier artiste ou groupe avec qui tu as collaboré ?
Depuis le milieu des années 70… J’ai commencé avec le groupe de frère, puis quelques groupes locaux, puis des nationaux… et le mouvement punk a débarqué et moi avec : l’année ou j’ai quitté Toulouse pour Paris, j’ai collaboré au premier Festival Punk de Mont de Marsan puis au deuxième avec Police, Clash, Damned, Jam etc…tout en devenant en parallèle co-manager de Magma…
Selon toi, quelle a été l’évolution principale de ton métier entre le moment où tu as commencé et aujourd’hui ?
Quand j’ai démarré, ce métier était fait pour les cancres qui n’avaient rien réussi à faire de leur vie, alors que maintenant je ne vois quasi que des 1ers de la classe qui pensent tout connaître.
Avec quels artistes ou groupes les plus marquants as-tu travaillé ?
La liste est longue…vu que j’ai plus de 10000 concerts au compteur…mais en gros, Iggy Pop depuis 43 ans, Patti Smith depuis 25 ans, Phil Collins depuis plus de 30 ans…J’ai fait 18 ans de collabs avec David Bowie, 16 ans avec Depeche Mode et on peut en citer plein d’autres…des Rolling Stones, à Sade, en passant par Spice Girls, Tears for Fears, Simple Minds, Duran Duran, Genesis, Siouxsie…sans parler de Bernard Lavilliers, Paul Personne, Stephan Eicher, Ayo, Rachid Taha dont j’ai longtemps géré les carrières.
Tu as collaboré avec d’immenses stars, laquelle t’a le plus impressionné par son charisme ? (ou lesquelles) ?
Difficile de répondre mais pour moi Bowie, Iggy et Patti sont des intelligences supérieures et je suis si fier d’avoir pu les fréquenter et collaborer avec eux pendant de longues périodes qui ont forgé ma vie.
Tu as du organiser des concerts dans des stades, quel est le concert où il y a eu le plus de spectateurs ?
Je crois bien que mes deux plus gros concerts ont été la reformation de Genesiqs en 91 ou on avait vendu 83000 billets à Paris et l’ouverture du Stade de France avec les Rolling Stones (ou j’avais pris Jean-Louis Aubert en ouverture) en 98.
Apprécies-tu toujours la musique des artistes avec qui tu collabores ? Ou bien ça t’est égal ?
J’aime toujours les artistes avec qui je bosse…important d’avoir les yeux qui brillent quand on cherche à vendre un projet.
Quel est ton meilleur souvenir de tournée ? Le pire ?
Il y en a plein dans les 2 catégories, mais je pense que David, Iggy ou Patti seront forcément dans mes meilleurs souvenirs…
Le pire qui me revient à l’esprit…sera sans doute James Brown, Kid Créole ou Alpha Blondy avec qui j’ai détesté être impliqué.
Comment définirais-tu ta relation avec Iggy Pop ? Quel est ton meilleur souvenir de tournée avec lui, et le pire ?
Au bout de 43 ans de relation avec Iggy… c’est évident qu’on a une relation aussi forte que particulière… Je pense pouvoir dire qu’on est des vieux potes… Les meilleurs trucs qui me reviennent en mémoire tout de suite, sont liés à des lives incroyables d’énergie… Les pires remontent à la période ou il se défonçait encore et ou les prestas lives pouvaient dérouter parfois…mais ces temps-là sont si lointains qu’on n’y pense même plus.
Te souviens-tu de la date d’Iggy pop en 1994 à l’Agora d’Evry, quelles anecdotes as-tu sur ce concert ?
Oui…vaguement…j’avais dealé la date à Didier Veillault qui a lancé le Plan à Ris Orangis et fait un super boulot autour du Rock en France…Je me souviens que la presta d’Iggy avait été puissante et c’est là que je lui ai présenté Daniel Darc, également programmé (et que j’avais produit à l’époque de Taxi Girl).
Quelles sont les exigences d’Iggy Pop pour sa prochaine tournée ?
Le truc qui le préoccupe le plus est de faire la meilleure prestation possible : il ne vit en tournée que pour son moment en scène…Il n’a pas de grandes exigences…Il aime bien bouffer, boire un bon pinard après son concert avec un joli plateau de fromage par exemple…Il appelle mes tournées, les Cheese et Wine tours…
es meilleures anecdotes sur tes collaborations avec Patti Smith et David Bowie ?
Il y en a trop…mais en voilà 2 qui sont pas mal
Avec David : monter les répétitions de Tin Machine chez moi à St Malo pendant 3 semaines sans que personne ne l’identifie jusqu’au dernier jour ou il a fait un petit concert gratuit dans un cinéma de 350 places…ou tous les petits concerts surprises qu’on a pu faire à l’Elysée, Olympia ou autres
Avec Patti : sans doute acheter une maison avec elle sur le terrain de la Ferme de la Famille d’Arthur Rimbaud ou quand elle m’a remis les insignes de Chevalier des Arts et Lettres avant de monter sur scène à l’Olympia pour les 40 ans d’Horses.
As-tu déjà collaboré avec des artistes ou groupes français ? Quelle différence dans le travail y a-t ’il avec les anglos-saxons ?
Plein…j’ai managé et produit Paul Personne pendant 30 ans, géré Rachid Taha ou Stephan Eicher pendant 20 ans, managé Bernard Lavilliers à ses débuts, je suis aussi producteur et manager de Giédré depuis plus de 12 ans et je produis les tournées mondiales de Carla Bruni depuis plusieurs années…Je suis aussi manager de Tryo…J’ai géré le Prix Constantin pendant 10 ans mettant en avant les jeunes artistes français…Sans parler d’Ayo, Zaza Fournier, Airnadette…
De quel artiste ou groupe aurais tu aimé t’occuper ?
Je n’ai aucune frustration.
Sur quel(s) projet(s) travailles-tu en ce moment ?
Nick Mason qu’on fait revenir en Mai… Trois périodes de concerts avec Iggy (Jazz et rock)…La sortie de l’album de Tryo en indépendants (production et distribution)…Préparation du prochain album de Carla.
« Ain’t gonna stop until I stop it, Ain’t gonna let it go until I drop it, » nous interpelle Eddie Spaghetti sur le premier titre du 13ème album des Supersuckers, « Play That Rock n’ Roll ». Les Supersuckers nous reviennent en pleine forme ! C’est la bonne nouvelle et ils savent mieux que quiconque jouer ce rock’n’roll high energy, ils sont les survivants d’un certain style garage-hard-rock que l’on aime beaucoup (avec quelques rares groupes comme les Nashville Pussy et Nine Pound Hammer) !
Les Supersuckers est un groupe de rock américain, originaire de Tucson, en Arizona. Formé en 1988, leur style est un mélange de garage punk avec quelques influences de country et, il faut le savoir, faisait partie de l’écurie Sub Pop au début des 1990’s. Concert après concert, festival après festival, lors de tournées à travers le monde en 30 ans, ils ont écumé tous les clubs et les sombres planchers des bars de cette planète !! Ils se font fait une solide réputation de groupe scénique emmené par le charismatique Eddie Spaghetti. Comme l’affirme le premier titre « Ain’t gonna Stop », leur aventure ne va pas s’arrêter de si tôt. Rien n’arrête les Supersuckers pas même cette saloperie de cancer choppé par le bassiste chanteur, courant 2015 au moment de la sortie de leur album « Holdin’ The Bag ». L’album a été enregistré à Austin dans le studio de Willy Nelson TX. Les Supersuckers sont un peu ses enfants terribles, ils avaient joué ensemble sur la scène du Late Tonight Show à la TV US. La production de « Play Rock’n’roll » est donc parfaite. Côté pochette, l’objet est superbe ! Certaines personnes non issues du « milieu » « Rock’n’roll » pourraient y voir un hommage à la fameuse pochette de Dire Straits « Brothers in Arms », personnellement je pencherais plutôt à un clin d’œil au bassiste Edward Carlyle Daly alias Eddie Spaghetti avec cette Gibson Les Paul Basse pleine cover.
« Metal » Marty Chandler, le guitariste, n’est pas en reste sur des coups de boutoir sur des morceaux comme « Bringing it back » avec des riffs dignes des Ramones et ses irrésistibles descentes de manche. Pour le morceau « Play that Rockn’roll » il est question des Ramones dans les paroles, c’est la ballade de l’album, peut-être une des seules déceptions du disque : Pour un morceau qui parle Rock’n’Roll, on aurait aimé du brutal ! Ceci étant dit, heureusement on retrouve nos valeureux Supersuckers sur le titre « That’s a thing » qui remet les pendules à l’heure, avec son Rock’n’roll endiablé. Le son Supersuckers est bien là aussi sur un autre titre de bravoure « Last Time Again » et ressuscite le fantôme de Lemmy. La voix d’Eddie Spaghetti est toujours aussi exceptionnelle. « Last Time again » et son intro empruntée à ACDC, ACDC justement que l’on retrouve période Dirty Deeps dans l’excellent morceau « You Ain’t The Boss Of Me » (Tu n’es pas mon patron) !! La tristounette ballade « Ain’t no day » ponctue l’album avec une ballade mid tempo, sans aucun doute le titre le plus faible de l’album !
Côté reprises les Supersuckers ont bon goût! Il y a une très bonne reprise pêchue de Michael Monroe « Dead, Jail or Rock n’ Roll » avec son refrain entêtant « La mort, la prison ou le rock’n’roll ». Le gaillard sévissait dans les terribles Hanoi Rocks, mais a connu aussi ses heures de gloire sur quelques albums solos dont le superbe « Night are so Long », à réécouter, on a hâte d’entendre ce titre sur la tournée ainsi que la reprise d’Allen toussaint (Meters, Neville Brothers). On le sait bien, rhythm and blues et Rock’n’roll se marient bien, on retrouve donc ici « A certain Girl ». Elle semblait faire partie naturellement du répertoire des Supersuckers depuis des années, tant cette reprise leur va si bien. Les Supersuckers ne sont jamais aussi géniaux que lorsqu’ils nous jouent ce putain de Rock’n’roll, et dans ce registre ils ont l’expérience, « Play that Rock’n’Roll » contient tout de même ces brulôts Rock’n’Roll que l’on attendait d’eux. Comme le scande Eddie Spaghetti au beau milieu de « Die alone » l’une des très bonnes surprises de l’album que je vous laisse découvrir: Satisfation garanteed !
Dates françaises de la tournée de Supersuckers (2020): 17 fév – Mondo Bizarro, Rennes FR 18 fév– Les Abattoirs, Cognac FR 2 mars– Secret Place, Montpellier FR 11 avril– Atelier Des Moles, Montbeliard FR 14 avril – La Maison Bleue, Strasbourg FR
La musique c’est une chose, le rock’n’roll c’en est une autre !
De gauche à droite : Marco Fatal (chant/guitar), Wlad (batterie), et Lo’Spider (guitare/choeurs/clavier)
Si je vous dis Oblivians, Gories, New Bomb Turks ou encore Jon Spencer Blues Explosion, vous me répondrez immanquablement Garage Rock. A croire que les Anglo-saxons ont le monopole de cet indétrônable petit fils du rock’n’roll. Mais pas du tout, vous répondrais-je, car le garage rock français existe bel et bien, je dirais même que cette nouvelle vague est comparable à une lame de fond qui ravage tout sur son passage. Thee Savage Beat a voulu approcher de plus près ces adeptes de la déesse décibel et du dieu de la pédale fuzz, en rencontrant le principal combo garage français, signé sur Voodoo Rhythm (le label du révérend Beat-Man), à savoir, le groupe de Toulouse Destination Lonely !!! On ne présente plus Lo’Spider et son lourd passé rock’n’roll au sein des Jerry Spider Gang, ainsi que ses activités de producteur à Swampland où il a notamment enregistré les Spits. Marco Fatal faisait lui partie des fabuleux Fatals. Vous y ajoutez un troisième lascar, Wlad, ex-Beach Bitches et vous obtiendrez la Dream Team du garage noise trash made in France. Aujourd’hui sort un OVNI en double galettes, l’intitulé « Nervous Breakdown » avec en guest stars Arthur Larregle (Jc Satan) et Stefano Isaia (Movie Star Junkies)… Une musique hautement conseillée pour les dépressifs !!! Interview avec GDB mais sans langue de bois !!
THEE SAVAGE BEAT : Pouvez-vous vous présenter en une seule phrase ?
Lo Spider : tu prends n’importe quelle phrase de BeatMan et ça fait l’job ! « Masters of the heroin groove » / « Imagine young Lemmy’s Mototörhead trio schizophrenic rockabilly aproach on a endless LSD trip » / “Far Out Over The Edge Filthy Desperate Fuzz” / “No hipster shit but pure no-fi farout wah wah overdose »… Et il en a plein d’autres comme ça !
D’où vous est venue votre passion pour la musique ?
Wlad : j’avais 12 ans, j’habitais à la campagne et mon oncle me file quelques K7 de punk, ça m’a rendu dingue…
Lo Spider : La musique c’est une chose, le rock’n’roll c’en est une autre ! Ben t’écoutes ça à 13 ans, tu fumes des pétards, tu bois des bières… T’as une bande de potes qui font les gogols en écoutant les Saints… Quoi de mieux ? Pourquoi changer… Comme dirait les Oblivians ?! Moi j’ai fait mon premier concert important en ouverture des Partners en 1986, pour la sortie de leur 45t… J’ai pas décroché depuis !
Marco Fatal : … J’ai toujours eu une passion pour les sacs poubelles
Quels sont les premiers disques qui vous ont marqués dans votre jeunesse ?
Wlad : Le premier que je me suis acheté, Macadam Massacre 12 francs chez un disquaire avenue de la rep à St Nazaire. la compile de Metal Urbain « l’age d’or » achetée a Auchan, puis le premier DK (Dead Kennedys) : Ça m’a guéri de beaucoup de choses…
Lo’ : Pour moi, la compil Rockabilly Psychosis & The Garage Disease… J’étais un peu psycho sur les bords quand j’avais 13 balais, j’achetais les Stomping at the Klub-foot, Psycho attack over Europe, mais j’y trouvais rarement mon bonheur… Puis arrive cette compil et ce grand mélange entre vieux groupes fifties ou sixties et groupes actuels… Et puis au milieu les Sonics ! Gros ravages dans mon cerveau pré-pubère. L’année d’après je tombe en pâmoison à l’écoute d’ Eternally Yours des Saints… Puis Radio Birdman, les Damned, Lyres, DMZ, les Stooges, le MC5…
Marco : ouais, Alpha Blondy… Non plutôt Jimmy Cliff ! Laura Branigan, “The Lucky One” ou “Material Girl” de Madonna…
Comment s’est passé votre rencontre ? Comment le groupe s’est t-il formé ?
Lo’ : On se connaît tous depuis des plombes. A l’époque Marco et Wlad habitaient à Perpignan et moi à Toulouse. On allait souvent jouer les uns chez les autres, moi avec les Space Beatniks, Wlad avec les Beach Bitches… Plus tard ils sont venus habiter à Toulouse et ont fondé les Fatals, pendant que je tournais avec le Jerry Spider Gang. Quelques années après on a joué ensemble avec Wlad dans Blew-Up!. Marco, lui était à Bordeaux, où il a monté Complications avec Looch des Magnetix; puis Destination Lonely en 2009 à son retour à Perpignan. Après quelques disques et deux line-ups différents, il nous a demandé de rejoindre le groupe en 2013.
Être dans Destination Lonely est-ce un full time job ?
Wlad : Nope…
Lo’ : Carrément pas ! On se voit une fois tous les 2 mois pour répéter, bosser sur de nouveaux morceaux ou enregistrer… Après on essaie de faire une quarantaine de dates par an avec une ou deux tournées d’une douzaine de jours. On a tous des boulots justement… Et une vie bien chargée en dehors du groupe.
Marco : Moi c’est du full time job ouais… Mais j’aime pas beaucoup travailler !
En 2015, vous débarquez sur le label Voodoo rhythm, comment s’est fait le deal avec eux ?
Lo’ : Après avoir enregistré l’album on l’a envoyé à plusieurs labels (au moins 3 dont Sympathy For The Record Industry et Crypt qui ne faisaient plus rien à l’époque !) et BeatMan a dit oui… En fait je crois qu’il nous avait vu foutre le bordel à Binic, ça l’avait fait rire !
Marco : … Et puis il a une meilleure coupe de cheveux que Larry Hardy ou Long Gone John !
Sur cet album « Nervous Breakdown », vous reprenez les Troggs et les Stooges. Quelles sont les autres inspirations musicales du groupe ?
Lo’ : Y en a tellement ! Enfin si on se cantonne au groupe on peut citer Cheater Slicks (le nom du groupe vient de l’un de leurs album), les Country Teasers, Oblivians, Billy Childish et sa clique… Les Chrome Cranks, Hank Williams, Le bluessssssssss !
Wlad : La Villageoise 11,2° !
La production sur cet album est parfaite, a t-il été réalisé à Swampland à Toulouse ? Qui a enregistré et produit ? Comment s’est déroulé l’enregistrement ?
Marco : Ouais, Butch Vig a bien travaillé !
Lo’ : … Il a effectivement été enregistré à la maison. Deux sessions en 2017 et 2019. On enregistre live 6 ou 7 morceaux sur lesquels on prend le temps de rajouter le chant et quelques overdubs bien sentis. On fait ça entre nous avec l’apport de quelques potes (Mickey et Renaud des Limiñanas, Stefano des Movie Star Junkies, Arthur de JC Satan, Fred des Weird Omen, Johan de Dividers/Ismael Ardan, mon collègue de Jerry Spider Gang, Mighty Yo, Jérôme Sage et Eric qui joue dans Patrick, un duo Stoner-electro !)… Je mixe, la plupart du temps avec Marco…
On note une évolution notable par rapport à votre album précédent. Votre dernier album, « Nervous Breakdown » serait-il l’album de la maturité ?
Lo’ : Non. Je crois que ça veut rien dire ! Je le ressens pas en tout cas personnellement. Je crois qu’on peut encore pousser le bouchon et faire des trucs plus intemporels. Je ne rejette rien, bien au contraire, je suis hyper-fier et content, mais je ne parlerai certainement pas de maturité… La besogne plutôt, si ce n’est le talent, haha !
Marco : Parlons plutôt de maturation que de maturité !
La meilleure et la pire anecdote de tournée avec Destination Lonely ?
Wlad : Jouer devant un seul mec à Genève !
Lo’ : En plus il avait un t-shirt NOFX, était assis sur une chaise et se bouchait les oreilles ! Ouais c’était dur aussi de se fader le public des Limiñanas à Bruxelles, trois premiers rangs de cinquantenaires dont deux cougars devant moi, à genoux sur les retours à faire des gueules pas possible dès que j’appuyais sur la fuzz… Putain si t’aimes pas ça retourne prendre un mojito au bar d’à côté ! Et puis, on s’est fait une drôle d’introspection aussi en montant à Binic… On avait deux dates prévues pour faire la route, une dans une pizzeria sur l’île d’Oléron, inutile de te dire qu’au bout de trois accords, la salle était vide et les terrasses alentour aussi et l’autre à Lannion… cinq personnes au début, zéro à la fin avec un mec qui sort la tête du bar pour nous demander si on allait faire une cumbia. Il faisait froid, gris… On s’est bien demandé si le jeu en valait la chandelle ! Le lendemain on jouait devant 7000 personnes au Binic Folk & Blues Festival !
Côté positif… Tous les concerts avec les potes + le Reigning Sound à Paris, Mr Airplane Man à Toulouse, la Sardaigne (faut qu’on y revienne, Wlad était dans un hôpital à Turin après une attaque cardiaque… Ouais je sais, personne va nous croire !)… Ce concert de fou dans la campagne portugaise, les mecs rampaient sur scène et bouffaient littéralement les cymbales !
Le groupe s’appelle « Destination Lonely », l’album « Nervous breakdown »…Pourquoi, à votre avis, le rock’n’roll est il souvent associé à la frustration et la désillusion amoureuse, la solitude, le désespoir, La folie, l’aliénation, la dépression ? Quel est votre lien avec ces thèmes là ?
Wlad : Peut-être que c’est la seule musique qui raconte les choses de la vie plus ou moins sans filtre ?
Lo’ : Le “concept” vient de Marco Fatal. Un groupe de ballades violentes… Bon enfin s’est un résumé très subjectif. Un groupe pour exorciser ses vieux démons et les histoires trop compliquées à vivre… Bref, le blues quoi ! C’est toujours là qu’on a envie d’hurler sa douleur… Ou sa colère, sa frustration.
Marco : Tu vois c’est comme un épisode de Columbo… Sans Columbo !
La ballade « Follia » en italien est très belle de quoi parle-t-elle ? Qui la chante ?
Marco : Ah merde je croyais que c’était de l’Espagnol !
Lo’ : En fait on avait un morceau lent qu’on voulait dans une ambiance Lyres du début, soul (jusqu’à un certain point !) et évidemment on arrivait pas à la chanter ! On a demandé à plusieurs personnes de nous faire une version ; Arthur de JC Satan s’y est collé avec le texte et l’harmonie originale et ça donne l’incroyable Cry (enfin bon j’ai été aussi surpris que vous en l’écoutant !) et on a aussi demandé à Stefano des Movie Star Junkies de faire sa version, sans lui donner d’indications pour le coup… Ils nous a pondu Follia (La Folie), le premier morceau qu’il écrit et chante en italien… waouh, merci poteau ! Il doit nous envoyer le texte, mais on l’a pas pour l’instant !
A quoi fait référence la pochette de l’album ?
Marco : Budget restreint sur l’encre, peut-être ?
Lo’ : Ça faut demander à Beatman, c’est lui qui en a conçu et réalisé la pochette. En fait au moment où il a accepté de sortir l’album, il avait déjà une idée en tête et nous pas ! On lui a laissé la main… Un peu circonspects au départ, mais quand tu as l’objet sous les yeux, ça pète !
(Thee Savage Beat a interrogé Reverend Beat-Man à ce sujet, il nous a dit qu’il n’y avait aucune signification particulière à cette pochette)
Quel est votre double album préféré dans l’histoire de la musique ?
Lo’ : J’ai pas vraiment une passion pour les doubles albums… C’est compliqué un double album ! On peut citer Porcella des Deadly Snakes, le double live des Ramones, Zen Arcade d’Hüsker Dü… Peut-être l’album blanc des Beatles, mais y a quand même de sacrées merdes dessus !
Wlad : Country Teasers – Science Hat Artistic Cube Moral Nosebleed Empire.
Si vous pouviez choisir n’importe quelle destination dans le monde pour donner un concert, où iriez-vous ?
Wlad : le plus près de chez moi.
Lo’ : Aucune idée. Peut-être une tournée en Afrique… Les sources de la fuzz zambienne !
Marco : … Le plus près de chez Wlad !
Lo’ Spider, tu es un activiste très prolifique et reconnu sur la scène toulousaine, tu participais en tant que membre fondateur à l’émission Dig it Radio ! et le fanzine Dig it ! avec Gildas Gosperec. Peux-tu nous dire quelques mots sur l’arrêt de l’émission et du fanzine ?
Lo’ : Je fais partie de Dig It! depuis une vingtaine d’années (à la louche), mais le zine et l’émission existent depuis encore plus longtemps. Tout ça s’est mis en place sous l’impulsion de Gildas qui n’a pas lâché l’affaire 1mn depuis… Aujourd’hui on avait collégialement ressenti une certaine lassitude, avec pour ma part des sollicitations extérieures trop importantes pour se consacrer de façon optimale à Dig It… On en avait plein le cul, quoi ! Ça plus quelques problèmes de nature privée nous ont poussé à stopper Dig It !
J’ai eu la chance de découvrir Shakin’ Street lors d’un concert en 2019 au Mondo Bizarro de Rennes. Je fus alerté par mon pote Hervé de ce concert en découvrant que des membres des Dictators y figuraient, ainsi que la charismatique Fabienne Shine. Le line up actuel est le suivant : Freddie Katz, J.P Thunderbolt Paterson, Fabienne Shine, Ross Friedman, Dean Rispler. (Voir la photo ci-dessus) En arrivant au Mondo, je croisais le fabuleux Dean Rispler « Solid as a rock » qui m’avait offert deux places pour le concert. Le concert fut un enchantement pour tout l’auditoire. Je découvrais le répertoire rempli de standards des Shakin’ Street, de « Solid as a Rock » à « No Compromise » en passant par « No time to lose » scandés par le public du Mondo ravi. Plus tard, je fus agréablement surpris que Fabienne Shine accepta de bien vouloir répondre à quelques questions sur sa vie et sa passion pour la musique. Fabienne Shine est une personne haute en couleur comme nous la décrit Jean-Eric Perrin dans sa biographie « Sexe, drogues & rock’n’roll, l’hallucinante saga d’une muse électrique », hautement recommandable. Très jeune, Fabienne flirte avec Jean-Pierre Léaud, et vit une histoire d’amour avec Charles Aznavour, alors qu’elle n’a que 17 ans. Mannequin, comédienne, elle touche à tout et rien ne lui résiste. Elle gravite même dans le cercle de Salvador Dali. Elle croise le chemin de grands noms de la musique, comme Rick Wright (Pink Floyd), Johnny Thunders et Jimmy Page, qui devient son compagnon. Sans oublier Bob Marley, qui fut son ami. Elle forme ensuite le groupe Shakin Street, avec deux futurs Téléphone (Louis Bertignac et Corine Marienneau). Ensuite, c’est la grande aventure aux USA…
Fabienne avec Jean-Lou K, Eric Lewy, Mike Winter et Ross Friedman, à West Hollywood
THEE SAVAGE BEAT : D’où t’est venue la passion pour la musique ?
Fabienne Shine : La passion de la musique est venue de mes parents. Ils m’emmenaient à l’Opéra ou alors à l’Olympia pour voir leurs artistes préférés comme Charles Aznavour, Edith Piaf, Yma Sumac, les ballets Africains. Et puis il y avait Katherine Dunham au Théâtre du Châtelet pour « La belle Auberge du Cheval Blanc », Madame Butterfly à l’Opéra, les Ballets Russes. Au Cirque Bouglione ou au Cirque d’Hiver à Paris, j’ai vu des trapézistes et des dompteurs de lions. Je disais que je voulais faire ça plus tard. La tête de mon père, il roulait des yeux ! J’étais très bon public, j’aimais tout beaucoup ! Le spectacle, déjà…
Tu as vécu en Tunisie avec tes parents. Quels souvenirs as-tu de cette époque ?
J’habitais à la Goulette à Tunis. L’unique moment où j’avais très peur, c’est quand ils invitaient le vendredi soir (Sabbath) les derviches à la maison ! Ils garaient leurs chameaux 🐪 sur le trottoir, ils faisaient des bruits avec leurs mâchoires. J’étais terrifiée. Je me cachais dans l’armoire de la chambre et je regardais de temps en temps à travers la fente. Ils étaient assis tous en rond avec leurs darboukas (une sorte de djembé – NDLR) et autres instruments, et portaient des turbans beiges et marrons. Ils battaient des rythmes endiablés. L’un d’eux à l’époque me faisait trembler de peur, mais maintenant je me rends compte à quel point c’était génial.
Quels étaient tes chanteurs ou chanteuses favoris quand tu étais ado et maintenant?
Mes chanteurs préférés quand j’étais très jeune étaient Elvis et James Brown. Ensuite les Beatles et les Stones. Et puis il y avait aussi Dick Rivers, Juliette Greco, Françoise Hardy, Léo Ferré, Nina Simone, Van Morrison, Spencer Davis avec Stevie Winwood. Et aussi Charles Trenet, on était voisins à l’époque, nous vivions à la Varenne. Sans oublier Tina Turner, Marvin Gaye, Al Green (merveilleux). Après je me suis mise au Jazz, surtout les Jazz Messengers, John Coltrane, Dizzy Gillespie. J’ai adoré Miles Davis. Je l’adore toujours d’ailleurs.
Quels souvenirs te reste-il de ta jeunesse ?
Il y avait les aventures de mon enfance, où je travaillais pendant les vacances scolaires plutôt que de me dorer au soleil à Nice avec mes parents. No Compromise. Et les chansons d’amour sont souvent violentes chez moi, « I Want to Boxe You ». Ma vie de teenage-girl était dans la rue, j’adorais les fêtes foraines, les auto-tamponneuses où l’on se rentrait dedans avec une attitude destroy , accompagnée d’un Rock n’ Roll qui déchirait. A un certain moment de ma vie de teenager je réalisais que les photographes me demandaient de plus en plus de poser pour des photos, des photos de mode surtout, et j’ai été présentée à des agences où j’étais inscrite immédiatement. Enfin, je pouvais être indépendante, je gagnais un peu d’argent. Ces quelques francs me suffisaient pour m’acheter des fringues, du maquillage, des revues de mode et de cinéma, des bijoux, des disques – des 33 tours et des 45. Quelle joie ! Mais quelque chose me manquait. J’avais besoin de quelque chose de plus fort que le monde de la photo, de la musique forte et destroy. Et je goûtais pour la première fois aux drogues dures. Je traînais à St Germain des Près. Je partais de plus en plus souvent à Londres, et puis j’ai réussi à partir de chez moi où ça n’allait plus. (No Compromise). Mais j’avais gardé cette naïveté, cette candeur de petite fille de bonne famille. J’avais adopté Le style londonien. Très romantique, poétique et j’écrivais et composais mes chansons avec ma guitare Martin qu’un de mes amants m’avait offert. Je faisais du porte à porte et je me produisais chez qui voulait bien m’écouter chanter dans son salon, accompagnée de cette guitare acoustique. Je prenais 100 francs pour chanter mon répertoire de dix chansons très folky ! L’équivalent de 10 euros pour jouer dans des living-rooms inconnus et glauques parfois ! Mais les gens étaient très gentils et contents, la musique folky leur convenait.
Tu as travaillé également comme modèle et actrice à la Rai en Italie, peux-tu nous en dire plus ?
Un jour ma girlfriend me demande de venir à Rome pour rencontrer son mari qui tournait son premier film. Il travaillait à la télévision italienne « La Rai ». Sergio Spina me donne un rôle dans un film de science-fiction : « Fantabulous Inc ». Ma carrière d’actrice commençait doucement, entre la mode et le cinéma. Je tourne des films les uns après les autres mais toujours avec des réalisateurs orientés à gauche. Mon premier rôle important m’amènera au Festival de Venise pour présenter le film des Frères Taviani : « I Sovversivi » (Les Subversifs). Je suis très photographiée et j’obtiens la couverture des Cahiers du Cinéma, un événement historique !
Tu as un lien particulier avec Led Zeppelin, c’est de là que te vient ta passion pour le hard rock ?
J’ai un lien romantique avec Led Zeppelin, mais ce n’est pas ma raison pour aimer le Rock lourd et le Métal. J’aimais le Rock n’roll depuis mon plus jeune âge, c’est pour ça que Jimmy Page m’appréciait. Je partageais leur vie au quotidien. On avait des affinités musicales, bien sûr, et puis ils avaient de bonnes drogues.
D’où est venu ce surnom de Fabienne Shine ?
Mon nom Shine n’est pas un surnom mais un nom. C’est le nom de Philippe Shine que j’ai rencontré à Bombay alors que je m’étais fait prendre avec ma valise pleine de Haschisch ! Il a posé les yeux sur moi et a pris un avocat pour me tirer d’affaire, sinon je restais au trou. Et le trou à Bombay, c’est pas bon. J’étais libre comme l’air. I was walking (je marchais), comme on dit ici aux States,ce qui signifie « j’étais libre » ! Philippe Shine, c’était son vrai nom. Il voulait m’épouser mais je ne pouvais pas, car j’étais maquée au Rock n’Roll et j’avais la tête pleine de « Whole Lotta Love » de « Kashmir », et de « Immigrant Song ». Il m’a quand même proposé de changer mon nom « Fabienne Essaiagh » en « Fabienne Shine »… Et voilà comment on s’est uni pour la vie. Je sais pas s’il est mort ou vivant aujourd’hui. Il est australien, et je l’ai vu pour la dernière fois à Sydney en 2014. Ce fut très émouvant ! Je ne l’oublierai jamais. Tous mes amis de Paris aimaient bien Philippe Shine, sauf Corine de Téléphone – je sais toujours pas pourquoi. Probablement parce que Corine voulait chanter dans Shakin’ Street, et il lui a dit qu’il n’y avait qu’une seule place de chanteuse, et que cette chanteuse s’appelait Fabienne… .bon!
Au festival de Mont-de-Marsan (1976)
Le festival de Mont-de-Marsan en 1976 a été marquant, où Shakin’ Street côtoyait sur l’affiche les Damned, Eddie and the Hot Rods, Little Bob Story et Bijou. Te souviens-tu de ce festival ?
Oui bien sûr, je ne pourrais jamais oublier Mont-de Marsan. C’était la première fois qu’on se produisait dans un festival. C’était radicalement très différent que de jouer dans un club. Un petit Woodstock extraordinaire ! Des groupes de tous styles, du punk-rock au hard-rock en passant par la new wave. L’atmosphère était dirigée par la folie. Les groupes étaient de mieux en mieux au fur et à mesure que la nuit se noircissait. Les gens dansaient en transe, la sueur collait leurs cheveux au visage, la sauvagerie des musiciens remplissait nos cœurs de teenager, même si on était plus des teens. Le style Vampire ornait cette nuit étoilée et la démence s’installait en nous. No fear, no more. Freedom now ! Le premier festival Rock en France organisé par Marc Zermati fut un énorme succès. Les journalistes anglais envahissent le backstage, prennent des photos de tous les groupes, même les méconnus, comme Speedball ou plutôt Shakin’Street. Marc a changé notre nom à l’annonce de notre show. On s’appelait désormais Shakin’Street et le New Musical Express, ainsi que le Melody Maker nous ont choisis. La photo à genoux, les cuisses à terre dans mon short en cuir à fait le tour du monde. Et pourtant, nous étions le groupe le moins connu, parmi les groupes qui ont marqué cette soirée – Les Damned, The Police, Eddie and the Hot Rods, Strychnine, Little Bob Story (sublime ce soir- là), les merveilleuses Lou’s, mon copain Olive avec son groupe Marie et les Garçons, Bijou. Mais c’est bien nous qui avons eu la photo du siècle dans toute la presse Anglo-Saxone et Américaine ! Après quelques mois, Marc Zermati nous concocte une tournée anglaise étonnante, jouer dans les clubs anglais, avec Chelsea, Génération X, Cherry Vanilla, Siouxie and the Banshees, Eddie and the hot rods, Wayne County. Shakin’Street se fait remarquer de plus en plus souvent et CBS finit par nous demander d’enregistrer notre premier album, « Vampire Rock ».
J’étais séduite par la nouvelle vague de groupes Punk . J’ai adoré les Dictators et Sex Pistols et le Groupe X (de Los Angeles – NDLR), Génération X, les Damned, Eddie and the Hot Rods. Of course j’aimais aussi les nouveaux groupes français avec un son inédit, comme Stinky Toys et Métal Urbain. J’étais sur un « highway » différent. On a connu Marc Zermati qui a été un détonateur. Notre groupe, plutôt Classic Rock, a mué en un Rock aux sons nouveaux… The Police, Flamin’ Groovies, Dave Edmunds. Je peux dire que je suis entre le punk-rock et le Rockn’Roll pur. Les Stooges me font m’envoler !
Quel était le look emblématique à l’époque ?
Le public était très différent, la mode avait changé. Les punks se moquaient des métalleux. Ce n’était plus les cheveux longs mais au contraire très courts, ou des têtes rasées. Les cheveux colorés débarquaient, bleus, verts, rouge burgundy, et ma couleur préférée, platinum (platine). Le mouvement explosif anglais : les punky cracheurs, du piercing, des trous partout, des déchirures sur les genoux, les cheveux blonds platines, des tatouages qui parlaient, des seins percés, et des arcades sourcilières écorchées. Les nanas étaient devenus masculines, ambiguës, elles aussi étaient très « hardcore ». Ça me plaisait bien, c’était super sexe, et la dégaine plus suicidaire, sado -maso. Bref, j’étais aux Anges! Les Anglais, les Français, les Américains s’éclataient derrière la scène et se préparaient pour leur show. Cependant je ne changeais pas de look, je restais dans mon univers « Fairy tale » (conte de fée), et je ne quittais pas mon jardin secret Victorien. Je me cramponnais aux Damned qui étaient du même sang que moi. leur style m’était très familier. Les Vampires et les guerriers m’ont toujours fascinée. D’ailleurs, d’où viennent mes textes ? Du Vampire Rock ! J’étais réservée, et ma coiffure est toujours aussi sauvage et abondante, mes vêtements très serrés et collants, moulants à l’extrême, et ça je n’ai jamais pu le changer.
Peux-tu nous parler de ta tournée américaine ?
C’était une période très heureuse parce qu’on commençait à être remarqués, et j’étais agréablement surprise. Il faut dire qu’on a été chanceux de vivre cette époque fabuleuse des années 80. J’ai rencontré mon mari, Damon Edge, à l’Oakland Coliseum lors d’un concert des Ramones. Il était dans le premier groupe punk-industriel, créateur d’un son à faire bouger les montagnes. Je tournais la page du passé et CBS France nous a envoyés aux USA pour une tournée faramineuse avec des groupes comme Black Sabbath et Blue Öyster Cult. J’avoue que je ne saisissais pas ce qui nous arrivait. Je changeais de style !
Peux-tu nous parler de ta rencontre avec le producteur Sandy Pearlman ?
Sandy Pearlman n’est venu qu’après notre premier album, Vampire Rock. Marc Zermati ne s’occupait plus de nous dans la mesure où on avait signé avec CBS France . Mais on est restés de bons amis depuis. J’adore Marc, on se connaît depuis des générations ! Il n’aurait pas dû naître français, moi non plus d’ailleurs.
Un jour je rends visite à Marc après la sortie de Vampire Rock et comme toujours il me passe des disques sur sa platine. C’est un musicien dans l’âme. Et ce soir-là j’ai été clouée au sol sans pouvoir parler, tellement cette chanson m’a émue. Une chanson de Blue Öyster Cult « Don’t Fear The Ripper », c’était la première fois que je l’entendais. Je lui demande en chuchotant pour ne pas casser l’ambiance : « C’est qui ça? ». il me répond et ajoute : « ils ont un producteur génial », « Sandy Pearlman ». Ils ont fondé un groupe au Lycée quand ils étaient étudiants au High School de New Jersey. Sandy les a remarqués et les a aidés à écrire des textes et créer les symboles de Blue Öyster Cult. Il les a fait signer avec Columbia Records, CBS. Et Marc a ajouté « D’ailleurs Pearlman ne produit que des artistes CBS ! ». Ce n’était pas tombé dans les oreilles d’un sourd. J’ai cherché à rencontrer Sandy par tous les moyens jusqu’au jour où CBS me demande si je voulais des tickets pour aller voir Blue Öyster Cult à la Villette. J’y suis allée avec mon guitariste Éric Lévy. C’était la fête backstage : Keith Richards, Jeff Beck étaient présents, le concert a été une révélation pour moi, très métallique, planant, sublime. Une longue table est dressée pour le dîner avec Keith et sa compagne, Jeff Beck, Albert Bouchard, Éric Blum, et nous, les Shakin’Street !! Les conversations sont légères, amusantes, agréables. Je buvais du petit lait. Je demande à un musicien dont j’ignorais le nom où se trouve Sandy Pearlman. Il s’agissait de Albert Bouchard, le batteur de Blue Öyster Cult. Il me dit « tu verras une casquette entre deux portes, ça sera lui ». Du coup, je cherche une casquette entre deux portes, et je le trouve tout timide entre deux portes. Je lui demande en bégayant que j’aimerais qu’il produise notre prochain album… Il me regarde, outré par ma spontanéité et mon audace. Il me répond « venez demain à mon hôtel m’apporter votre album, et je l’écouterai. » Éric et moi n’avons pas fermé l’œil de la nuit en attendant l’heure de notre rendez-vous, 14 heures. A 14h05 un nouveau chapitre commence pour le groupe, ma vie change en cinq minutes. Je me voyais déjà avec mes quatre musiciens dans un avion ✈️ vers l’Amérique. J’appris par la suite que Sandy était un grand amateur de cuisine française et qu’il était toujours fourré chez Fauchon. D’ailleurs, son hôtel était placé juste à côté. Shakin’Street était déjà un peu connu après le premier disque Vampire Rock. Nous faisions des concerts en province ou à Paris dans les clubs. Sandy nous appelle de New York et nous dit qu’il viendra pour nous entendre là où nous avons notre studio de répétition, à l’Université de Jussieu. Le père d’Eric Lévy, prof de Science à Jussieu, et nous a laissé nous installer et nous pouvions jouer très fort sans déranger personne.
« Notre guitariste avait vendu sa guitare à Lourdes pour un gramme de poudre blanche »
Et là, tu rencontres Ross the Boss des Dictators…
Nous avions perdu notre guitariste Armick Tigrane à Lourdes, ville Sainte. Nous ne l’avons plus retrouvé ! Il avait vendu sa guitare à Lourdes quelques minutes avant de monter sur scène pour un gramme de poudre blanche et on a fini par se faire tabasser par le patron qui nous a payé le train et l’hôtel. Nous n’avions pas le groupe en entier, puisque Armick n’avait plus de guitare. En rentrant à Paris on lui a annoncé son départ du groupe et je paniquais car il était un excellent guitariste et on arriverait jamais à retrouver le même son. Et Sandy arrivait dans quelques jours pour écouter les nouvelles chansons en « live ». Solid as a Rock sans Armick… oh No ! J’appelle Sandy à New York – My english is better than Eric’s. I tell him the story, et il me répond que ce n’est pas grave. Il avait un autre guitariste pour le remplacer et il viendra avec lui. Ross The Boss ! Il descend les escaliers avec son blouson de cuir et sa Gibson – ce fut une apparition. Nous commençons à jouer, ça sonnait comme je n’avais jamais entendu Shakin’Street . Sandy nous dit que nous devons rentrer en Studio pour faire une démo de deux titres, « Solid as a Rock » et « No Compromise ». Il contacte CBS à New York pour leur dire qu’il voudrait produire un groupe français qui chante en anglais. Le Président de Columbia lui demande d’envoyer les bandes à New York. Après quelques jours, le président de CBS demande à Sandy comment est physiquement le garçon qui chante « Solid As A Rock »… le garçon ?? Sandy lui répond que c’est une fille qui chante et qu’elle est en pleine forme. C’est comme ça que CBS New York nous signe et que Ross a fait de la magie dans ce petit groupe de français… Jean-Lou Kalinowski, notre jeune batteur de 17 ans que Louis Bertignac a trouvé dans une école de batteurs à Pigalle. Mike Winter à la basse, Éric Lévy à la guitare rythmique et Ross on the lead. L’aventure commence de Stadium en Stadium d’un avion à l’autre…
L’année suivante, le groupe se sépare entre Paris et San Francisco où je m’installais avec mon fils chez Damon Edge de Chrome. Ross The Boss se fait kidnapper par Joey un roadie de Blue Öyster Cult pour fonder un groupe, Manowar. Vous connaissez la suite. Le groupe est complètement séparé mais je continue de penser à nous reformer. En 2004 Jean-Lou Kalinowski m’appelle à Los Angeles pour me demander si j’étais d’accord de jouer à l’Olympia à un Festival très 80. Norbert Krief et Ross Friedman Mike à la basse, Jean-Lou à la batterie, nous nous retrouvons dans un studio de répétition ! Un événement, le retour de Shakin’Street, avec Norbert Krief de Trust et Ross The Boss de Manowar. Ensuite un album est enregistré et un autre album avec une maison de disque anglaise, Cherry Red, mais ce n’est plus la même chose, tout a changé. L’industrie de la musique n’a plus rien à voir.
« On chantait en anglais, ça ne plaisait pas à notre public français »
Quel a été ensuite l’accueil du public français ?
La nature de notre groupe ne nous a pas apporté le succès en France. Sauf ceux qui aimaient le heavy rock et qui sont restés fidèles jusqu’à aujourd’hui ! J’ai pu m’en apercevoir durant notre dernière tournée. Ça a été un immense plaisir de réapparaître et être appréciée avec mon groupe. Je chantais en anglais au début. Ça ne plaisait pas à notre public français. Maintenant c’est différent, les gens parlent davantage anglais, nos fans chantent avec moi les refrains. Il faut dire que c’est pas bien difficile… « I Want to Box You » ou « Solid as a Rock ». No Compromise. Au début j’étais triste de ne pas passer en radio autant qu’un groupe de langue française ! On était français pourtant !
Formation actuelle de Shakin’Street (de gauche à droite): Ross Friedman, Fabienne Shine, J.P Thunderbolt Paterson, Dean Rispler, Freddie Katz (pas sur la photo)
Que penses-tu de la place du rock en France ?
Le Rock n’Roll n’est pas pris au sérieux en France. On a du mal a trouver des salles pour jouer, donc pas de concerts ! D’ailleurs durant notre tournée 2019, on a pratiquement joué que dans des clubs cultes « spécialisés » si on peut dire. Là où les fous de rock se montrent régulièrement. J’ai vraiment beaucoup apprécié, et j’étais très fière de passer dans des endroits très connus dans le monde entier où sont passés les groupes les plus notoires. Les rockers français savent ce qui est bon, mais les radios françaises ne suivent pas, elles préfèrent la langue française. Ce qui est dur surtout, c’est de ne pas pouvoir vivre de sa musique comme aux USA. Être musicien de rock ici est un travail comme un autre, il y a même un Syndicat des musiciens ! The Union ! En France les musiciens sont excellents, c’est un fait connu. Ils sont très recherchés ici, aux States. Madonna le disait, elle a joué souvent avec des musiciens français. Lady Gaga aussi !
Une dernière question, Fabienne. Tu as joué avec les plus grands guitaristes, de Louis Bertignac à Ross The Boss en passant par Nono de Trust. Avec quels guitaristes prends-tu le plus de plaisir à jouer ?
Pour répondre à ta question, je les aime tous et j’éprouve un plaisir différent avec chacun d’eux. Ce sont de grands musiciens. Jimmy Page qui m’a donné mes premiers feelings lorsqu’il m’accompagnait à la guitare acoustique à mes débuts, Éric Lévy et Louis Bertignac, Norbert Krief et Ross the Boss, ce sont des êtres avec une sensibilité différente pour chaque chanson.
Interview : Frédéric Quennec / Nicolas Quennec
Frédéric avec Dean RisplerAu festival de Mont-de-Marsan (1976)
Eric Davidson est plus connu comme l’hilarant et énergisant frontman des superbes New bomb Turks, probablement le meilleur groupe venu de Columbus, Ohio, fief de Death of Samantha et de Rocket From the Tombs entre autres. En 2010, Eric Davidson écrivit We Never Learn: The Gunk Punk Undergut, 1988-2001, un livre de chroniques et d’interviews sur le mouvement punk underground entre 1988 et 2001, comprenant notamment Billy Childish, Jay Reatard et les Hives. Eric Davidson fête aujourd’hui son anniversaire, l’occasion de faire un point sur ses nouvelles activités et de se remémorer les bons moments de sa vie Rock’n’rollesque. Retrouvée dans nos archives, parue initialement en 2012, cette interview de Eric Davidson vaut le détour !
Thee Savage Beat : Peux-tu te présenter ? Nous parler de tes groupes, de tes formations, de tes activités (Ecrivain freelance, Editeur) ?
Eric Davidson : Très bien !!!! Je m’appelle Eric Davidson. J’ai été expulsé de ma maman à Parma (Ohio, USA), j’ai appris à marcher, bouffé pas mal, je suis allé dans plusieurs écoles, j’ai commencé à écrire sur la musique dans le magazine Scene de Cleveland vers 1989, et finalement j’ai bougé à Colombus (Ohio), où j’ai rencontré les gars qui allaient former les New Bomb Turks. On a sorti 10 albums qui valent le détour sur des labels comme Crypt, Gearead et Epitaph, ENORMEMENT de tournées à travers cette putain de planète, et environ 13 années plus tard on a « officiellement » splitté le jour de l’an 2002 lors d’un show à Cleveland avec les Bassholes et Dirtbombs. J’ai continué à écrire pour différents petits magazines et ça a continué comme ça… Puis j’ai déménagé à Brooklyn (New York) en 2004. Au sein des New Bomb Turks on a toujours convenu que tant qu’on peut proposer un show sympa, on se réunirait pour des concerts qui en valent la peine, comme un festival européen, ou bien une fête d’anniversaire, etc. On a fini par faire entre 2 et 4 dates par an, mais maintenant on va faire une pause. Depuis que je suis à Brooklyn, j’ai continué un peu à écrire pour Village Voice et pour des sites internet (Agit Reader, Get Bent, et d’autres). En 2010, j’ai sorti mon premier livre, We Never Learn: The Gunk Punk Undergut, 1988-2001.
L’an dernier, des potes et moi avons créé Livids, et on a bien l’intention de prendre du bon temps et jouer dans les environs de NY la plupart du temps. On a enregistré des titres la semaine dernière, mais qui sait… On s’est bien éclaté jusqu’à maintenant ! Je bosse aussi sur des enregistrements en solo histoire de prendre mon pied.
Quels groupes as-tu rencontré pour écrire ton bouquin ? Quel est la particularité de la scène garage des 90s, du son de ces années-là ?
Eh bien, un des trucs cool avec ce bouquin, c’est que j’ai repris contact avec des groupes et des musiciens que j’avais perdu de vue il y a longtemps. Un des principes de mon bouquin, c’est que je faisais partie de cette « scène » et de ce que j’essayais de dépeindre, et donc je connaissais assez bien la plupart des groupes. Une fois que j’ai décidé de faire le bouquin, il fallait que je sois en quelque sorte gonflé pour lister des groupes et des labels qui selon moi correspondent au putain de truc que j’essayais de définir, comme le « son » de ces groupes ou des trucs comme ça. Tu peux lire le livre pour voir le truc global (ha ha), mais plus simplement, j’ai essayé d’expliquer qu’il y a beaucoup de groupes « punk » qui ont commencé dans la toute fin des 80s qui ne correspondent pas vraiment au « punk » de la fin 80s – rapide, crâne rasé, trop politisé, du hardcore merdique. Ces groupes dont je parle dans mon bouquin étaient aussi vraiment sauvages, primitifs, avec un son de Rock’n’roll oublié des 50s et des 60s, super bizarre, un peu du punk de la fin 70s « oublié », par exemple ceux des compils Killed By Death.
Eric Davidson avec Billy Childish
L’interview dont tu es le plus fier (pour ton bouquin) ?
J’ai été très heureux d’avoir eu la chance d’interviewer Lux Interior (des Cramps) en 2004, c’était sympa, c’est l’un de mes groupes préférés, et bien sûr j’ai été triste quand il nous a quittés. Cet interview pourrait réapparaitre dans un petit bouquin que je vais peut-être sortir, avec des trucs qu’on a pas retenu pour la version finale du bouquin We Never Learn. Sinon, pour mon bouquin, c’était sympa de discuter avec Billy Childish pendant plus de trois heures. Mais je suis content et j’apprécie tous les groupes qui ont accepté de se faire interviewer.
D’où te vient ton énergie sur scène avec les New Bomb Turks ou Livids ?
Beaucoup de café, le souvenir d’anciennes petites amies, la colère de voir des groupes merdiques rester sur scène comme si ils attendaient que la météo change, et des tonnes de café.
Quel est le meilleur et le pire groupe avec qui tu as partagé l’affiche d’une tournée ?
Les new Bomb Turks ont joué avec tellement de grands groupes excellents… Ceux qui me viennent à l’esprit ce sont Gaunt, Devil Dogs, Teengenerate, Showcase Showdown, Hellacopters, Sons of Hercules, Quadrajets, Red Aunts, et No Talents. En décembre dernier (2011), les New Bomb Turks ont participé à un show génial à Austin, Texas, avec OBN IIIs, High Tension Wires, et Gran Champeen – Je pense que c’était le meilleur festival qu’on ait fait depuis qu’on s’est « officiellement » séparés. On a pris notre pied, c’était une super salle (Red 7), des super groupes, je pense qu’on a assuré, un public dément, c’était juste génial ! Et on a vu Mudhoney faire un super show la veille au nouveau Emo’s, et aussi Tav Falco la plus tard dans la soirée au vieux Emo’s !! Il y a aussi eu le Sjock Festival en 2010 en Belgique avec Gories et Oblivians, une tuerie, et puis le Gonerfest avec Guitar Wolf et tant d’autres la même année…
Des anecdotes de tournée ? A quoi ressemble la vie quotidienne ?
Mon dieu, j’en ai tellement, avec les NBT et tous les groupes de mon bouquin. Voyons voyons.. Il y a eu cette fois-là à Oslo quand les Hellacopters nous ont invités à participer à un show en première partie de Kiss dans une salle de taille moyenne. Kiss avait l’habitude de jouer dans des plus grandes salles et quand Paul Stanley volait sur un câble au-dessus du public, on pouvait presque lever le bras et l’attraper tandis qu’il passait au-dessus ! Ils craignaient, et on voyait que la batterie était en playback quand Peter Criss tapait à côté. Ha !!! Et plus tard ce soir-là, on a donné un concert surprise avec The Hellacopters dans un petit bar, c’était génial ! Et puis aussi encore plus tard, une magnifique blonde a sorti un rasoir et m’a demandé si je voulais la scarifier.
Pour ce qui est de la vie quotidienne, on passe beaucoup de temps à rester assis dans le van. Et je raconte souvent que je suis allé 5 fois à Paris avant de voir la tour Eiffel de jour.
Quel groupe ou artiste t’a inspiré le désir de jouer de la musique ?
J’ai tellement de noms en tête, mais quand j’étais gamin, c’était les Rolling Stones. Le premier album que j’ai acheté avec mon argent c’était un skeud de Rodney Dangerfield, et il m’a pas mal inspiré aussi…
Quel est le premier 7″ que tu ais acheté ?
Mon dieu, je ne m’en souviens pas. Le premier album que j’ai acheté, c’était une compil rockabilly à deux balles, que j’ai toujours ! Peut-être que le premier 7″ c’était “You are the Sunshine of My Life” de Stevie Wonder, je devais avoir 6 ans. Le premier que j’ai acheté avec mon argent c’était sans doute le premier single de Death of Samantha.
Premier concert que tu as vu ?
Un groupe canadien pourri, les Boys Brigade, de la new wave, en première partie des Romantics, qui n’étaient pas mal, c’était au Cleveland Music-Hall. Le concert suivant, c’était le dernier line up des Clash sur la tournée « Cut the Crap ». C’était un bon concert, même si dans cette version des Clash il n’y avait plus que Joe Strummer et Paul Simonon comme membres fondateurs du groupe. Ils jouaient vraiment bien, très inspirés.
CD ou Vinyle ?
Je m’en moque un peu, mais évidemment je prends le vinyle s’ il est disponible. Quand on en a plein comme moi, pour les deux c’est un bordel pour le rangement.
Stones ou Beatles ?
Rolling Stones, à fond !
Ramones ou Clash ?
Les Ramones, sans aucun doute, même si les Clash ne sont pas loin !
Cramps ou Stooges ?
Là aussi c’est serré, mais sans hésitation, je dirais les Stooges. De toute façon, leurs musiques sont tellement différentes, c’est pas facile de les comparer.
Dwarves ou The Monsters?
Je ne connais pas les Monsters, donc je répondrais The Dwarves. Je pense que les Dwarves sont un des plus grands groupes qui ait existé, une énorme influence pour les New Bomb Turks.
De quel(s) groupe(s) te sens-tu proche ?
Je ne suis pas sûr de comprendre la question. Mais on était potes avec les Gaunt à Columbus, avec qui on a « grandi ». Ils étaient toujours excellents en live, on adorait trainer avec eux, j’adore leurs disques, et on passait des super moments avec eux !!!
Drogue favorite ?
Le café.
Dernière question : Quels sont tes projets ?
Je pense que j’ai répondu dans la première question. J’ai aussi un tout petit rôle dans un tout petit film dont je suis aussi « Superviseur musical ». Je viens de décrocher un boulot dans un petit restaurant. Et j’espère peut-être bosser sur un autre livre, mais c’est beaucoup de boulot pour zéro rémunération, alors je vais voir.
Interview : Frédéric Quennec / Traduction: Nicolas Quennec
Initialement publié dans le fanzine Loboto’s #21 (2012).
Marc Jonson a longtemps été un artiste maudit, malgré ses talents de songwriter qui lui ont apporté une certaine reconnaissance, ses titres étant repris entre autres par Suzanne Vega et The Smithereens. Au début de sa carrière, au sein des Wild Alligators, il a cotoyé des musiciens qui allaient devenir des acteurs majeurs du mouvement punk, Wayne Kramer, futur MC5, et Richard Lloyd qui formera Television. Restent ses deux principales œuvres aujourd’hui rééditées avec soin par Munster, son album psyche-folk-baroque “Years”, oublié pendant des décennies et “12 in a room”, un album de power-pop de référence.
Thee Savage Beat :Vous étiez récemment en Espagne pour une tournée avec Richard Lloyd et Ramirez Exposure, comment cela s’est-il passé ?
Marc Jonson : Le public espagnol est super. Il est raffiné, reconnaissant, enthousiaste et très ouvert sur le plan émotionnel. Je trouve toujours ça stimulant de tourner là-bas. Je connais Richard Lloyd de la scène musicale new yorkaise de la fin des années 70. On a mixé ensemble mon disque « 12 in a room » au studio Shelter Island de Steve Addabbo. Victor Ramirez avait enregistré ma chanson “Suddenly Sunshine” avec Ken Stringfellow (The Posies) à la production. Pour la tournée 2018 on a demandé à Richard Lloyd de nous rejoindre. Une bonne décision.
Votre album « Years » est ressorti récemment sur Munster, pouvez-vous nous parler de l’histoire de cet album ?
Les disques qui ont inspiré « Years », c’était “Astral Weeks” de Van Morrison, et “Forever Changes” de Love avec Arthur Lee. D’autres disques m’ont influencé, sans aucun doute, peut-être “Tumbleweed Connection” de Elton John. Et puis “Nights in White Satin” des Moody Blues, et les premiers disques de Leonard Cohen. Vous mélangez tout ça et vous avez les graines de « Years ». A partir du moment où j’ai eu l’accord pour produire mon tout premier disque, il a fallu que j’accumule le maximum de connaissances sur le studio. Ça a pris un peu de temps avant que ça démarre. J’avais l’habitude d’utiliser les instruments d’un orchestre classique laissés là après une session d’enregistrement, la veille de notre propre session. Je faisais les arrangements. Je m’étais rendu à New York et j’avais obtenu un contrat tout seul. Je ne devais rien à personne, mais dans le même temps, j’étais en rade, sans expérience du business. Pour moi, c’est à cause de ça que l’album, ainsi que mes débuts précipités, ont été un échec. Il a fallu tout ce temps jusqu’à aujourd’hui pour que « Years » refasse surface et connaisse un certain succès. Je pense que la sortie de « Years » par Real Gone Music en 2017 et aujourd’hui en vinyle par Munster Records, ça a complètement réveillé l’intérêt qu’on lui porte. Il a de super critiques et se vend bien. J’étais en Espagne pour en faire la promotion, en quelque sorte j’accompagnais sa renaissance !
Qu’avez-vous fait après la sortie de l’album « Years » ?
Je traînais dans le Village un an après la sortie de « Years » et j’ai trouvé un appartement. Je continuais à écrire des chansons et d’autres artistes ont commencé à les enregistrer. D’abord Robert Gordon a enregistré trois titres (Are You Gonna’ Be the One, Take Me Back et Lover Boy), puis The Roches a réenregistré Love Radiates Around. Paul Butterfield a enregistré Bad Love. The Smithereens ont enregistré Groovy Tuesday, une collaboration avec leur leader Pat Dinizio et leur compositeur et chanteur Steve Forbert. Beaucoup d’autres encore ont enregistré mes chansons. J’avais pas une bonne perception de ce qu’était une carrière réussie. Je pensais qu’il y aurait toujours un nouveau contrat en vue, et à chaque fois, je me mettais à picoler. J’arrivais pas à rester concentré sur le business. Mes Wild Alligators jouaient tout le temps, mais l’excès de boisson nous empêchait d’aller de l’avant. Il fallait que j’arrête ce mode de vie. J’ai suivi un programme pour m’en sortir, et ça fait maintenant 30 ans que je suis sobre, et j’ai l’impression d’être le jeune homme de 21 ans qui a fait « Years ».
Les Wild Alligators, avec vos camarades Wayne Kramer, Richard Lloyd et Mike Masaros, s’étaient autoproclamés « the world most popular Foursome » – Avez-vous des anecdotes sur ce supergroupe ?
Mon groupe new yorkais The Wild Alligators a commencé à attirer l’attention sur lui, grâce entre autres à une animatrice de la radio WBAI, Lynn Samuels. Un soir elle est tombée par hasard sur un de nos concerts. Elle a parlé de nous tous les soirs à la radio. Du jour au lendemain, il y avait quatre fois plus de fans à nos concerts. Un soir je me suis promené dans le club avant notre show et il y avait des fans avec des alligators sur des broches ou des t-shirts. Lors d’un concert au club Heat, il y avait trois têtes d’affiches au programme, dont Richard Lloyd et Gang War (avec Wayne Kramer et Johnny Thunders). Ce même soir, les Clash avaient leur concert au Carnegie Hall et voulaient faire la fête ensuite avec Wayne et Johnny. Après notre concert, les Clash se sont pointés avec Ian Dury pour une beuverie. Wayne Kramer a été le seul à venir me voir pour me féliciter pour mon concert. Ce jour-là on est devenu amis, et c’est toujours le cas aujourd’hui.
Gay intruders
Pouvez-vous nous parler de vos tout-débuts au sein des Gay intruders ?
On formait un trio avec Roger Mason et Billy Servideo qui jouaient de la guitare. J’étais au chant et à la batterie, pendant que les deux guitaristes reprenaient des chansons des Beatles et des Stones. On a repris le nom de l’équipe de basket du camp de Roger auquel on a tous participé cet été-là. On pensait que ça faisait référence aux “Gay Nineties”. Quand on a découvert ce que “Gay” signifiait, on s’est dit, et alors, ça sonne bien de toutes façons, et on l’a gardé. On a enregistré un single, “In the Race”. Il va sans doute sortir bientôt sur Munster Records.
Parmi vos songwriters favoris, quelles rencontres vous ont marqué ?
J’ai fait la connaissance de Paul Simon par l’entremise de Maggie et Terre Roche (The Roches). Et puis elles m’ont aussi beaucoup influencé. Une nuit, Je me suis retrouvé nez à nez avec Bob Dylan à Folk city alors qu’il titubait, avec une fille à chaque bras. Plus tard, j’ai signé avec sa maison d’édition Four Aces, pour le business, par rapport à mes chansons pour Robert Gordon pour l’album “Are you gonna be the One” sur RCA. Willie Nile et moi étions en relation avec la boite de Bob à cette époque-là. J’ai rencontré Justin Hayward des Moody Blues qui jouaient au Boston Garden un soir. Je suis arrivé tôt pour les balances, je suis allé backstage et je me suis retrouvé à aider leur tourneur pour leur acheter des bières et des sodas. Je devais avoir vingt ans à l’époque mais cela m’a impressionné. J’ai rencontré Ringo il y a quelques années et je lui ai donné un poème qui parlait de Brian Epstein. Avant les Beatles, Brian a un jour fait pivoter les mannequins du magasin familial pour qu’ils soient tournés face à face, et non vers la rue. Les gens étaient interloqués. Plus tard, même sens du spectacle pour les Beatles, il les habillait, les faisait saluer à la fin de leurs concerts. Le poème abordait tout ça, et je l’ai donné à Ringo.
Votre bio nous apprend que vous avez joué au CBGB, une bonne expérience ?
J’ai joué une fois au CB’s, sans ma guitare, simplement comme chanteur, comme je le faisais avec les Gay Intruders. C’était pas terrible. J’avais besoin d’un tambourin ou de quelque chose dans les mains à secouer, ça m’a manqué. J’aimais la scène punk-art. C’était beaucoup plus sauvage que la scène folk du West Village. Au final, les deux scènes se sont mélangées et des gens des deux côtés se sont mis à travailler sur des projets communs. Lenny Kaye du Patti Smith’s band s’est retrouvé à produire le premier album de Suzanne Vega. Je n’appartenais pas vraiment à ces scènes. J’étais dans l’œil du cyclone, comme aime à le dire le célèbre critique rock David Dalton. En effet, à cette période, pas mal de gens sont passés par mon appartement pour enregistrer ou simplement pour traîner. Ce n’était pas très grand, mais il y avait de bonnes ondes !
Parmi les nombreuses reprises de vos chansons (Smithereens, Suzanne Vega, Dave Edmunds, Robert Gordon, The Roches, Richard Barone…), desquelles êtes-vous les plus fier et pourquoi ?
Je ne pense pas vraiment comme ça. Tous les gens qui ont enregistré mes chansons ont fourni un effort intéressant à mes yeux. Peut-être que la version de Robert Gordon de ma chanson « Take Me Back » était inattendue mais j’aime son arrangement. J’aime la version de « Love Radiates Around » des Roches. C’est sur leur album Another World. Il a été nominé aux BMI/New York Music award dans la catégorie Meilleure chanson.
En 1988 vous avez gagné le New york Music award dans la catégorie du « meilleur songwriter », quel souvenir en gardez-vous ?
Le truc dingue, c’est que c’est Ben E. King qui m’a remis le prix, le même qui a enregistré en 1961 ma chanson préférée de tous les temps, Spanish Harlem. Je lui ai dit ça, il a juste souri et il a dit “Voilà !”. J’étais très reconnaissant d’être honoré de cette façon.
Frédéric Quennec / Traduction: Nicolas Quennec
Version longue de l’interview parue dans Abus dangereux #150 (Mai/Juin 2019)
Marc Jonson “Years” – LP/CD (Munster Rds)
Marc Jonson “12 in a room” – LP/CD (Munster Rds)
Marc Jonson / Compañía de Sueños Ilimitada- My girlfriend doesn’t like the Ramones – 7” (Munster Rds)
Iggy pop et les Stooges avec trois albums parfaits et cultes, évoquent pour moi la quintessence du rock. J’ai eu la chance de profiter des hymnes adolescents que sont No fun, I wanna be your dog, Raw power et Search and Destroy à de multiples reprises en direct live lors de prestations mémorables que ce soit au Bol d’or ou au Casino de Paris. Cette musique, je l’écoute depuis mon adolescence. Que de souvenirs avec Iggy Pop ! Ce concert en solo à Rennes en 1993 où j’ai attrapé ses boots lors d’un stage diving (plongeon depuis la scène), sa rencontre après le concert qui m’a valu une dédicace. L’idée m’est venue l’autre soir lorsque j’étais sur facebook de réaliser une interview de James Williamson, guitariste légendaire de l’album Raw Power, sorti l’année de ma naissance 1973 et produit par David Bowie. Après lui avoir expliqué le but de mon interview, et son cadre, très confidentiel, à ma grande surprise il me renvoya le lendemain matin, les réponses des questions envoyées et traduites ci-dessous…
James, qu’est-ce qui t’a incité à jouer de la guitare ? C’est probablement lorsque j’ai vu Elvis Presley à la télé avec toutes ces filles qui criaient et pleuraient en le voyant, je me suis dit : il me faut une guitare !
Quelle était ta relation avec Iggy Pop au début des Stooges ? La rencontre avec lui … J’ai rencontré Iggy lors d’un petit concert que mon groupe original The Chosen Few a donné à Ann Arbor (Detroit-USA). Je n’étais plus dans ce groupe, mais je suis venu au concert quand même, Iggy était là et était ami avec Ron Asheton qui était le nouveau bassiste. Alors je suppose que nous étions tous des musiciens locaux qui étaient destinés à se connaitre.
Quels artistes aimais-tu à cette époque ? A ce moment-là, j’aimais Bob Dylan, The Stones, The Kinks, Them, puis un peu plus tard The Who, Jimmy Hendrix, je les apprécie encore aujourd’hui.
Penses-tu que tu as joué un rôle salvateur pour Iggy Pop sur les albums Kill city et New values ? (albums post-Raw power et post Stooges) J’ai certainement réussi à maintenir les Stooges en vie dans des moments très difficiles pour le groupe lors de la tournée après Raw Power lorsque CBS n’a pas repris notre option de renouvellement de contrat pour un autre album. Ensuite bien sûr, Kill City nous a donné une nouvelle chance de faire un disque, mais ce n’était pas dans les plans à ce moment-là. Mais plus tard, il a été publié sur Bomp. En ce qui concerne New Values, je dirais juste que c’était bon pour nous deux de faire ce projet et je suis très fier de ce qu’il en est sorti.
Quelle est ton album préféré des Stooges? Ton album préféré d’Iggy pop en solo ? Je devrais dire Raw Power puisque Kill City (qui est en fait mon préféré), n’a pas été enregistré avec le groupe complet des Stooges. Je suis également satisfait de Re-Licked qui contient des chansons que nous aurions enregistrées si nous n’avions pas abandonné CBS, bien que cet album ne ce soit jamais fait avec les Stooges.
Quels sont tes meilleurs souvenirs de la France ? Ou en Angleterre, lorsque vous étiez en train d’enregistrer Raw Power des Stooges (10 Septembre–6 Octobre 1972) ? Eh bien, j’adore la France et j’y suis allé plusieurs fois sur les plus récentes tournées Stooges. Et je dirais que notre concert à Paris avec l’album Raw Power joué dans son intégralité en était probablement le point culminant. Mais je n’ai jamais été en France pendant les journées d’enregistrement de Raw Power. J’ai vraiment apprécié Londres alors que c’était tout nouveau pour moi et je n’étais jamais sorti des États-Unis à ce moment-là.
avec Deniz Tek (à gauche)
Quels sont tes projets maintenant ? Enfin, depuis que les Stooges se sont dissous en 2014, je me suis occupé de l’enregistrement de certains titres anciens (Re-Licked) et de nouveaux morceaux avec des chanteurs différents (Lisa Kekaula de The Bellrays, Petra Haden, MAIA, Carolyn Wonderland) et aussi un EP avec Deniz Tek (Radio Birdman ) appelé Acoustic KO qui vient juste de sortir. J’ai de nouvelles compositions sur lesquelles je travaille maintenant, j’espère sortir cela en 2018.
Interview : Frédéric Quennec/ Traduction : Nicolas Quennec
Initialement publié dans Tohu-Bohu en 2017
Les Stooges (de gauche à droite : James Williamson, Iggy Pop, Scott Ashetone, Ron Asheton)